Au rythme actuel, il faudra un siècle pour reconstruire Gaza

Publié: 26th février 2015

De nouvelles statistiques publiées aujourd’hui montrent que les entrées de matériaux de construction essentiels ont diminué le mois dernier. Oxfam s’en alarme : au rythme actuel, la reconstruction d’habitations, d’établissements scolaires et de structures de santé indispensables risque de prendre plus de cent ans.

Au cours des trois derniers mois, moins de 0,25 % des matériaux de construction nécessaires ont pu entrer dans la bande de Gaza. Six mois après la fin du conflit, la situation ne cesse de s’aggraver. Oxfam appelle instamment à la fin du blocus israélien, en place depuis près de huit ans. 

Selon les organisations humanitaires actives sur le terrain, plus de 800 000 camions chargés de matériaux de construction seraient nécessaires pour construire les habitations, les établissements scolaires, les structures de santé et autres infrastructures dont les Gazaouis ont absolument besoin après les conflits à répétition et les années de blocus. Pourtant, en janvier, seulement 579 camions de matériaux sont entrés dans la bande de Gaza – encore moins que les 795 du mois précédent. Environ 100 000 personnes, dont plus de la moitié sont des enfants, continuent de vivre dans des abris et des logements temporaires où se sont réfugiés chez leur famille élargie, suite à la destruction de leur logement. Des dizaines de milliers d’autres familles vivent quant à elles dans des habitations fortement endommagées. 
 
« Seule la fin du blocus permettrait aux Gazaouis de reconstruire leur vie, insiste Catherine Essoyan, directrice régionale d’Oxfam. Des familles vivent dans des maisons sans toit, ni murs ou fenêtres depuis six mois. Beaucoup n’ont de l’électricité que six heures par jour et sont sans eau courante. Chaque jour qui passe sans que ces gens aient la possibilité de reconstruire met en péril davantage de vies. Il est tout à fait déplorable que la communauté internationale manque une fois de plus à ses devoirs vis-à-vis de la population gazaouie qui a tant besoin d’aide. » 

Il n’y a eu aucune avancée concernant les pourparlers de fond sur une solution à long terme de la crise à Gaza, qui étaient censés être organisés après le cessez-le-feu. Oxfam appelle les deux parties à rechercher activement une solution pacifique, comprenant la fin du blocus israélien toujours en place, qui continue d’avoir un impact catastrophique sur la population gazaouie. Des tensions croissantes au sein du gouvernement d’unité palestinien exacerbent en outre la situation à Gaza.

L’an dernier, à cause de ce blocus, les exportations gazaouies de produits agricoles n’ont atteint que 2,7 % de leur volume avant l’imposition du blocus. Les pêcheurs se voient toujours imposer une zone de pêche de six milles nautiques (11 km), loin des eaux les plus poissonneuses, et les agriculteurs n’ont pas accès à la majeure partie des terres les plus fertiles. La bande de Gaza reste coupée de la Cisjordanie, et la plupart de ses habitant-e-s ne sont toujours pas autorisés à en sortir. La frontière avec l’Égypte a en outre été fermée pour l’essentiel de ces deux derniers mois, empêchant des milliers de personnes de se déplacer. 

Face à l’augmentation des besoins, Oxfam et ses partenaires fournissent de l’eau potable, des bons alimentaires et des soins de santé aux communautés de la bande de Gaza.

Seule la fin du blocus permettrait aux Gazaouis de reconstruire leur vie.
Catherine Essoyan
directrice régionale d’Oxfam

Notes aux rédactions

  • Le groupe sectoriel Abris et l’ONU ont estimé que la bande de Gaza a besoin d’environ 800 000 chargements de matériaux de construction civile dits « ABC », à savoir les matériaux de construction les plus essentiels : agrégats, barres en acier et ciment. Ce chiffre couvre les travaux de réparation des habitations sinistrées lors du conflit de 2014, pendant lequel plus de 16 000 ont été détruites ou sont devenues inhabitables et plus de 133 000 autres ont été endommagées, mais aussi des milliers d’habitations détruites lors des conflits précédents et jamais reconstruites, ainsi que les besoins découlant de la croissance démographique naturelle de la bande de Gaza au cours des huit années de blocus. Pendant cette période, la population a augmenté de plus de 300 000 personnes. Plus de 200 nouvelles infrastructures scolaires et de santé, notamment, sont en outre nécessaires dans la bande de Gaza. 
     
  • Selon les chiffres réunis par PalTrade, partenaire d’Oxfam, et confirmés par d’autres organisations internationales, en janvier, seuls 595 camions de matériaux ABC sont entrés dans la bande de Gaza, contre 795 en décembre 2014 et 287 en novembre 2104. Cela correspond à un total de seulement 1 661 camions de matériaux ABC sur les trois mois complets suivant la conférence internationale des donateurs pour la reconstruction de la bande de Gaza, qui s’est tenue au Caire, en octobre 2014. Au rythme de ce dernier trimestre, cela prendrait plus de cent ans pour atteindre le nombre susmentionné de chargements nécessaires.
     
  • Pour plus d’informations sur la situation dans la bande de Gaza, voir le bulletin d’information d’Oxfam (en anglais) : http://eepurl.com/be18xf

Contact

Arwa Mhanna in Gaza - amhanna@oxfam.org.uk, +972598910981
Alun McDonald in Jerusalem - alun.mcdonald@oxfamnovib.nl, +972546395002