Les réfugiés du conflit malien

Répondre à l’aggravation de la crise

Alors que le conflit s'intensifie au Mali, les opérations destinées à venir en aide aux 145 000 réfugiés installés dans des camps de zones isolées et pauvres du Sahel risquent d'être dépassées si la manière dont elles sont conduites ne change pas de façon significative.

Depuis janvier 2012, près de 375 000 Maliens ont fui le conflit qui sévit au nord du pays. 145 000 personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants, se sont réfugiées dans les pays voisins, principalement au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger.

Ces États voisins et les organisations humanitaires ont apporté aux réfugiés une assistance vitale dans des conditions difficiles, mais ils peinent à répondre à tous les besoins essentiels. Dans les camps de réfugiés au Niger, jusqu’à 21% des enfants souffrent de malnutrition. Beaucoup de ces personnes, y compris  celles interrogées par Oxfam,  avaient déjà dû fuir le Mali à plusieurs reprises  lors des crises qui ont secoué le  pays  ces vingt dernières années. Il n’est donc pas surprenant que ces personnes indiquent qu’elles ne retourneront pas au Mali avant qu’une paix réelle et durable règne dans leur pays.

Dans cette note d'information, nous analysons les manquements dans la réponse humanitaire à cette crise ainsi que les mesures à prendre pour faire en sorte de mieux répondre aux besoins des réfugiés et des commmunautés qui les accueillent. Nous appelons également toutes les forces militaires et les groupes armés en présence à prendre toutes les mesures possibles pour éviter de faire souffrir davantage des populations civiles déjà en situation de détresse. Enfin, l'auteure de ce rapport souligne que la crise qui touche le Mali ne peut être résolue que par une approche globale qui va au-delà du seul objectif de lutte contre le terrorisme et tente de s'attaquer aux causes profondes à l'origine de cette situation.

Principales recommandations

  • Les pays d'accueil, avec le soutien des agences des Nations unies et des bailleurs de fonds, doivent maintenir les frontières ouvertes, garantir un accès sûr et respecter les droits des réfugiés, y compris en cas d'afflux majeur ;
  • Toutes les forces militaires et les groupes armés opérant au Mali doivent prendre toutes les mesures nécessaires  pour éviter d’infliger des  dommages à une population civile déjà en détresse, conformément à la résolution 2085 du Conseil de sécurité des Nations unies ; les groupes armés doivent se garder de commettre toute violation des droits humains ; 
  • Les gouvernements des pays d'accueil, les agences des Nations unies, les ONG et les bailleurs de fonds doivent renforcer la réponse humanitaire en cours et se préparer à un probable afflux de réfugiés, en mettant l'accès sur l'alimentation, l'éducation et la protection ;
  • Le gouvernement malien, les gouvernements des Etats africains et occidentaux ainsi que les organisations multilatérales travaillant avec la société civile doivent s'attaquer aux causes sociales, économiques et politiques profondes de la crise qui frappe actuellement le Mali.

Photos : Les Maliens fuient les combats