D'énormes défis attendent le Soudan après son référendum historique

Publié: 7th janvier 2011

Oxfam déclare ce vendredi 7 janvier que le Sud-Soudan fera face à d’énormes défis et nécessitera, quel que soit le résultat du référendum qui se tiendra du 9 au 15 janvier 2011, un soutien à long terme de la part du reste du monde. Ce vote pourrait aboutir à la création du plus jeune pays au monde, qui pourrait aussi être l’un des moins développés et accueillir l’une des populations les plus pauvres du monde, rappelle l’organisation. 

Après des décennies de guerre, la reconstruction du Sud-Soudan part de zéro. Plus de la moitié de la population n’a pas accès à l’eau potable. Les trois quarts de sa population sont analphabètes, et les écoles, les hôpitaux et les routes se font rares. Oxfam indique que des conflits localisés sont à l’origine de souffrances à grande échelle, alors que 200 000 personnes ont été forcées de fuir de chez elles en 2010. L’ONG appelle les dirigeants mondiaux à ne pas oublier le Soudan après la fin du référendum. 

"La pauvreté chronique, l’absence de développement, et la menace de violences qui affectent quotidiennement les populations ne disparaîtront pas après le référendum. Quel que soit le résultat du vote, ces problèmes se posent à long terme et devront être traités pour ne pas ruiner les progrès accomplis ces dernières années", a déclaré Melinda Young, responsable d’Oxfam au Sud-Soudan.

Des dizaines de milliers de Soudanais originaires du Sud se sont installés dans le Nord du Soudan au cours des derniers mois, exerçant une pression significative sur les communautés qui manquent déjà d’eau et d’assainissement, de nourriture, et d’abris. Si l’accord de paix de 2005, qui a mis fin à des décennies d’un conflit violent, a apporté des bénéfices considérables au Sud, beaucoup de personnes sont frustrées face au manque de développement et de services de base. Les attentes sont encore plus élevées alors que le référendum est imminent et, si celles-ci ne sont pas satisfaites, les violences pourraient être exacerbées et les tensions alimentées, avertit Oxfam. 

"Avec une population jeune, des ressources abondantes et une terre fertile, le Sud-Soudan a le potentiel pour construire une nation prospère – mais uniquement s’il reçoit le soutien nécessaire. Suite à tant d’années de guerre et de souffrance, les sud Soudanais méritent de pouvoir accéder à l’eau potable et envoyer leurs enfants à l’école. Le monde a aujourd’hui besoin d’aide pour les aider à répondre à leurs espoirs et aspirations", déclare Melinda Young. 

Oxfam indique que l’engagement diplomatique sur le Soudan doit continuer après le référendum, certaines questions clés restant non résolues, comme l’avenir de la région disputée d’Abyei et les droits liés à la citoyenneté. Un grand nombre de préoccupations des populations doivent encore être prises en compte : le long de la frontière entre le Nord et le Sud, les tensions risquent d’augmenter entre les communautés pastorales migrantes à la recherche d'eau et de pâturages, et les communautés locales. Les minorités - comme les Soudanais originaires du Sud vivant dans les villes du Nord et les nord Soudanais vivant dans le Sud - ont besoin d'être assurées que leurs droits seront maintenus et leur sécurité garantie par les autorités du Nord et du Sud. 

Oxfam rappelle également que les civils ont besoin d’être protégés des violences, tant les affrontements autour des ressources telles que le bétail et les pâturages sont fréquents et aggravés par les séquelles de la guerre comme la forte prolifération des armes légères. L’ONG appelle les bailleurs internationaux et le gouvernement du Sud-Soudan à investir dans la construction d’une police, jusqu’à présent peu formée et mal équipée, et d’un système judiciaire à même de satisfaire les besoins des plus vulnérables.

Pauvreté chronique, absence de développement, menace de violences... Quel que soit le résultat du vote, ces problèmes devront être traités.
Melinda Young
Responsable d’Oxfam au Sud-Soudan

Notes aux rédactions

Des films de qualité professionnelle sont disponibles, montrant les besoins de développement dans le Sud, les nouveaux arrivants du Nord-Soudan et donnant la parole à des sud-Soudanais qui témoignent de leurs craintes et espoirs. 

Une note d’information, "Après le ‘grand jour’ du Soudan", est disponible.

Contact

Des porte-parole d'Oxfam au Soudan sont disponibles pour répondre aux questions des journalistes :

  • Alun McDonald (à Juba) : +254 73 666 6663, amcdonald@oxfam.org.uk