Les subventions du G20 aux énergies fossiles : 15 fois plus que l’aide à l’adaptation au changement climatique versée par les pays développés

Publié: 13th novembre 2015

Selon Oxfam, les pays du G20 mobilisent beaucoup plus de fonds pour subventionner les secteurs du charbon et du pétrole que les pays riches pour aider les pays pauvres et vulnérables à s’adapter au changement climatique. 

Les chefs d’État et de gouvernement du G20 s’apprêtent à se retrouver pour leur sommet annuel à Antalya (Turquie), les 15 et 16 novembre. Le changement climatique, la croissance inclusive, la réforme du système fiscal international et la crise des réfugiés et des migrants seront à l’ordre du jour.

Sur la période 2013-2014, les pays du G20 ont accordé aux secteurs des énergies fossiles 77 milliards de dollars de subventions par an. En 2014, les pays développés, dont bon nombre seront présents au sommet en Turquie, n’ont consacré que 4 à 5 milliards dollars à l’aide à l’adaptation. Au total, le soutien accordé par le G20 au secteur des énergies fossiles, y compris les investissements publics et les prêts à taux réduit, atteint la coquette somme de 450 milliards de dollars. Il est estimé que, d’ici à 2030, les pays en développement devront débourser 150 milliards de dollars par an pour financer leur adaptation au changement climatique, phénomène exacerbé par les énergies fossiles.

•    Les subventions des États-Unis à la production d’énergies fossiles (20,5 milliards de dollars par an) représentent plus de 51 fois l’aide à l’adaptation accordée par le pays (0,4 milliard). 
•    De même, l’Australie a versé 71 fois plus de subventions aux énergies fossiles (5 milliards de dollars par an) que d’aide à l’adaptation (environ 0,07 milliard). 
•    L’Allemagne a versé 0,84 milliard de dollars d’aide à l’adaptation, contre 2,8 milliards de subventions aux énergies fossiles, soit au moins 3 fois plus.
•    La France, qui sera l’hôte de la conférence des Nations unies sur le climat, a accordé 0,07 milliard de dollars d’aide à l’adaptation, mais 0,125 milliard de subventions aux énergies fossiles. 

« Les dirigeants des pays riches du G20 n’ont aucune excuse pour ne pas tenir leurs promesses en matière de financement de la lutte contre le changement climatique, puisqu’ils consacrent des sommes autrement plus importantes à soutenir les secteurs du charbon et du pétrole, souligne Steve Price-Thomas, directeur adjoint du plaidoyer et des campagnes d’Oxfam. Le G20 doit cesser de subventionner les pollueurs pour plutôt faire en sorte que les communautés pauvres reçoivent les fonds dont elles ont besoin pour s’adapter au changement climatique. » 

« Oxfam attend des responsables politiques qu’ils engagent la communauté internationale sur la voie d’un accord ambitieux sur le climat, un accord qui permettra d’éviter que le réchauffement de la planète ne prenne des proportions catastrophiques », poursuit Steve Price-Thomas.

Croissance inclusive et fiscalité internationale

Cette année, la croissance inclusive sera un thème majeur du sommet du G20. Les chefs d’État et de gouvernement réunis devraient également adopter un train de réformes proposées par l’OCDE afin de lutter contre les pratiques d’optimisation fiscale des entreprises. Ces réformes représentent une avancée, mais n’empêcheront pas les adeptes de l’évasion fiscale de soustraire aux pays pauvres comme aux pays riches des milliards de dollars de recettes publiques par an.

« Le G20 se déclare en faveur d’une croissance inclusive, mais ne fait pas grand-chose pour s’attaquer au modèle économique qui profite surtout aux grandes fortunes et laisse des millions de personnes souffrir de la faim à travers le monde. Des réformes fondamentales sont nécessaires pour assurer le partage des bénéfices de la croissance économique entre toutes et tous. Cela doit passer par une deuxième génération de réformes beaucoup plus profondes des règles internationales de l’impôt des sociétés, afin que tous les pays, riches et pauvres, puissent percevoir auprès des entreprises les recettes fiscales qui leur sont dues. »

Réfugiés et migrants 

Depuis la Seconde Guerre mondiale, jamais autant de personnes n’ont été contraintes de s’exiler. Lors de ce sommet, le G20 devrait examiner les mesures à prendre face à ces mouvements massifs de population. Plus de 2 millions de réfugiés syriens et 230 000 personnes ayant fui des pays comme l’Afghanistan, l’Irak, l’Iran et la Somalie se trouvent actuellement en Turquie. Le pays constitue également une étape importante pour les centaines de milliers de personnes que le désespoir pousse à entreprendre le périlleux voyage vers l’Europe.

« Les hommes et les femmes fuyant un conflit doivent être traités avec dignité et compassion, insiste Steve Price-Thomas. Les pays du G20 doivent tout mettre en œuvre pour aider les réfugiés et les pays qui les accueillent. À Antalya, les chefs d’État et de gouvernement devront décider de débloquer davantage de fonds pour répondre aux besoins des réfugiés dans les pays d’accueil et de contribuer équitablement à l’accueil des réfugiés, en leur offrant des solutions de réinstallation ainsi que des voies légales et plus sûres d’accès à leur pays. Ils doivent veiller à ce que le droit des réfugiés à l’éducation et à l’emploi soit respecté. »

Notes aux rédactions

Des porte-parole d’Oxfam, de plusieurs pays du G20, sont disponibles pour analyser et commenter les débats sur une série de sujets, dont : la croissance inclusive (les inégalités), la fiscalité internationale, le changement climatique, la crise migratoire et l’égalité hommes-femmes.

Une note d’information du C20 donne un aperçu des enjeux importants qui seront abordés à Antalya (Turquie), dont la croissance inclusive, l’égalité hommes-femmes, la fiscalité internationale, la corruption, le changement climatique et la crise migratoire. Le document est disponible en anglais auprès de l’équipe de relations presse.

Tous les chiffres sur les subventions aux énergies fossiles sont une moyenne des années 2013 et 2014. Ils sont tirés du rapport de l’Overseas Development Institute intitulé « Empty Promises » (sous embargo jusqu’au 12 novembre 2015) : www.odi.org/empty-promises

Oxfam a calculé que les pays développés ont versé entre 4,1 et 5,5 milliards de dollars au titre de l’aide publique à l’adaptation au changement climatique en 2014. Ce chiffre comprend les aides destinées à l’adaptation, ainsi qu’une part des aides offrant des avantages conjoints. Il inclut également l’élément don des prêts concessionnels. Source : OCDE/CPI, rapport « Climate Finance in 2013-14 and the USD 100 billion goal » disponible à http://www.oecd.org/env/cc/oecd-cpi-climate-finance-report.htm, et base de données de l’OCDE sur le financement de la lutte contre le changement climatique : http://www.oecd.org/dac/stats/climate-change.htm

Le gouvernement français déclare avoir, au total, versé 0,07 milliard de dollars d’aides en 2014. L’aide à l’adaptation ne peut donc pas dépasser ce montant : http://cdr.eionet.europa.eu/fr/eu/mmr/colvhvngg/envvhvn5g/MMR_data_2014_France_V2.xlsx/manage_document  

Le gouvernement américain déclare avoir donné 0,4 milliard de dollars d’aide à l’adaptation en 2014 (« Congressionally Appropriated Grant-based Assistance ») : http://www.state.gov/e/oes/climate/faststart/index.htm

Le gouvernement allemand déclare 0,84 milliard de dollars (0,79 milliard d’euros) d’aide à l’adaptation en 2014 : http://cdr.eionet.europa.eu/de/eu/mmr/art16_finance/envvi458q  

Le gouvernement australien a déclaré avoir accordé 0,3 milliard de dollars australiens d’aide à l’adaptation pour 2010-2011 et 2012-2013, ce qui correspond à une moyenne de 0,1 milliard par an (soit 0,07 milliard de dollars américains au taux de change actuel).

Les nombres de réfugiés en Turquie proviennent du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) : http://www.unhcr.org/pages/49e48e0fa7f.html

Oxfam est un membre actif du C20 (Civil 20), le collectif qui représente officiellement la société civile nationale et internationale dans le cadre du G20 : www.c20turkey.org

Contact

Anna Ratcliff, Oxfam International, à Antalya, +44 7796993288, anna.ratcliff@oxfaminternational.org, @ratcliff_anna