Oxfam prévient de l’imminence d’une crise humanitaire dans le camp de réfugiés somaliens

Publié: 27th mars 2009

Des centaines de milliers de réfugiés somaliens seront les victimes d’une crise humanitaire cette année, à moins que des mesures d’urgence ne soient prises pour gérer la crise de santé publique qui sévit dans le camp de réfugiés de Dadaab dans la région nord du Kenya, a prévenu aujourd’hui l’agence internationale d’Oxfam dans un nouveau rapport.Selon Oxfam, le gouvernement kenyan, les pays donateurs, et les agences humanitaires doivent tous agir sans tarder pour résoudre la crise.Dadaab a l’une des plus importantes populations de réfugiés dans le monde, estimée actuellement à plus de 250 000 personnes, soit trois fois plus que la capacité prévue du camp. D’ici la fin de l’année, on prévoit que près de 100 000 personnes arriveront au camp, alors que les Somaliens continuent de fuir la violence qui sévit dans leur pays et de chercher refuge au Kenya.Le nouvel examen effectué par Oxfam sur la situation humanitaire au camp a révélé une grave crise de santé publique en raison du manque d’installations sanitaires de base, d’une surpopulation et d’une pénurie chronique de financements. Plus de 20 cas de choléra ont été confirmés. Le Kenya a récemment fermé ses frontières avec la Somalie, mais les réfugiés continuent d’arriver chaque jour et le rapport souligne que la fermeture des frontières a actuellement exacerbé la crise.Philippa Crosland-Taylor, directrice d’Oxfam au Kenya, a déclaré : « Les conditions à Dadaab sont très graves et exigent une attention immédiate. Les réfugiés ne reçoivent pas l’aide à laquelle ils ont le droit. La moitié des personnes qui vivent au camp n’ont pas accès à des ressources suffisantes en eau. Les femmes et les enfants, qui comptent pour plus de la moitié de la population de Dadaab, n’ont que très rarement accès à des latrines adéquates. »Le rapport d’Oxfam (English, pdf, 43kb) recommande que :

  • Le gouvernement du Kenya ouvre à nouveau ses frontières avec la Somalie et fournisse des terres additionnelles à proximité du camp de Dadaab pour la construction d’un nouveau site, et afin de soulager la surpopulation actuelle ;
  • Que les organismes donateurs internationaux répondent de toute urgence aux demandes de financement supplémentaire du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés afin de régler la crise ;
  • Que les Nations Unies et les organismes d’entraide garantissent que les efforts récents accrus en vue de régler la crise soient durables et que les collectivités kenyanes locales situées à proximité de Dadaab ne soient pas négligées.

La décision du gouvernement kenyan concernant la fermeture des frontières n’a pas empêché l’arrivée de réfugiés, mais a au contraire aggravé les conditions de vie de ces derniers et celles de leurs voisins kenyans en plus de contribuer à l’accroissement des risques de santé publique dans le camp. Les centres d’accueil situés aux frontières et dirigés par le Haut-commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés ont servi à effectuer des contrôles sanitaires pour les nouveaux réfugiés. Toutefois, en conséquence de la fermeture des frontières, ces centres ont aussi fermé leurs portes, ce qui signifie que les nouveaux arrivants ne font plus l’objet de contrôles sanitaires avant d’entrer au camp. Dans de telles conditions de surpopulation, un seul cas de choléra peut rapidement devenir épidémique.Mme Crosland-Taylor a déclaré : « À moins que les conflits qui existent en Somalie ne se règlent par une paix durable, de nombreuses personnes continueront à fuir le pays. Le gouvernement kenyan doit réagir face à cette crise humanitaire au lieu de l’ignorer. Des frontières ouvertes et bien gérées permettraient au Kenya de remédier à ses préoccupations légitimes en matière de sécurité, et, aux réfugiés de recevoir l’aide à laquelle ils ont le droit en vertu des lois internationales. »La situation à Dadaab a accru les tensions entre les réfugiés somaliens et la population kenyane locale, particulièrement en ce qui concerne le droit d’accès aux terres et aux ressources comme l’eau et les arbres.Mme Crosland-Taylor a déclaré : « Dadaab est situé dans une région très pauvre et les besoins des communautés locales ne doivent pas être oubliés. Des fonds supplémentaires sont nécessaires pour que les organismes d’entraide puissent venir en aide à la population locale et aux réfugiés. Les ressources naturelles limitées de la région doivent être partagées par tous et des projets sont nécessaires pour que ces ressources soient gérées de manière équitable et durable. »

Les conditions à Dadaab sont très graves et exigent une attention immédiate. Les réfugiés ne reçoivent pas l’aide à laquelle ils ont le droit.
Philippa Crosland-Taylor
Directrice d’Oxfam au Kenya

Notes aux rédactions

Oxfam a pris en charge cet examen en tant que principal organisme mondial pour les situations d’urgence liées à l’eau et aux installations sanitaires. À la suite de cet examen, Oxfam a offert d’aider à mettre en place de nouveaux réseaux d’alimentation en eau et de nouvelles installations sanitaires dans un site à proximité de Dadaab, à condition que des terres supplémentaires et des fonds soient alloués comme le recommande l’organisme.

Depuis le début de 2008, Oxfam a investi plus de 4,5 millions d’euros dans des activités de secours destinées aux personnes déplacées en raison du conflit et vivant dans des conditions précaires dans toute la Somalie. Grâce à un réseau de partenaires somaliens locaux, nous avons pu mener nos activités en Somalie, touchant plus de 350 000 personnes.

Oxfam vise à apporter des changements durables en traitant des politiques et pratiques à de nombreux niveaux. Oxfam s’est activement engagé à exercer des pressions politiques et à mener des activités de promotion et de défense des droits portant sur un large éventail de questions liées à la crise en Somalie.

Lisez le rapport: Addressing the Humanitarian Crisis on the Kenya/Somalia Border, March 2009 (English, pdf, 43kb)