Les engagements non tenus des pays riches privent les pauvres de 18 milliards de dollars

Publié: 7th avril 2011

Les chiffres de l’Aide publique au développement en baisse annoncés le 6 avril privent les pays pauvres d’une aide vitale de 18 milliards de dollars, alors que 64 millions de personnes de plus ont été poussées dans la pauvreté par la crise financière, alerte Oxfam.

Les chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) montrent un déficit de 18 milliards de dollars sur les 50 milliards d’aide promis pour 2010 par les pays membres du G8, lors du sommet de Gleaneagles, en 2005. Le G8 avait promis que la moitié de cette somme, soit 25 milliards de dollars, serait dépensée en Afrique. Il est scandaleux d’observer aujourd’hui que seulement 11 milliards ont effectivement été versés.

Bien que les chiffres de l’aide publique au développement aient légèrement augmenté par rapport à ceux de l’année dernière (le montant total de l’aide publique au développement dépensée est passé de 119,7 milliards à 128,7 milliards), les répercussions de la crise économique actuelle ne se feront pas sentir avant l’année prochaine. Pour sept pays, le pourcentage de l’aide par rapport aux revenus a en réalité diminué. 

Max Lawson d’Oxfam déclare : "Bien que beaucoup de pays riches souffrent des conséquences de la crise économique, les pays les plus pauvres sont frappés bien plus durement. Réduire l’aide publique au développement signifie priver les populations pauvres d’eau potable, de médicaments vitaux et de nourriture".

"C’est de la petite monnaie pour le monde riche mais une bouée de sauvetage pour des millions de personnes. Les plus pauvres ne doivent pas payer pour la crise causée par des banquiers fortunés. 2010 était censée être une année de fête, la promesse du G8 à Gleneagles de faire en sorte 'que la pauvreté appartienne au passé' arrivant à échéance. A la place, les pays riches ont à peine augmenté l’aide publique au développement et prévoient des coupes budgétaires importantes dans les prochaines années."

Oxfam estime que les 18 milliards de dollars auraient pu permettre :

  • Que tous les enfants du monde aillent à l’école. Actuellement, 72 millions d’enfants dans les pays pauvres ne vont pas à l’école primaire.
  • De financer les salaires de près de 800 000 sages-femmes en Afrique subsaharienne où les taux de mortalité maternelle sont les plus élevés au monde.
  • De financer des moustiquaires pour un million de personnes afin de les protéger du paludisme, ce qui correspond à peu près au nombre de personnes qui meurent chaque année de cette maladie.

Il y a 41 ans, les pays riches ont promis de consacrer 0,7% de leur Revenu national brut (RNB) à l’aide publique au développement. Aujourd’hui seuls cinq pays le font. Pour les pays les plus riches, dépenser 0,7 % de leur RNB en aide publique au développement ne représente qu’une toute petite partie de l’ensemble de leur budget. Les 18 milliards de dollars manquants correspondent aux dépenses militaires faites en quatre jours au niveau mondial. L’Italie, le pays du G8 le plus à la traîne par rapport à ses promesses d’aide publique au développement, a seulement contribué à hauteur de 0,15% de son RNB (2,1 milliards d’euros) alors que l’année dernière le gouvernement italien a dépensé 4 milliards d’euros en voitures et en chauffeurs pour des employés des ministères et autres services gouvernementaux.

Les pays d’Europe de l’Ouest se sont engagés dans le cadre de l’Union européenne à dépenser 0,7% de leur RNB en aide publique au développement d’ici 2015. Cinq ans avant cette échéance, beaucoup de pays, notamment l’Italie et l’Allemagne, sont loin derrière. Le Royaume-Uni et la Belgique sont les deux seuls pays ayant un plan pour atteindre les 0,7% avant 2015. Ils rejoindront alors le groupe des gouvernements qui dépensent plus de 0,7%, soit le Danemark, la Suède, les Pays-Bas, la Norvège et le Luxembourg qui jouent le rôle de chefs de file en respectant leurs engagements.

M. Lawson déclare : "Les chefs de gouvernements qui n’ont pas tenus leurs promesses doivent se retrouver lors du sommet européen en juin (ou du G8 pour les pays non européens) et expliquer la façon dont ils vont s’y prendre pour se remettre sur le droit chemin".

"L’avenir des populations les plus pauvres dans le monde semble sombre. Elles ne doivent pas payer de leurs vies les promesses non tenues des pays riches. Le niveau de l’aide internationale doit augmenter rapidement plutôt que de stagner ou d’être considérablement réduit."

L’avenir des populations les plus pauvres dans le monde semble sombre. Elles ne doivent pas payer de leurs vies les promesses non tenues des pays riches.

Notes aux rédactions

Le déficit par rapport aux promesses s’élève en réalité à 19 milliards de dollars mais a été revu à la baisse pour tenir compte de la récession économique.

Cela coûterait 16 milliards de dollars chaque année pour faire en sorte que tous les enfants des pays pauvres puissent être scolarisés d’ici 2015. Le salaire annuel moyen d’un-e infirmièr-e ou d’une sage-femme en Afrique sub saharienne est de 2 500 dollars. Le coût moyen d’une moustiquaire est de 3,60 dollars.

Selon, l’Institut international de recherches sur la paix de Stockholm, les dépenses militaires mondiales en 2009 sont estimées à 1 531 milliards de dollars.

Le gouvernement italien a dépensé un milliard d’euros avec son programme "auto blu", destiné à fournir des voitures à des employés des ministères et services gouvernementaux, en 2010. Deux milliards d’euros de plus ont été dépensés en chauffeurs et membres du personnel liés au fonctionnement de ces véhicules. Un milliard d’euro a été dépensé en voitures pour les services spéciaux et pour la vigilance urbaine. Le gouvernement italien a dépensé au total 4 milliards d’euros en 2010 en voitures et frais inhérents.

Chart of net official development assistance in 2010.

Contact

Pour plus d’informations, merci de contacter :

  • Sarah Dransfield, chargée Média (Oxfam GB) : +44 (0) 1865 472269 / +44 (0)7767 085636 / sdransfield@oxfam.org.uk
  • Magali Rubino, chargée Média (Oxfam France) : +33 (0)6 30 46 66 04 / mrubino@oxfamfrance.org