Les deux tiers du financement climatique destiné aux pays du Sud prennent la forme de prêts, les pays riches tirent profit de l'aggravation de la crise climatique

Publié: 5th octobre 2025

Une nouvelle étude publiée aujourd'hui par Oxfam et CARE révèle que les pays en développement remboursent désormais davantage aux pays riches qu'ils ne reçoivent en financements climatiques : pour chaque 5 dollars reçus, ils en remboursent 7.  

65 % des financements climatiques sont accordés sous forme de prêts.  

Cette logique de profit, provenant directement de la crise au profit des pays riches, alourdit le fardeau de la dette et freine l’action climatique. À cela s’ajoutent de sévères coupes dans l’aide publique au développement (APD), qui menacent de réduire davantage le financement de la lutte contre le changement climatique, trahissant ainsi les communautés les plus pauvres du monde en première ligne face à l’escalade des catastrophes climatiques. 

Principaux constats du rapport : 

  • Les pays riches affirment avoir mobilisé 116 milliards de dollars de financements climatiques en 2022, mais la valeur réelle se situe entre 28 à 35 milliards de dollars, soit moins d'un tiers de la somme annoncée.
  • Près des deux tiers de ces financements ont été accordés sous forme de prêts, souvent à des taux d’intérêt standards, sans conditions préférentielles. En conséquence, le financement climatique alourdit chaque année la dette des pays en développement, qui s'élève désormais à 3 300 milliards de dollars. Des pays comme la France, le Japon et l'Italie figurent parmi les principaux responsables.
  • Les Pays les Moins Avancés (PMA) n’ont reçu que 19,5 % du financement climatique public en 2021-2022, et les Petits États insulaires en développement seulement 2,9 %. La moitié de ces financements étaient des prêts à rembourser.
  • Les pays développés tirent profit de ces prêts, les remboursements dépassant largement les décaissements. En 2022, les pays en développement ont reçu 62 milliards de dollars de prêts climatiques. Ceux-ci devraient générer jusqu’à 88 milliards de remboursements, soit un « bénéfice » de 42 % pour les créanciers.
  • À peine 3 % des financements étaient spécifiquement destinés à renforcer l’égalité de genre, alors même que la crise climatique affecte de manière disproportionnée les femmes et les filles. 

« Les pays riches considèrent la crise climatique comme une opportunité commerciale, et non comme une obligation morale », déclare Nafkote Dabi, responsable politique climat chez Oxfam. « Ils prêtent de l’argent aux mêmes peuples qu’ils ont historiquement lésés, piégeant ainsi des nations vulnérables dans un cycle de dette. C’est une forme de profit sur la crise. » 

Cet échec survient alors que les pays riches procèdent aux coupes les plus brutales dans l’aide au développement depuis les années 1960. Les données de l’OCDE révèlent une baisse de 9 % en 2024, avec des projections pour 2025 annonçant encore 9 à 17 % de coupes supplémentaires. 

Alors que les effets des catastrophes climatiques alimentées par les énergies fossiles s'intensifient (déplaçant des millions de personnes dans la Corne de l’Afrique, touchant 13 millions d’autres aux Philippines, et inondant 600 000 personnes au Brésil en 2024), les communautés des pays à faible revenu se retrouvent avec encore moins de ressources pour s’adapter à un climat en rapide mutation. 

« Les pays riches ne tiennent pas leurs engagements en matière de financement climatique et n'ont aucun plan pour respecter leurs engagements. En réalité, beaucoup sabrent leur aide, laissant les plus pauvres en payer le prix — parfois de leur vie », déclare John Norbo, conseiller principal climat chez CARE Danemark. « La COP30 doit apporter la justice, pas une nouvelle série de promesses creuses. 

Le financement de l’adaptation est également dramatiquement insuffisant : il ne représente que 33 % du financement climatique, les investisseurs privilégiant les projets d’atténuation aux retours financiers plus immédiats.  

À l'approche de la COP30, Oxfam et CARE appellent les pays riches à : 

  • Respecter leurs engagements en matière de financement climatique : Fournir la totalité des 600 milliards de dollars pour la période 2020-2025, préciser clairement leur plan pour atteindre l’objectif de 300 milliards annuels convenu, et être porteur de la feuille de route de 1,3 trillion de dollars de Bakou à Belém.
  • Mettre fin à la spéculation sur la crise climatique : Augmenter considérablement la part des dons et des financements hautement concessionnels afin d'éviter d'endetter davantage les communautés les plus vulnérables au changement climatique dans le monde.
  • Tripler les financements destinés à l'adaptation : S'engager à au moins tripler les financements destinés à l'adaptation d'ici 2030, en utilisant comme référence l'objectif de la COP26 de doubler les financements destinés à l'adaptation d'ici 2025.
  • Financer les pertes et dommages : Le Fonds mondial pour la réponse aux pertes et dommages doit être doté de capitaux suffisants. Les victimes du changement climatique ne doivent plus être ignorées.
  • Mobiliser de nouvelles sources de financement : Lever des fonds en taxant les ultra-riches, ce qui pourrait rapporter 1,2 trillion de dollars par an dans les seuls pays de l’OCDE, et en taxant les superprofits des compagnies fossiles, estimés à 400 milliards par an au niveau mondial. 

 

Notes aux rédactions

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Télécharger la note méthodologique.

Le CARE Climate Justice Center (CJC) dirige et coordonne l'intégration de la justice climatique et de la résilience dans l'ensemble des activités humanitaires et de développement de CARE International. Le CJC est une initiative soutenue par CARE Danemark, CARE France, CARE Allemagne, CARE Pays-Bas et CARE International Royaume-Uni. Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.careclimatechange.org 

Les résultats d'une enquête mondiale menée par Oxfam International et Greenpeace montrent que 8 personnes sur 10 sont favorables au financement des services publics et de la lutte contre le changement climatique par l'imposition des plus riches. Cette étude a été menée par la société de données primaires Dynata en mai-juin 2025 au Brésil, au Canada, en France, en Allemagne, au Kenya, en Italie, en Inde, au Mexique, aux Philippines, en Afrique du Sud, en Espagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis. L'enquête a été réalisée auprès d'environ 1 200 personnes par pays, avec une marge d'erreur de +-2,83 %. Ensemble, ces pays représentent près de la moitié de la population mondiale. Consultez les résultats ici [en angalis] et ici en français. 

Une analyse d'Oxfam a révélé qu’une taxe mondiale sur les profits des géants du pétrole, du gaz et du charbon pourrait générer jusqu’à 400 milliards de dollars par an, dès la première année. 

Contact

Cass Hebron à Bruxelles |cass.hebron@oxfam.org | +32485913688 

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