Conférence des donateurs pour Gaza : l’aide promise mettra des années avant de bénéficier à la population

Publié: 10th octobre 2014

D’après Oxfam, si les restrictions israéliennes sur les importations à Gaza ne sont pas levées, la majeure partie des financements promis lors de la conférence internationale des donateurs pour la reconstruction de Gaza va languir sur des comptes bancaires pendant des décennies avant d’avoir enfin un impact bénéfique sur les conditions de vie de la population.

L’ONG a calculé qu’avec les niveaux actuels de restrictions et des importations, il faudrait plus de 50 ans pour construire les 89 000 nouveaux logements, les 226 nouvelles écoles, ainsi que les hôpitaux, les usines et les infrastructures d’eau et assainissement dont la population de Gaza a besoin.

Pour Catherine Essoyan, Directrice Régionale d’Oxfam, « À moins que les donateurs ne fassent pression pour la levée du blocus, beaucoup d’enfants, aujourd’hui sans abri à cause du dernier conflit, seront grands-parents avant que leurs maisons et leurs écoles ne soient reconstruites. Les organisations humanitaires fournissent actuellement une aide d’urgence vitale, mais la reconstruction et le développement sur le long terme demandent beaucoup plus que de l’argent. Les donateurs doivent assurer que l’aide à la reconstruction pourra entrer sans entrave dans Gaza, sans quoi les promesses faites à la conférence resteront sans suite. A l’approche de l’hiver, les personnes sans abri ne peuvent se permettre d’attendre ».

Le blocus de Gaza, mis en place par le gouvernement israélien, fait peser de sévères restrictions sur les entrées et sorties des marchandises, y compris sur les matériaux nécessaires à la reconstruction. Durant la première moitié de l’année 2014, à peine plus de 1 000 camions transportant des matériaux de construction ont pu chaque mois entrer dans Gaza. Cela ne représente qu’une quantité infime des centaines de milliers de camions dont Gaza a besoin pour pallier aux destructions et à des années d’entraves à son développement. Dans le mois qui a suivi le cessez-le-feu, seuls 500 camions transportant des matériaux de construction sont entrés à Gaza. Avant le blocus imposé en 2007, près de 7 400 camions pouvaient chaque mois entrer dans Gaza. 

Les propositions actuelles, visant à assouplir les restrictions plutôt que d’entièrement les lever, ne seront probablement qu’une goutte d’eau dans l’océan, comparés à l’étendue des besoins causés par 50 jours de destructions sans précédent. Les engagements déjà pris autorisant l’entrée des matériaux de constructions dans Gaza ne se sont jamais complètement concrétisés.

« Il y a cinq ans, après la guerre de 2009, les donateurs s’étaient retrouvés en Egypte, promettant, comme aujourd’hui, des milliards de dollars pour la reconstruction de Gaza. Cinq ans plus tard, la moitié des maisons détruites n’a toujours pas été reconstruite à cause des restrictions. Cette fois-ci, les besoins sont encore plus grands, et les enjeux plus élevés que jamais », ajoute Catherine Essoyan.

Pour Oxfam, la communauté internationale doit agir maintenant et tout faire pour que cette reconstruction de Gaza soit la dernière, et adopter une approche de long terme pour mettre fin à la crise. L’ONG appelle à un suivi des promesses et de la redevabilité des donateurs. Les précédents accords ont prouvé qu’il est possible d’assurer les droits fondamentaux de la population de Gaza et les besoins de sécurité d’Israël. Selon Oxfam, la communauté internationale doit insister sur la tenue de discussions concrètes aboutissant à un cessez-le-feu permanent, à la fin du blocus et à une paix durable pour les populations palestinienne et israélienne.

« Nous ne pouvons pas laisser ce cycle de destruction et de gaspillage extrêmement couteux continuer. C’est la troisième fois en six ans que la communauté internationale s’engage à reconstruire Gaza après une guerre. Il est temps de s’attaquer aux causes profondes du conflit une fois pour toutes afin que la population de Gaza puisse jouir de ses droits et de l’aide dont elle a besoin » conclut C. Essoyan.

A l’approche de l’hiver, les personnes sans abri ne peuvent se permettre d’attendre
Catherine Essoyan
Directrice régionale, Oxfam

Notes aux rédactions

La conférence des donateurs aura lieu le dimanche 12 octobre au Caire.

  • Les 50 jours de conflit ont causé des destructions importantes aux moyens de subsistance et aux services essentiels, en plus des pertes humaines. Plus de 100 000 personnes sont toujours sans abri, et 450 000 n’ont pas accès à l’eau courante.
     
  • A cause des destructions et des dégâts causés lors de l’ensemble des précédentes guerres, et de l’inadéquation des certaines infrastructures, 89 000 nouvelles maisons et 226 nouvelles doivent être construites. Cela nécessite environ 700 000 chargements de matériaux de construction, dont des agrégats, du ciment et des barres d’acier. Durant la première moitié de l’année 2014, 1 100 camions en moyenne pouvaient entrer dans Gaza chaque mois. A ce rythme, il faudrait plus de 50 ans pour importer suffisamment de matériaux de construction. Qui plus est, un nombre important de camions sont nécessaires pour reconstruire les centres de santé, les systèmes d’eau et d’assainissement, les fabriques, et prendre en considération la croissance de la population.
     
  • Dans les deux ans qui ont suivi la conférence des donateurs pour la reconstruction Gaza de 2009, 335 camions transportant des matériaux de construction étaient autorisés à entrer chaque mois dans Gaza en moyenne.

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Alun McDonald, coordinateur Médias et communications
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