Oxfam conteste les critiques irresponsables de l'aide et demande aux dirigeants du G8 de cesser de tergiverser dans la lutte contre la pauvreté

Publié: 26th avril 2010

Les Ministres du Développement du G8, réunis aujourd’hui au Canada, sous pression de se montrer à la hauteur

Les riches donateurs doivent redécouvrir comment l'aide bilatérale peut aider les pays pauvres à renforcer leur population et leur économie - un élément clé du monde nouveau et plus équilibré qui devrait émerger de la crise économique.
Dans un nouveau rapport capital, Oxfam conteste les critiques irresponsables et aberrantes qui s'opposent à toute forme d'assistance et met au défi les dirigeants du G8, qui se réuniront en juin au Canada, de cesser de tergiverser en marge de la pauvreté humaine.
Rien que pour cette année, les pays riches doivent 151 milliards de dollars aux pays pauvres - la différence entre leur promesse, faite il y a 40 ans, de consacrer 0,7 % de leur revenu national brut à l'aide et ce qu'ils ont véritablement donné en 2009.
« Pour les pays pauvres, ces milliards manquants sont le prix de la souffrance humaine, » affirme Jasmine Burnley, auteure du rapport, « l'expression en dollars d'un nombre toujours croissant de personnes tombant malade et mourant inutilement, passant à coté de leur éducation ou perdant la chance de participer à une économie productive. »
Le rapport d'Oxfam analyse pourquoi l'aide fonctionne quand elle est bien ciblée, comme au Mozambique où une aide de qualité à entraîné une augmentation de 50 % des dépenses en matière de santé, contribuant ainsi à réduire de 20 % la mortalité infantile en 10 ans. Oxfam affirme que l'aide doit être améliorée et réformée, et ne doit pas être assujettie aux intérêts géopolitiques ou conditionnels, ni gaspillée en utilisant des consultants aux honoraires élevés, ni fournie de manière inefficace.
Le rapport remet en question l'argument selon lequel les pays pauvres devraient refuser toute assistance et s'en remettre plus tôt aux investissements étrangers, aux emprunts publics et à l'imposition. Ces seules actions, bien qu'importantes, ne suffisent pas à répondre aux besoins essentiels et immédiats de nombreux pays pauvres en matière de développement.
« L'aide est vitale pour renforcer la capacité des pays pauvres à réduire la pauvreté, mobiliser les recettes nationales et promouvoir les investissements publics et privés à long terme, » ajoute Jasmine Burnley.
Ce rapport arrive après une série de gros titres au sujet de l'aide, ces deux dernières semaines :

« Ce genre de nouvelles indiquent qu'une nouvelle perspective politique émerge, qui réaffirme l'importance de l'aide. L'on entend parler du besoin de trouver de nouvelles sources de financement et de protéger les sources actuelles, » résume Jasmine Burnley. « Oxfam partage ce point de vue et demande que l'aide soit augmentée, mieux ciblée, rendue plus prévisible et gouvernée de manière plus responsable. »

33 millions d'enfants scolarisés

Toujours selon Jasmine Burnley, « l'aide ne fonctionne pas toujours et une bonne partie pourrait être mieux utilisée. Ce n'est toutefois pas une raison pour l'abandonner, mais plutôt pour l'améliorer. L'aide n'est pas la seule réponse à la pauvreté mais – lorsqu'elle est bien distribuée et dépensée – elle peut sauver ou améliorer la vie des populations. L'aide a contribué à de remarquables réussites, telles que l'augmentation de 33 millions du nombre d'enfants scolarisés au cours des dix dernières années, de même que la multiplication par dix du nombre de traitements ARV pour le VIH/sida depuis 2004. »
Le rapport affirme que l'année 2010 sera historique pour le G8, qui fera le bilan des engagements qu'il a pris vis-à-vis de l'aide il y a 5 ans à Gleneagles. « Le bilan du G8 survient au moment où les pays pauvres sont ravagés par la crise financière, » explique Jasmine Burnley. « En conséquence de la crise économique, les pays pauvres ont aujourd'hui besoin de 32 milliards de dollars supplémentaires pour couvrir leurs besoins de financement. Les pays riches ne pourraient trouver pire moment pour abandonner les pays pauvres - ou meilleur moment pour honorer leurs promesses. »

En conséquence de la crise économique, les pays pauvres ont aujourd'hui besoin de 32 milliards de dollars supplémentaires pour couvrir leurs besoins de financement
Jasmine Burnley
Auteure du rapport

Notes aux rédactions