Les géants de l’agroalimentaire pressés par les investisseurs de renforcer la transparence

Publié: 16th septembre 2013

Un nouveau classement montre la lente amélioration des politiques socio-environnementales du secteur agroalimentaire

Aujourd’hui, 33 grands fonds d’investissement, gérant au total près de 1 400 milliards de dollars, appellent les géants de l’agroalimentaire à améliorer leurs politiques en matière d’approvisionnement et de transparence.

Dans un communiqué adressé aux dix premières entreprises mondiales du secteur agroalimentaire, ces investisseurs font part de leur soutien à l’initiative La face cachée des Marques d’Oxfam et exhortent les géants à en faire plus pour réduire les risques sociaux et environnementaux liés à leurs chaînes d’approvisionnement.

« Le manque de transparence dans le secteur ne permet pas d’évaluer pleinement les risques et les possibilités que comportent les chaînes d’approvisionnement pour les sociétés dans lesquelles nous investissons », déplore le communiqué rédigé avec le soutien de Calvert Investments et signé par des fonds d’investissement, dont F&C Asset Management, BNP Paribas Investment Partners et Aviva Investors. Ces fonds d’investissement ont promis de collaborer avec les sociétés de leurs portefeuilles à la réforme des politiques d’entreprise dans le secteur agroalimentaire. « Les données montrent qu’il est urgent d’apporter des améliorations sensibles dans l’ensemble du secteur. »

Diffusé six mois après le lancement de la fiche d’évaluation La face cachée des marques, qui classe les entreprises du secteur agroalimentaire selon leurs politiques socio-environnementales, le communiqué leur demande d’intensifier les efforts en matière de prévention de la faim et de la pauvreté et de protection de l’environnement. Aujourd’hui, Oxfam annonce une deuxième mise à jour de son classement, qui montre de petites améliorations des politiques. Les scores de quelques entreprises, dont Nestlé, Unilever, Coca-Cola, Danone et General Mills, ont légèrement augmenté, même si aucune n’obtient mieux que « assez bien ».

« Cette fiche d’évaluation est un instrument précieux pour identifier les sphères de risque dans les chaînes d’approvisionnement des entreprises et pour comparer leurs efforts respectifs d’atténuation de ces risques, explique Steve Waygood, directeur de l’investissement responsable chez Aviva Investors, une société britannique de gestion d’actifs. Nous trouvons les premières mesures engagées par certaines entreprises encourageantes, mais nous espérons voir davantage de concret et un plus grand engagement dans l’ensemble du secteur. »

Augmentation des scores depuis février

  • Unilever et Nestlé : 7 %
  • Coca-Cola : 5 %
  • Danone : 4 %
  • Mondelēz : 2 %
  • Mars et General Mills : 1 %
  • PepsiCo, Associated British Foods (ABF) et Kellogg’s : pas de changement

Principaux changements à l’origine de ces augmentations

  • Nestlé reconnaît désormais plus largement les droits fonciers des communautés locales. C’est aussi le premier des dix géants à appuyer sans réserve le principe du consentement préalable, libre et éclairé dans les directives établies à l’intention de ses fournisseurs de sucre, de soja et d’huile de palme, entres autres matières premières. Des exigences en la matière peuvent inciter les fournisseurs à respecter les droits des communautés locales dans le cadre d’acquisitions foncières à grande échelle et contribuer à prévenir les accaparements de terres.
  • Les « principes directeurs pour une agriculture durable » de Coca-Cola comportent désormais des dispositions imposant à ses fournisseurs de mieux gérer les questions de la pollution des eaux, de la biodiversité et des émissions de gaz à effet de serre, d’où une légère progression des scores de l’entreprise dans les domaines de l’eau, du foncier et du changement climatique.
  • Le score d’Unilever dans le domaine de l’égalité hommes-femmes s’est amélioré, passant de 3 à 4, suite à l’adhésion de l’entreprise aux Principes d’autonomisation des femmes énoncés par l’ONU et à son engagement de mener des évaluations d’impact dans les chaînes d’approvisionnement en matières premières où les femmes jouent un rôle important.
  • Associated British Foods, General Mills et Kellogg’s restent en queue de classement, ne présentant que de rares signes de progrès.

Une volonté plus forte

« Il est important de reconnaître les réels efforts consentis par certaines entreprises pour surmonter des difficultés majeures dans leur gestion. Mais pour apporter des solutions durables aux communautés locales, il faudra une volonté et une ambition nettement plus fortes, prévient Judy Beals, directrice de la campagne La face cachée des marques d’Oxfam. Des entreprises s’élancent dans la course à l’excellence tandis que d’autres s’approchent à peine de la ligne de départ. Plus que jamais, les consommateurs et les investisseurs doivent exiger des entreprises qu’elles s’attachent plus résolument à réduire les retombées du secteur en termes de faim et de pauvreté. »

« De plus en plus, les investisseurs récompensent les entreprises qui relèvent les défis du développement durable dans leurs chaînes d’approvisionnement mondiales, assure Bennett Freeman, vice-président Recherche et politiques Développement durable chez Calvert Investments. Les entreprises devraient constamment progresser sur la fiche d’évaluation, si elles veulent mieux gérer les risques et les possibilités, notamment dans les marchés émergents et pionniers. »

La mise à jour de la fiche d’évaluation survient deux semaines avant qu’Oxfam ne publie un travail de recherche approfondie sur les accaparements de terres liés aux chaînes d’approvisionnement en sucre des géants de l’agroalimentaire. Ce sera la deuxième action majeure depuis le lancement de la campagne La face cachée des marques d’Oxfam. La première, qui portait sur les droits des femmes, a abouti à de nouveaux engagements, de la part de Mars, Mondelēz et Nestlé, de renforcer leurs politiques en la matière, afin de corriger les inégalités dans leurs chaînes d’approvisionnement en cacao.

Les consommateurs et les investisseurs doivent exiger des entreprises qu’elles s’attachent plus résolument à réduire les retombées du secteur en termes de faim et de pauvreté.
Judy Beals
Oxfam

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