10 millions de personnes menacées par la crise alimentaire en Afrique après des pluies insuffisantes

Publié: 17th mars 2010

Face aux signes alarmants, Oxfam demande une réponse urgente, rappelant les retards qui ont eu des coûts humains lors de la dernière grave crise alimentaire qui a frappé la région en 2005

L’agence Oxfam International affirme que près de dix millions de personnes de la région sahélienne sont menacées par une crise alimentaire aiguë. Le pays le plus affecté est le Niger où huit millions de personnes sont en danger. Au Tchad, environ deux millions de personnes sont menacées, et on estime que certaines régions du Mali seront également touchées par cette crise dans les mois à venir, tout comme plusieurs régions du Nigeria et du Burkina Faso.
L’agence appelle donc les pays développés à réagir le plus vite possible face aux premiers signes d’un désastre imminent, et rappelle les retards qui ont coûté des vies inutilement lors de la crise alimentaire de 2005 au Niger.
« Nous sommes témoins d’un désastre qui se déroule sous nos yeux, mais nous pouvons l’éviter, si le monde agit rapidement. Il y a cinq ans, les signaux alarmants en provenance du Niger avaient été ignorés, entraînant la perte de nombreuses vies humaines. La communauté internationale ne peut faire les mêmes erreurs, et laisser condamner de nombreux enfants à une mort prématurée », a déclaré Mamadou Biteye, le directeur régional d’Oxfam pour l’Afrique de l’Ouest.
Les pluies irrégulières de l’année dernière ont entraîné un manque d’eau et un déficit fourrager important, entraînant de mauvaises récoltes. Au Niger, les récoltes ont chuté de 26%, par rapport à l’année dernière et dans certaines régions, particulièrement à Diffa dans l’Est et à Tillabéry dans l’Ouest, les récoltes ont été quasi inexistantes. Au Tchad, les récoltes ont chuté de 34%. Les zones de Hadjer Lamis, Batha, et Kanem, ainsi que les régions de Guéra et de l’Est du Tchad devraient être sérieusement touchées, particulièrement à partir du mois d'avril prochain.  Au Sahel, les récoltes ont dans l’ensemble baissé de 9% avec de grandes disparités entre l’Est et l’Ouest de cette région.
Selon Oxfam, les prix des céréales sont élevés et en constante augmentation. Au Niger, les prix du mil ont augmenté de 25%, et ceux du sorgho de 50% en comparaison avec 2009. Les pluies ne sont pas attendues avant juin et on s’attend à une augmentation constante des prix jusqu'à la prochaine récolte en septembre.
Les éleveurs sont particulièrement vulnérables car ils dépendent de leur bétail pour leur alimentation et leur revenu. Selon Hassan Bakaun représentant d’AREN, une organisation partenaire d’Oxfam au Niger : « Sans fourrage suffisant, les éleveurs feront tout pour vendre leurs bétails, entraînant une baisse le prix des animaux. Cela signifie que pour chaque animal vendu sur le marché, les éleveurs auront moins de céréales pour nourrir leurs familles. »
Oxfam appelle les pays donateurs à  répondre à l’appel à l’aide internationale humanitaire lancé par le gouvernement du Niger. Même si les autorités locales ont des réserves alimentaires, elles ne sont pas suffisantes. Jusqu'à 123 millions de dollars sont nécessaires pour financer le plan d’urgence préparé par le Niger, et le Tchad et le Mali ont également besoin de soutien.
L’organisation internationale appelle les pays de la région à ne pas fermer leurs frontières. En 2005, la situation s'était aggravée lorsque les pays frontaliers avaient fermé leurs frontières avec le Niger. Cela avait limité la disponibilité des vivres, entraînant une plus forte inflation. Oxfam souligne la nécessité, d’une meilleure coordination entre les gouvernements, les agences des Nations Unies, les ONG internationales et locales pour assurer une distribution plus efficace de l’aide.
Oxfam, avec les organisations partenaires locales et nationales, a débuté des activités humanitaires dans les régions les plus vulnérables du Niger, plus particulièrement à Maradi, Tahoua, Tillabéry et Zinder. Ils distribuent des vivres et autres biens aux familles et aux élèves les plus démunis, et soutiennent les prix du bétail en achetant les animaux les plus faibles au-dessus du prix du marché.  Le système d’alerte rapide mis au point par les partenaires d’Oxfam au Niger et diffusé sur les radios rurales est particulièrement  important dans la crise actuelle. Cela fournit aux éleveurs les informations dont ils ont besoin pour agir rapidement.
Au Tchad, Oxfam aide les populations de la région Hajer Lamis et  de Sila ( Gozbeida, Koukou et Amdam)  ) en développant des projets d’appui à l’agriculture à la Protection et la gestion des récoltes ainsi que la santé animale. . L‘agence internationale enverra bientôt une équipe d’évaluation dans les régions affectées afin définir le types et la taille des actions de réponse à mener . Au Mali l’organisation distribuera des vivres et du fourrage à environ 100 000 personnes.
Oxfam est présent dans la région du Sahel depuis plusieurs décennies, et a développé des solutions durables pour répondre aux causes profondes des crises alimentaires en créant des banques de céréales et de fourrages. L’organisation encourage également  une diversification des sources de revenus, ainsi que  l’éducation et l’alphabétisation des populations.

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Nous sommes témoins d’un désastre qui se déroule sous nos yeux, mais nous pouvons l’éviter, si le monde agit rapidement
Mamadou Biteye
Directeur régional d’Oxfam pour l’Afrique de l’Ouest