Première diminution de l'aide publique au développement en quatorze ans

Publié: 4th avril 2012

La baisse de l'aide au développement coûtera des vies : la tendance doit impérativement être inversée

« Des centaines de milliers de pauvres devront se passer de médicaments indispensables et bien plus encore d'enfants ne pourront plus aller à l'école à la suite de cette première diminution de l'aide publique au développement depuis 1997 », a mis en garde Oxfam aujourd'hui.

L'organisation internationale a réagi à la publication des chiffres de l'OCDE, qui montrent que l'aide publique au développement (APD) totale s'établit en 2011 à 133 milliards de dollars, soit une diminution de 3,4 milliards. En pourcentage du PIB, l'aide au développement est passée de 0,32 à 0,31 % du PIB en 2011. Les pays riches s'éloignent encore davantage de leur promesse de consacrer 0,7 % de leur revenus nationaux à l'APD.

Les plus importantes diminutions sont intervenues en Grèce et en Espagne, mais l'Autriche et la Belgique ne sont pas en reste. Ces chiffres sont par ailleurs encore en dessous de la réalité. En effet, l'Espagne et le Canada ont déjà annoncé qu'ils poursuivront leurs économies et les Pays-Bas discutent actuellement d'autres réductions, alors que ce pays dépassait auparavant l'objectif de 0,7 %.

Des engagements non respectés

L'analyse d'Oxfam montre que, si la tendance actuelle se poursuit, la communauté des donateurs dans son ensemble mettra encore cinquante ans à atteindre l'objectif des 0,7 %.

La Norvège, le Danemark et le Luxembourg continuent d'atteindre leur engagement de dépenser 0,7 % du produit intérieur brut à l'aide publique au développement, tandis que le Royaume-Uni maintient son objectif d'y parvenir pour 2013. L’Allemagne, l'Australie et la Suède ont quant à elles augmenté leurs budgets d'aide.

Selon Oxfam, la capacité de certains Etats à atteindre leurs engagements et à augmenter le niveau de leur aide démontre que les diminutions décidées dans l'APD sont la conséquence de choix politiques et non d'impératifs économiques. Les pays riches doivent rapidement renverser la tendance et tenir leurs promesses vis-à-vis des plus pauvres.

Jeremy Hobbs, directeur exécutif d'Oxfam International : « Ces réductions sont un scandale. Les pays riches se servent de la crise économique comme excuse pour ne pas venir en aide aux plus pauvres, à un moment où ils en ont particulièrement besoin. »

« Réduire les dépenses en matière d'aide au développement n'est pas une façon d'équilibrer les budgets. Même les réductions les plus minimes coûtent des vies en empêchant l'accès à l'eau potable ou à des médicaments vitaux. L'aide au développement constitue une part tellement infime des budgets que ces réductions n'auront qu'un impact minime sur les déficits – c'est comme si vous vous coupiez les cheveux pour perdre du poids ! »

« Des pays comme l'Espagne, les Pays-Bas et le Canada, qui pratiquent des coupes sombres dans leur budget d'aide au développement, doivent prendre en compte les coûts humains et immédiatement revoir leurs décisions. »

« Pour éviter de futures diminutions de l'aide, il est nécessaire que des pays riches comme l'Italie, le Japon et les États-Unis, qui n'y consacrent pour l'heure qu'une portion infime de leurs revenus, s'investissent davantage pour venir en aide aux populations les plus pauvres. »

Une aide vitale

Selon les estimations, 1 000 euros (1 330 dollars) permettent de sauver la vie d'un enfant. Oxfam a calculé que les 3,4 milliards de dollars manquants permettraient de financer une année complète de traitement pour la moitié des enfants contaminés par le VIH/Sida.

L'APD est également cruciale pour le développement des infrastructures, pour pouvoir disposer d'une main d’œuvre qualifiée et en bonne santé, et pour permettre de soutenir l'entrepreneuriat, indispensable au développement économique.

Le montant total de l'aide au développement, 133 milliards de dollars, est en outre ridiculement bas par rapport aux 1 000 milliards de dollars de dépenses militaires annuelles, et représente à peine un tiers des 400 milliards de dollars dépensés annuellement dans le monde pour des produits cosmétiques.

L'incapacité des gouvernements à tenir leurs engagements envers les pays les plus pauvres contraste fortement avec leur capacité à trouver 18 000 milliards de dollars pour sauver les banques lors de la crise de 2008.

La Banque mondiale a déclaré que des dizaines de millions de personnes ont sombré dans la pauvreté extrême suite à la crise économique.

Des nouveaux moyens de financement

Oxfam appelle de ses vœux l'instauration d'une taxe sur les transactions financières (TTF) pour venir en aide aux populations les plus pauvres touchées par la crise économique. La Commission européenne à récemment proposé une TTF européenne qui pourrait générer annuellement jusqu'à 57 milliards d'euros.

« Les gouvernements ont démontré leur capacité à trouver d'importantes sommes d'argent pour sauver les banques mais à quelques exceptions près – le Danemark, la Norvège et le Royaume-Uni – la plupart d'entre-eux ne parviennent pas à dégager des montants infiniment moins importants pour venir en aide aux populations les plus pauvres », a encore déclaré Jeremy Hobbs.

« Les pays riches doivent tenir leurs promesses et faire payer le secteur financier pour réparer les dommages qu'il a provoqué dans les pays pauvres. L'introduction d'une TTF est une solution réaliste pour dégager des revenus additionnels plus que nécessaires. »

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Vidéo : Une aide juste et efficace

Réduire les dépenses en matière d'aide au développement n'est pas une façon d'équilibrer les budgets. Même les réductions les plus minimes coûtent des vies en empêchant l'accès à l'eau potable ou à des médicaments vitaux.
Jeremy Hobbs
Directeur exécutif d'Oxfam International

Notes aux rédactions

L'analyse d'Oxfam concernant l'évolution de l'aide au développement entre 1998 et 2011 démontre que, si le rythme actuel est maintenu, il faudra attendre 2062 avant que les pays donateurs atteignent ensemble l'objectif de 0,7 % du produit intérieur brut (PIB).

Bien que le montant de l'aide rapporté par l'OCDE ait baissé en 2007, cette baisse était due à des réductions de dettes exceptionnelles accordées au Nigeria et l'Irak. Cette diminution est donc la première réelle diminution depuis 1997.

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