RD Congo : Les ONG craignent pour la sécurité des civils

Publié: 6th février 2009

L’émissaire de l’ONU devrait insister pour que la protection des civils soit une priorité absolue lors de toute opération militaire

(Goma, le 6 février 2009) - Une coalition de 100 organisations humanitaires et des droits humains a appelé aujourd’hui le Sous-secrétaire général de l’ONU aux affaires humanitaires, John Holmes, à insister pour que la protection des civils soit une priorité absolue  lors de l’opération militaire commune congolaise et rwandaise dans l’est de la République démocratique du Congo. Holmes devrait arriver à Goma, la capitale du Nord Kivu, le 7 février 2009.Dans une lettre ouverte adressée à Holmes, la Congo Advocacy Coalition a exprimé son inquiétude du fait que l’opération militaire conjointe a jusqu’ici contribué à ce que des milliers de personnes fuient leurs foyers devant les menaces de violences, venant s’ajouter aux 1,2 million de personnes déjà déplacées au cours de précédentes vagues de combat. La coalition a aussi formulé ses préoccupations quant aux meurtres en représailles et à l’utilisation de civils comme boucliers humains par les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), de même que suite aux informations faisant état de viols et de pillages commis par toutes les parties.« Les civils congolais sont toujours pris pour cible quand il y a des opérations militaires et leurs craintes d’être tués, violés ou pillés sont très réelles », a déclaré Juliette Prodhan d’Oxfam. « Les forces congolaises et rwandaises et les forces de maintien de la paix de l’ONU devraient faire tout leur possible pour garantir que les civils sont protégés durant les opérations conjointes et qu’ils ne sont pas encore une fois pris pour cible. »Le 20 janvier 2009, les gouvernements congolais et rwandais ont déclenché une opération militaire conjointe contre les FDLR, un groupe armé basé dans l’est du Congo, dont certains dirigeants sont recherchés pour génocide.  Bien qu’il n’y ait eu que quelques escarmouches jusqu’ici, on s’attend généralement à ce que les combats s’intensifient et s’étendent dans les prochains jours et les prochaines semaines.La coalition a mis en garde contre une répétition des brutalités inimaginables subies par les civils congolais dans le territoire du Haut-Uele dans le nord-est du Congo après le déclenchement d’une opération militaire conjointe ougandaise et congolaise pour désarmer l’Armée de résistance du seigneur (LRA), un groupe rebelle ougandais basé au Congo. Plus de 700 personnes ont été massacrées par la LRA en moins d’un mois. Des mesures de protection minimes avaient été mises en place pour protéger les personnes en danger et pour arrêter les massacres.La mission de maintien de la paix de l’ONU au Congo, la MONUC, dispose d’un mandat fort de protection des civils, mais elle a été laissée en dehors de l’organisation militaire dans les deux opérations conjointes dans les Kivus et le territoire du Haut-Uele. De plus, elle attend toujours les 3000 renforts autorisés il y a près de trois mois. Dans sa lettre, la Congo Advocacy Coalition a exhorté Holmes à insister pour que la mission de maintien de la paix joue un rôle central pour la protection et l’assistance aux civils dans l’organisation de toutes les opérations militaires et pour que la mission reçoive les ressources nécessaires, selon le mandat du Conseil de sécurité de l’ONU, afin de protéger efficacement les civils et de garantir l’accès humanitaire.La coalition a aussi appelé Holmes à exhorter les parties à renouer le processus politique nécessaire pour traiter les problèmes sous-jacents qui nourrissent le conflit du Congo, tels que l’exploitation des richesses minières, le manque de justice et le manque de représentation des minorités.« Tous les groupes armés doivent déposer les armes »,  a insisté Kubuya Muhangi, le président de CRONGD-Nord Kivu. « Les gens dans l’est du Congo veulent désespérément rentrer chez eux et pouvoir y rester sans craindre de devoir prendre la fuite à nouveau. »

Les civils congolais sont toujours pris pour cible quand il y a des opérations militaires et leurs craintes d’être tués, violés ou pillés sont très réelles.
Juliette Prodhan
Directrice d’Oxfam en RD. Congo

Notes aux rédactions

La Congo Advocacy Coalition, constituée d’organisations non gouvernementales locales et internationales, a été créée en juillet 2008 pour plaider pour une plus grande protection des civils et le respect des droits humains dans l’est du Congo.

Les membres du comité d’organisation de la coalition sont:

ActionAid, ENOUGH Project, Human Rights Watch, International Rescue Committee (IRC), Mercy Corps, Norwegian Refugee Council (NRC), Oxfam, Conseil Régional des Organisations Non Gouvernementales de Développement (CRONGD) - Nord Kivu, Promotion et Appui aux Initiatives Féminines (PAIF) – Nord Kivu, Institut Congolais pour la Justice et la Paix (ICJP) – Sud Kivu, et Association des Femmes Juristes du Congo (AFEJUCO) – Sud Kivu.

Autres signataires :

ONG internationales :

Action Against Hunger/ Action Contre la Faim (ACF) – USA, American Bar Association (ABA) Rule of Law Initiative in DRC, Beati i costruttori di pace/ Blessed are the Peacemakers, CAFOD, CARE International, Centre Lokole/ Search for Common Ground, Global Witness, International Emergency and Development Aid (IEDA) Relief, Jesuit Refugee Service (JRS) Great Lakes, Refugees International, Tearfund, Trocaire, War Child Holland

ONG congolaises :

ACAEFAD, Action by Christians Against Torture (ACAT)/Sud Kivu, ACPS, Action des Chrétiens Activistes des Droits de l'Homme à Shabunda (ACADHOSHA), ADECOF/Sud Kivu, AFCD, AFCDI, AFECEF, AJERF, Africa Justice Peace and Development (AJPD), ALCM, AMALDEFEA, AMI-KIVU, ANAMEDAPED, APIBA, APRODEPED, ASADHO (Association africaine de défense des droits de l'homme) - Sud Kivu, ASALAK, Action Sociale pour la Paix et le Développement (ASPD), Association pour le Développement des Initiatives Paysannes (ASSODIP), AYINET/DRC, BDENA, Blessed Aid, CADRE, Collectif des Associations des Femmes Pour le Développement (CAFED), Campagne Pour la Paix (CPP), CCJT, CEDAC, CELPA/SK, Centre d’Appui pour le Développement Rural Communautaire (CADERCO), Centre de Recherche sur l'Environnement, la Démocratie et les Droits de l'Homme (CREDDHO), Centre de promotion socio-sanitaire (CEPROSSAN), Centre d'Etudes et de Recherche en Education de Base pour le Développement Intégré (CEREBA), Coalition RDC pour la Cour Pénale Internationale (CPI), Collectif des Organisations des Jeunes Solidaires du Congo (COJESKI)/Sud Kivu, Collectif des Organisations des Jeunes Solidaires du Congo (COJESKI)/ Nord Kivu, COPARE, CUBAKA, DYJESKI, EFD, Encadrement des femmes indigènes et des ménages vulnérables (EFIM), Entraide des Femmes pour les Déshérités (EFD) - Uvira Sud -Kivu, Foyer Social de Mogo (FSM/Kabare), GAIDER, GAMAC, GRAM-Kivu, Groupe d'Etudes et d'Actions Pour un Développement Bien Défini (GEAD) /Nord-Kivu, Groupe de Voix des Sans Voix (GVSV), Groupe Féminine, HEAL Africa, Héritiers de la Justice, Humanitas, IGE/CCD, La Synergie des femmes pour les victimes des violences sexuelles (SFVS), Mamans Umoja, Martin Luther King Non-Violence Group, OCET, PAL, PAMI, Perspectives « Monde Juste », PIDP-Kivu, PRENAO, PRODES, Promotion de la Démocratie et Protection des Droits Humains (PDH), RADHOSKI-Sud Kivu, Réseau Provincial des ONG de Droits de l'Homme (REPRODHOC)/Nord-Kivu, RFDP, SAMS, SARCAF, SILDE, SJPR/EST, Solidarité pour la Promotion Sociale et la Paix (SOPROP), SYNECAT, UCODE, UPADERI, VOVOLIB (Voix des Sans Voix ni Liberté)