Des millions de personnes en RDC sont confrontées à un mélange mortel de virus, de violence et de soins de santé inadéquats

Publié: 31st juillet 2019

Un an après la déclaration de l'épidémie actuelle d'Ebola en République Démocratique du Congo (RDC), Oxfam a déclaré que le virus, le conflit violent et l'insuffisance des soins de santé créent un mélange fatal.

Alors que des progrès ont été réalisés pour contenir le virus, qui a déjà coûté la vie à plus de 1 800 personnes, des nouveaux cas viennent d'être signalés à Goma, la plus grande ville de l'Est de la RDC, avec environ deux millions d'habitants. Cela vient s’ajouter aux décès récemment signalés de l'autre côté de la frontière en Ouganda, ce qui montre le potentiel dévastateur d'une spirale incontrôlable de la maladie.

Corinne N'Daw, Directrice pays d'Oxfam en RDC, a déclaré : "Nous espérons sincèrement que ce nouveau cas à Goma soit un cas isolé, car le virus pourrait se propager rapidement dans une ville qui compte deux millions d'habitants."

Les troubles généralisés causés par l'augmentation de la violence et des déplacements dans le pays entravent les efforts de contrôle de l'épidémie d'Ebola, qui, selon Oxfam, s'inscrit dans une crise humanitaire beaucoup plus vaste. Dans l'ensemble de la RDC, plus de 12,8 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire, mais le pays n'a reçu que le quart du financement d'urgence dont il a besoin jusqu'ici cette année, ce qui laisse un déficit de 1,2 milliard de dollars.

Dans la province de l'Ituri, des centaines de milliers de personnes vivent dans des camps de fortune surpeuplés, à la suite d'une flambée de violence massive en juin, qui a fait des centaines de morts. Les nouveaux déplacés arrivent chaque jour et au moins 25 des camps ont doublé de taille au cours du mois dernier. La situation est catastrophique, avec très peu d'eau potable et d'assainissement, ce qui crée des conditions très propices à la propagation des maladies. 

Outre les personnes déplacées vivant dans les camps, des dizaines de milliers d'autres vivent au sein des communautés d'accueil, ce qui exerce une pression supplémentaire sur des personnes qui sont déjà extrêmement vulnérables et qui n'ont pratiquement aucun accès aux soins de santé. 

Corinne N'Daw, déclare : "La violence incessante qui sévit dans la région dévaste la vie de centaines de milliers de personnes, les empêchant d'obtenir des services essentiels, comme les soins de santé, et, en fin de compte, entravant la réponse humanitaire et à la crise Ebola dans son ensemble.

"Ebola bénéficie à juste titre d'une attention et d'un financement mondiaux et ce nouveau cas à Goma montre que cela est désespérément nécessaire, mais que la crise au sens large est largement ignorée. Il est essentiel que des fonds soient également fournis pour aider les millions de Congolais qui ont été déplacés par la violence, y compris ceux qui ont récemment fui vers des camps en Ituri. Des efforts internationaux sont également nécessaires de toute urgence pour s'attaquer aux causes profondes de la violence qui sévit en RDC depuis des décennies."

L'insuffisance des systèmes de santé en RDC exacerbe le problème ; avant la dernière épidémie d'Ebola, il n'y avait que neuf médecins formés pour 10 000 habitants dans le pays. Bien que davantage de ressources aient été mobilisées pour lutter contre le virus Ebola, des enquêtes récentes sur les perceptions et les pratiques ont montré que les agents de santé locaux, qui sont en première ligne de la riposte au virus Ebola, se sentent souvent mal équipés.Beaucoup ont déclaré ne pas connaître tous les symptômes (notamment les symptômes "secs" comme les douleurs abdominales) ; comment repérer un cas où référer les personnes présentant les signes du virus ; ou se sentent incapables de référer les cas éventuels aux centres de traitement Ebola. 

Dans la région de Mandima, où 200 cas ont été signalés, plus de 75 % des agents de santé interrogés ont déclaré qu'ils estimaient ne pas avoir reçu une formation ou des informations suffisantes. Butembo, l'une des zones les plus touchées, près de 50 % des agents de santé interrogés ont déclaré ne pas se sentir suffisamment informés pour pouvoir identifier un cas suspect. 

Corinne N'Daw : "Il faut beaucoup plus de formation et de soutien pour les agents de santé locaux en première ligne. L'une des priorités du nouveau financement pour contrer l'Ebola, promis par la Banque Mondiale et d'autres donateurs, doit viser à doter les agents de santé des compétences et des ressources dont ils ont besoin pour faire leur travail.

"Il est également crucial de disposer d'un personnel local bien formé pour instaurer un climat de confiance avec les communautés touchées, ce qui a été un problème majeur jusqu'à présent dans l'intervention.

La réponse d'Oxfam au virus Ebola a aidé plus de 600 000 personnes en travaillant directement avec les communautés touchées pour instaurer la confiance et aider à prévenir la propagation de cette maladie mortelle ainsi qu'à améliorer l'accès à l'eau potable. L'agence internationale travaille déjà à Goma et est prête à intensifier sa réponse si d'autres cas se présentent. 

Notes aux rédactions

1/8/2019 Mise à jour du CP: de "2ème cas à Goma" on passe à "des nouveaux cas" avec des informations qui indiuent un 3ème cas aujourd'hui.

Oxfam travaille en RDC depuis des décennies et a aidé 1,3 million de personnes au cours de l'année écoulée avec une aide humanitaire d'urgence et un soutien à long terme pour améliorer leur vie.

12,8 millions de personnes en RDC sont dans le besoin humanitaire selon l'UNOCHA : https://www.unocha.org/democratic-republic-congo-drc/about-ocha-drc

Des enquêtes sur les agents de santé ont été menées par le Groupe des sciences sociales et de la recherche sous la direction du Ministère de la santé. 

Les derniers chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur le nombre de cas d'Ebola et de décès peuvent être consultés ici : https://www.who.int/ebola/situation-reports/drc-2018/en/

Selon le Service de suivi financier de l'UNOCHA, les donateurs n'ont actuellement promis que 25,2 % des fonds nécessaires pour le plan d'intervention de l'ONU en RDC en 2019 : https://fts.unocha.org/countries/52/summary/2019

Selon l'OMS, il y a 0,9 médecin pour 1000 personnes en RDC : https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/137160/ccsbrief_cod_fr.pdf;jsessionid=635FC524B212EAE3CD2C52037BA35007?sequence=1

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Sarah Dransfield (in the UK): sdransfield@oxfam.org.uk  |  +44 (0)7884 114825

or Alain Nkingi (in the DRC):  ANkingi@oxfam.org.uk  |  +243 971 254 502

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