Conflit somalien : des camps peu aptes à accueillir des êtres humains, une réponse humanitaire inadéquate.

Publié: 3rd septembre 2009

L’échec total de la communauté internationale à efficacement gérer la crise en Somalie et à faciliter la conclusion des hostilités est à l’origine d’une spirale de souffrances humaines et d’exode en direction des pays voisins, avertit l’organisation internationale Oxfam. Des centaines de milliers de somaliens qui ont fui la violence de ces dernières semaines sont désormais enfermés dans des camps horriblement surpeuplés ou mal gérés, au Kenya, en Ethiopie et en Somalie.
Suite à cette réponse inefficace, les conditions sanitaires déplorables et le manque d’accès aux services de base, tels que l’eau et les médicaments,  ont entrainé une situation sanitaire publique catastrophique à laquelle il est nécessaire de répondre urgemment.
« Les somaliens fuient l’un des conflits les plus violents du monde ainsi qu’une terrible sécheresse et atterrissent dans des camps à peine en mesure d’héberger des êtres humains, et où les conditions de vie sont abominables. Des centaines de milliers d’enfants sont affectés par cette situation et le monde est en train d’abandonner cette future génération de somaliens au moment où elle a le plus besoin de notre aide. Pourquoi ce monde vous fait-il sentir moins important lorsque vous êtes somalien ?» questionne Robbert Van den Berg, porte-parole d’Oxfam International pour la Corne de l’Afrique.
Le conflit somalien a récemment connu une escalade vertigineuse et le pays est victime de sa pire sécheresse depuis dix ans. L’échec de la communauté internationale à résoudre de manière efficace le problème que constituent ces camps surpeuplés et insalubres est honteux face à l’ampleur des souffrances et besoins humains.
Au Nord du Kenya, environ 8 000 réfugiés somaliens arrivent chaque mois au camp de Dabaab. Alors qu’il devait en accueillir le tiers, ce camp accueille aujourd’hui 280 000 personnes. De ce terrible surpeuplement résulte un accès limité des nombreuses familles aux latrines ou à l’eau potable. Dans les pires zones du camp, on compte plus de 20 familles pour une seule latrine. Van Den Berg ajoute : « Le gouvernement kenyan a promis à maintes reprises qu’il allait fournir plus de terres pour alléger le surpeuplement, mais ne s’est pour le moment toujours pas exécuté. Il est nécessaire que la communauté internationale exerce une plus forte pression »
Le camp de Bokolmayo, en Ethiopie, héberge près de 10 000 personnes et près de 1 000 personnes continuent d’arriver chaque mois. L’infrastructure et les services actuels sont néanmoins insuffisants pour pouvoir accueillir les nouveaux arrivants et l’opération souffre encore d’importants problèmes de financement. La réaction de l’agence de l’ONU pour les réfugiés a été faible et inefficace au regard de la crise actuelle. Oxfam a invité l’agence à exercer un leadership plus énergique pour permettre aux somaliens d’obtenir une assistance appropriée et à ainsi soutenir les pays d’accueil pour qu’ils puissent faire face à la crise humanitaire de manière efficace.
En Somalie, bon nombre des personnes qui ont fui Mogadiscio ont trouvé refuge dans la région voisine d’Afgooye. Avec environ 485 000 personnes réfugiées sur une bande de terre longue de 15 kilomètres, cette région possède désormais la plus forte densité de personnes déplacées du monde. L’insécurité est telle que les organisations internationales ont du mal à délivrer suffisamment d’aide pour satisfaire les besoins des réfugiés. Les Somaliens sont eux-mêmes aux premières loges et fournissent de l’aide par l’intermédiaire de leurs organisations locales, mais ils ont besoin d’un soutien plus important de la part des donateurs, car le manque d’argent se fait cruellement sentir et ils ne sont pas en mesure d’accomplir les tâches leur permettant de sauver des vies humaines.
« Dans ces trois endroits, Afgooye, Dabaab et Bokolmayo, les services fournis aux personnes vulnérables et désespérées sont nettement inférieurs aux normes internationales. Bien que les ONG doivent redoubler d’efforts, les donateurs se doivent de fournir le financement nécessaire pour faire face à cette situation d’urgence. Il s’agit là d’une tragédie humaine aux proportions inimaginables ayant ôté depuis bien longtemps un foyer et le sens des normalités à un nombre incalculable de personnes, » explique Van den Berg.
« Au bout du compte, les problèmes rencontrés dans tous ces camps trouvent leur origine dans la constance du conflit, dans l’anarchie et dans la catastrophe humanitaire somalienne. La Somalie doit être une priorité pour nos gouvernements qui ne doivent pas se contenter de maintenir les fonctions vitales du pays. Nous avons besoin d’une approche différente et d’un engagement durable de la part des hauts responsables afin de mettre un terme à ces souffrances humaines scandaleuses qui perdurent depuis plus de 15 ans. »

Pourquoi ce monde vous fait-il sentir moins important lorsque vous êtes somalien ?
Robbert Van den Berg
Porte-parole d’Oxfam International, Corne de l’Afrique

Notes aux rédactions

Les travaux humanitaires d’Oxfam dans la région

Afgooye : Oxfam et ses partenaires fournissent de l’eau à au moins 200 000 personnes. Suite à la nouvelle vague de violence, Oxfam et ses partenaires fournissent également des abris et des moustiquaires aux familles qui sont venues se réfugier dans ce camp.

Bokolmayo
: Oxfam fournit de l’eau et des services d’hygiène à environ 9 000 personnes réfugiées dans le camp et se prépare à assister les nouveaux arrivants si un financement supplémentaire est confirmé.

Dadaab : Oxfam a réalisé des examens sanitaires dans le camp et a fourni un soutien technique aux organisations y travaillant. Oxfam a lancé un appel au gouvernement kenyan afin qu’il fournisse des terres supplémentaires et s’est engagée à accroître ses services sanitaires et d’hygiène si le gouvernement accède à sa demande.

Remarque : Il y a désormais 1,4 million de personnes déplacées en Somalie et plus d’un demi-million de réfugiés dans les pays voisins de la région, dont l’Ethiopie, le Kenya, le Yémen, l’Ouganda, l’Erythrée la Tanzanie et Djibouti.