Le Fonds vert pour le climat, lésé par les pays riches et pollueurs

Publié: 24th octobre 2019

La conférence de reconstitution du Fonds vert pour le climat s’ouvre aujourd’hui à Paris pour deux jours. Pour Oxfam, les pays riches qui polluent - comme l’Australie, le Canada, les États-Unis et les Pays-Bas - sont en train de léser de plusieurs milliards de dollars les pays pauvres, en négligeant de leur fournir l’aide promise pour réduire leurs émissions et leur permettre de s’adapter à la crise climatique.

À ce jour, les pays développés se sont engagés à verser 7,5 milliards de dollars au Fonds Vert pour son prochain cycle budgétaire de quatre ans. Ces promesses ne représentent que la moitié des 15 milliards de dollars qu’Oxfam estime nécessaires pour financer les quelque 300 propositions de projets actuellement à l’étude. 

  • Les contributions de l’Autriche, du Canada et des Pays-Bas ne représentent qu’un tiers de leur juste part, d’après les estimations d’Oxfam.
  • L’Australie a indiqué qu’elle se rangera aux côtés des États-Unis, en refusant de contribuer à ce nouveau cycle budgétaire.
  • Des pays comme la Belgique, la Finlande, l’Italie, le Japon, la Nouvelle-Zélande, le Portugal et la Suisse n’ont pas encore annoncé le montant de leur contribution.

En comparaison, l’Allemagne, la France, la Norvège, le Royaume-Uni et la Suède ont doublé leurs contributions initiales de 2014-2015.

Selon Armelle Le Comte, responsable du plaidoyer climat chez Oxfam France:

« Le Fonds vert pour le climat est une véritable bouée de sauvetage pour les pays pauvres qui ont besoin d’aide pour réduire leurs émissions et s’adapter aux aléas climatiques, de plus en plus extrêmes et fréquents. Nous exhortons tous les pays riches à contribuer équitablement à ce Fonds. Un tel soutien peut être une question de vie ou de mort pour les communautés pauvres qui sont les premières à subir les effets des changements climatiques et qui luttent pour survivre.

À l’échelle mondiale, les investissements dans le pétrole, le gaz et le charbon ont dépassé les 795 milliards de dollars en 2018. Nous dépensons cent fois plus pour les énergies fossiles que ce que les gouvernements semblent disposés à investir dans le principal fonds mondial pour le climat.

La France, qui est le pays hôte de cette conférence et s’est déjà engagée à doubler sa contribution initiale, doit peser de tout son poids diplomatique pour inciter l’ensemble des pays donateurs à faire de même ».

Créé en 2010, le Fonds vert pour le climat est appelé à devenir le principal canal de financement multilatéral permettant aux pays riches d’aider les pays pauvres à faire face à la crise climatique. Au cours des quatre dernières années, plus de 110 projets mis en œuvre dans des pays en développement ont bénéficié de son soutien financier. Parmi eux figurent par exemple des initiatives destinées à développer l’énergie solaire au Nigeria et au Mali, à restaurer des forêts au Honduras et à mettre en place des systèmes agricoles plus résilients au Bhoutan et au Belize.

Notes aux rédactions

Une note d’information sur le Fonds vert pour le climat, détaillant les contributions des principaux pays développés, est disponible ici.

D’après les estimations de l’Agence internationale de l’énergie, les investissements réalisés dans les secteurs du pétrole, du gaz et du charbon (approvisionnement et production d’électricité) se sont élevés à 795 milliards de dollars américains en 2018 https://www.iea.org/wei2018/

Le Fonds Vert fait partie d’un ensemble de canaux, fonds et initiatives par lesquels les pays développés fournissent des financements climat aux pays en développement, afin d’atteindre l’objectif de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020. Oxfam estime que le Fonds Vert constitue un moyen efficace de financer le climat pour plusieurs raisons : son conseil d'administration compte un nombre égal de sièges pour les pays en développement ; il s’est engagé à allouer au moins 50% des fonds à l'adaptation et à intégrer la dimension de genre dans ses projets ; il achemine ses financements directement vers les pays en développement plutôt que par le biais d'autres agences telles que la Banque mondiale.

Oxfam travaille avec des communautés pauvres du monde entier pour les aider à s’adapter aux changements climatiques et à réduire leurs émissions. Par exemple, la production de riz est un secteur qui participe à l’aggravation de la crise climatique : la moitié des émissions de méthane, l’un des plus puissants gaz à effet de serre, provient en effet du bétail et des rizières. Le système de riziculture intensive (SRI) est une méthode de gestion des plantes, du sol, de l’eau et des nutriments qui permet aux expoitant-e-s de produire davantage de riz avec moins d’eau, moins de produits chimiques et moins de semences. Elle réduit donc considérablement les émissions de méthane. Plus de 1,5 millions de petit-e-s exploitant-e-s agricoles appartenant à des groupes soutenus par nos partenaires au Cambodge, au Sri Lanka et au Vietnam ont bénéficié du système SRI. Vous pouvez lire des témoignages et voir des photos à travers ce lien.

 

Contact

Noélie Coudurier, responsable de campagne climat, Oxfam France : ncoudurier@oxfamfrance.org, 06 17 34 85 68