La sécheresse met des vies en péril dans la Corne de l’Afrique dans l’indifférence générale

Publié: 24th juillet 2019

Plus de 15 millions de personnes ont besoin d’aide alors que la sécheresse frappe à nouveau certaines zones de l’Éthiopie, du Kenya et de la Somalie. Le monde persiste pourtant à ignorer les leçons qui ont été tirées suite aux terribles épisodes de sécheresse de 2011 et 2017, mettant des millions de vie en danger, comme le dénonce Oxfam aujourd’hui.

L’ONG internationale appelle les gouvernements à soutenir le financement de l’aide. En effet, étant donné que seul un tiers des besoins sont actuellement couverts, il est difficile d’aider toutes les personnes qui sont dans le besoin et d’éviter une crise humanitaire encore plus grave.

En raison du manque de précipitations, les récoltes ont été perdues et, avec elles, les moyens de subsistance et de résilience de la population. En conséquence, ces trois pays recensent actuellement 7,6 millions de personnes qui souffrent gravement de la faim. La situation est aggravée par le fait que des millions de personnes ont été contraintes d’abandonner leur foyer dans la région suite aux conflits et aux effets de la sécheresse.

Les enseignements tirés de la famine de 2011, qui a fait plus de 260 000 morts, ont permis d’éviter une autre famine en 2017 : un rapide apport de fonds à grande échelle a permis une intervention humanitaire efficace.

Des millions de personnes ne se sont pas encore complètement remises de la sécheresse de 2017, qui les a rendues encore plus vulnérables aux répercussions de ce nouvel épisode de sécheresse. Toutefois, au même stade il y a deux ans, l’intervention humanitaire avait déjà été financée à 75 %.

Comme l’affirme Lydia Zigomo, directrice régionale d’Oxfam pour la Corne de l’Afrique :

« L’une des leçons que nous avons tirées de nos échecs collectifs suite à la famine de 2011 est qu’il est indispensable d’agir rapidement et sans hésitation pour sauver des vies. Mais les engagements internationaux pris pour qu’un tel drame ne se reproduise plus sont en train de faiblir. Une fois encore, ce sont les plus pauvres et les plus vulnérables qui souffrent le plus. »

« Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre que les images d’enfants faméliques et d’animaux morts viennent inonder nos écrans de télévision. C’est maintenant qu’il faut agir pour éviter la catastrophe. »

Ce manque de réaction à l’international contraste avec l’intervention active des gouvernements des trois pays touchés : le gouvernement kenyan a pris des mesures pour lutter contre la sécheresse avec des fonds internationaux restreints ; l’Éthiopie finance près de la moitié de toutes les activités humanitaires entreprises sur son territoire ; la Somalie a nettement amélioré les conditions de sécurité et l’accès des équipes d’aide humanitaire. Mais ces pays doivent tous trois redoubler d’efforts et, en l’absence d’un soutien international plus prononcé, ils ne seront pas en mesure d’éviter une catastrophe à grande échelle.

Halima Adan, directrice adjointe de Save Somali Women and Children, organisation partenaire d’Oxfam, déclare : 

« Nous sommes confronté-e-s à cette crise au quotidien. Nous nous efforçons de rassembler les moindres ressources disponibles pour agir du mieux que nous pouvons. Ainsi, nous acheminons un maximum de fonds directement aux équipes humanitaires locales. Intégrées dans les communautés, elles sont presque toujours les premières à intervenir en cas de crise. En l’absence de fonds suffisants et d’un soutien approprié, nous sommes impuissant-e-s. »

Jama, déplacé somalien depuis la dernière vague de sècheresse, craint une issue bien pire encore que la fois précédente : « Nous avons perdu tout notre bétail en 2017. Si on ne trouve pas de solutions et que la situation s’aggrave, tout le monde périra. J’ai peur que des personnes ne tiennent pas le coup. » 

Une crise climatique incontrôlable a fait de la sécheresse la norme dans la région, reflétant ainsi les inégalités mondiales où les communautés vulnérables, qui sont celles qui ont le moins contribué à provoquer la crise climatique, sont confrontées à ses impacts les plus dévastateurs. Les interventions humanitaires immédiates doivent aller de pair avec un véritable engagement à s'atteler aux causes systémiques de la crise.

Oxfam et ses partenaires aident actuellement des centaines de milliers de personnes en Éthiopie, au Kenya et en Somalie en leur fournissant de l'eau potable et une aide en espèces moyennant des procédures souples et rapides, ainsi qu'un soutien à long terme pour bâtir des communautés plus fortes et plus résilientes.

Notes aux rédactions

1. Le rapport complet est disponible ici : https://oxf.am/2Ya7qTk

2. Photos : https://wordsandpictures.oxfam.org.uk/?c=37883&k=8b48af58a9

3. Images vidéo montrant les zones touchées par la sécheresse au Somaliland:  https://oxfam.app.box.com/s/o8enf7i2ht0jmhb4ttwjdlq275v7hy60

4. 15,3 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire et 5,6 millions de personnes ont été déplacées. Les plans d’intervention humanitaire de l’Éthiopie et de la Somalie ne sont financés qu’à hauteur de 35,4 % au total. Le déficit de financement s’élevait à 1,5 milliard de dollars US en décembre 2019. 

5. Nombre de personnes dans le besoin dans les trois pays de la Corne de l’Afrique en raison de la sécheresse de 2019 :

6. Oxfam fournit de l’eau potable à la population au moyen de camions-citernes et de puits dotés de pompes alimentées par l’énergie solaire. Elle installe en outre des latrines pour améliorer les conditions d’assainissement et d’hygiène. Par ailleurs, elle offre une aide financière aux familles touchées pour qu’elles puissent acheter de la nourriture et d’autres articles de première nécessité. En Somalie, nous utilisons des usines de dessalement pour réduire la teneur en sel de l’eau et la rendre apte à la consommation humaine et animale. En ce qui concerne les communautés pastorales, nous leur fournissons des réserves de fourrage d’urgence et des vaccins pour leur bétail.

Contact

Pour toute question en rapport avec les médias, veuillez contacter :

(Nairobi) Faith Kasina, conseillère médias régionale  |  faith.kasina@oxfam.org  |  +254 (0) 736 666 663
 
(Hargeisa) Dustin Barter, responsable régional plaidoyer face à la sécheresse  |  dustin.barter@oxfam.org  |  +252 636707643

Pour des informations de dernière minute, suivez-nous : @Oxfam.

Read more about Oxfam's life saving work in the Horn of Africa.