La dépendance du G7 au charbon risque de coûter 450 milliards de dollars par an d’ici la fin du siècle

Publié: 5th juin 2015

Dans son nouveau rapport « Qu’ils mangent du charbon ! », Oxfam révèle aujourd’hui  comment les centrales à charbon actives dans les pays du G7 risquent de coûter au monde 450 milliards de dollars par an d’ici la fin du siècle. Cette forte dépendance à l’énergie fossile la plus carbonée réduira la production agricole de l’ordre de plusieurs millions de tonnes, tout en aggravant le changement climatique.

Soutenue par des dirigeants d’entreprises, des universitaires et des spécialistes du climat, Oxfam souligne le danger du charbon, principal moteur du changement climatique, qui frappe déjà les populations les plus pauvres et entrave la lutte contre la faim dans le monde. Les pays du G7 demeurent de grands consommateurs de charbon.

L’organisation internationale révèle que les dommages causés par les émissions de gaz à effet de serre liées à la consommation de charbon du G7 coûteront à l’Afrique 84 milliards de dollars par an d’ici la fin du siècle. C’est 60 fois le montant de l’aide à l’agriculture et à la production agricole que l’Afrique reçoit actuellement du G7.

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a déjà mis en garde contre la grande vulnérabilité des systèmes de production alimentaire en Afrique face au changement climatique. Il a notamment prédit qu’à l’échelle du continent, les productions de céréales risquent de diminuer de 35 % d’ici le milieu du siècle. De même, Oxfam estime que les émissions liées à la consommation de charbon du G7 pourraient entraîner la perte de sept millions de tonnes de denrées de première nécessité chaque année, d’ici aux années 2080.

Selon Oxfam, les chefs d’État et de gouvernement du G7, qui se réunissent en Allemagne à partir de demain (dimanche), doivent se détourner du charbon pour privilégier les énergies renouvelables – une alternative plus sûre et plus économique, qui permettrait de créer des millions d’emplois à travers le monde. Cette décision serait également un pas de géant qui rapprocherait le G7 non seulement de ses objectifs actuels en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi de mesures qui s’imposent de façon urgente.

Pour Céline Charveriat, directrice du plaidoyer et des campagnes d’Oxfam International : « Les dirigeantes et dirigeants du G7 doivent arrêter de prétexter la croissance des émissions dans les pays en développement pour ne rien faire. Au contraire, ils doivent jouer un rôle moteur dans l’abandon des énergies fossiles à travers le monde et commencer par mettre un terme à leur propre dépendance au charbon.

« L’addiction du G7 au charbon accroît les impacts pour l’Afrique et pour les autres régions en développement. Il est temps que les dirigeantes et dirigeants du G7 prennent conscience que leurs politiques énergétiques aggravent la faim dans le monde, particulièrement pour les populations les plus vulnérables qui se trouvent en première ligne du changement climatique.

« En amont de la conclusion d’un nouvel accord sur le climat à la fin de l’année, les pays du G7 peuvent, en renonçant au charbon, donner l’impulsion nécessaire à la lutte mondiale contre le changement climatique. Cela permettra des réductions supplémentaires considérables de leurs émissions, créera des emplois et marquera une étape importante sur la voie d’un avenir plus sûr, plus durable et plus prospère pour nous toutes et tous. »

À l’échelle mondiale, le charbon représente près des trois quarts (72 %) des émissions générées par le secteur de l’électricité et, si plus de la moitié du charbon est actuellement consommé dans les pays en développement, les pays du G7 en brûlent des quantités considérables. Si l’ensemble des centrales à charbon du G7 formait un pays, celui-ci se classerait au cinquième rang des plus grands émetteurs mondiaux. Ces centrales génèrent deux fois plus d’émissions d’origine fossile que l’Afrique et dix fois plus que les 48 pays les moins avancés.

En 2009, à Copenhague, tous les pays s’étaient accordés sur la nécessité de limiter le réchauffement à 2 °C pour éviter l’emballement climatique. Mais la planète risque désormais de se réchauffer de 4 °C. Depuis lors, cinq des pays du G7 ont effectivement augmenté leur consommation de charbon : la France, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni et, pays hôte de ce sommet du G7, l’Allemagne.

Le rapport d’Oxfam analyse les bouquets énergétiques des pays du G7 et établit quand chacun pourrait se passer de charbon. Des politiques et plans de transition nationaux pourraient assurer l’abandon du charbon en France d’ici 2020, en Italie d’ici le début des années 2020, au Royaume-Uni d’ici 2023, au Canada et aux États-Unis d’ici 2030, au Japon d’ici 2035 et en Allemagne d’ici 2040.

Ce rapport a le soutien de nombreux spécialistes du climat, du monde des affaires et du secteur du développement, dont : Olivier De Schutter, ancien rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation, Nick Molho, directeur général du Groupe Aldersgate, Sharon Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale,et Dessima Williams, ancienne ambassadrice de la Grenade aux Nations unies et ancienne présidente de l’Alliance des petits États insulaires.

« Le dérèglement du climat met à l’épreuve de nombreuses communautés pauvres des pays du Sud, et les centrales électriques alimentées au charbon contribuent chaque jour à aggraver la situation, explique Olivier De Schutter. Elles ressemblent de plus en plus à une arme de destruction dirigée contre celles et ceux qui subissent déjà les conséquences de la modification de la pluviométrie, ainsi que des événements météorologiques extrêmes. »

Oxfam estime que les pays du G7 doivent montrer la voie, car ils sont les premiers responsables du changement climatique. Ils disposent également de plus de ressources pour décarboniser leur économie et financer les mesures de réductions des émissions et d’adaptation qui permettraient aux pays en développement de faire face au changement climatique et de connaître un développement sobre en carbone.

Oxfam appelle également les pays du G7 à honorer l’engagement qu’ils ont pris de conjointement mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020. L’organisation tient en outre à ce que les pays du G7 progressent dans la mobilisation de financements publics au cours des cinq prochaines années et augmentent la part des financements consacrés à l’adaptation.

Les chefs d’État et de gouvernement réunis au sommet du G7 discuteront de la décarbonisation de leurs économies. Oxfam estime que c’est une occasion pour eux de donner le ton en amont des négociations cruciales sur le climat qui auront lieu sous l’égide de l’ONU à la fin de l’année, à Paris.

Notes aux rédactions

Téléchargez le rapport « Qu’ils mangent du charbon ! »

Les coûts liés à la consommation de charbon dans les pays du G7 sont basés sur de nouveaux calculs réalisés à la demande de Climate Analytics, selon son scénario supposant que tous les États appliquent les politiques actuellement en vigueur, ce qui mènerait à un réchauffement climatique de 3,7 °C à l’horizon 2100. Afin d’isoler le réchauffement imputable aux centrales à charbon des pays du G7, ce modèle a été utilisé après élimination des émissions issues de la production d’électricité à partir de charbon dans les pays du G7 depuis 1970 (c.-à-d. en supposant que les centrales électriques sont remplacées par une technologie neutre en carbone). Cela a donné l’effet des émissions liées au charbon consommé par les pays du G7 sur la température de la planète. Climate Analytics a ensuite calculé le coût de l’adaptation et le coût des dommages résiduels (ensemble, ceux-ci correspondent au total des coûts économiques imputables au changement climatique) pour la part du réchauffement causé par les centrales à charbon des pays du G7.

Contact

Pour organiser des interviews ou consulter le rapport, contactez Lucy Brinicombe, +44 (0)7786 110054 / lbrinicombe@oxfam.org.uk ou Caroline Prak +33 06 30 46 66 04 cprak@oxfamfrance.org