Reconstruction de Gaza : le monde ne tient pas ses promesses

Publié: 12th avril 2015

Dans un rapport publié aujourd’hui sur la reconstruction de Gaza après le conflit de l’an dernier, une coalition de 46 organisations humanitaires s’alarme du manque de progrès : la communauté internationale doit absolument changer d’approche dans les plus brefs délais et tenir ses promesses.

Six mois après que les donateurs ont promis de verser 3,5 milliards de dollars pour la reconstruction de Gaza, la situation s’est dégradée pour une grande partie de la population et pas une seule des 19 000 habitations détruites n’a été reconstruite. 100 000 personnes n’ont toujours pas de toit, et beaucoup vivent dans des campements de fortune ou des établissements scolaires.

Selon le rapport « Sortir de l’impasse à Gaza : tracer une nouvelle voie », il faut s’attendre à un nouveau conflit, accompagné de l’inévitable cycle de destruction et de reconstruction à coups de financements internationaux, tant que la communauté internationale ne changera pas d’approche pour s’attaquer aux causes profondes du conflit. Les donateurs doivent exiger un cessez-le-feu permanent, la sanction des violations du droit international quel qu’en soit l’auteur et la fin du blocus israélien, qui enferme 1,8 million de Palestiniennes et Palestiniens dans la bande de Gaza et les isole de la Cisjordanie. Le rapport établit qu’au lieu de remettre en cause ce blocus, la plupart des donateurs s’en accommodent.

« Les discours prometteurs de la conférence des donateurs sont restés lettre morte, déplore Winnie Byanyima, directrice générale d’Oxfam international. C’est à peine si la reconstruction a commencé et il n’y a eu aucun accord de cessez-le-feu permanent ni projet de mettre fin au blocus. En s’en tenant au statu quo tout en reconnaissant que la situation doit changer, la communauté internationale prend sciemment la direction d’un énième conflit, que l’on pourrait pourtant éviter. »

Pour William Bell de Christian Aid, « nous devons faire en sorte que le conflit le plus récent, mais aussi le plus dévastateur, soit le tout dernier. Les violations constantes ne doivent pas rester sans conséquences. En cultivant l’impunité, la communauté internationale se condamne à indéfiniment recoller les morceaux. »

À ce jour, seuls 26,8 % des financements promis par les donateurs il y a six mois ont été débloqués. Même quand les fonds sont arrivés, nombre des projets de reconstruction n’ont pas encore commencé en raison des restrictions à l’entrée de matériaux essentiels imposées par le blocus. La majeure partie des 81 dispensaires et hôpitaux qui ont été endommagés n’ont pas encore reçu les fonds nécessaires à leur reconstruction, mais les rares qui disposent des financements n’ont pas les matériaux.

« Le monde refuse de voir et d’entendre les appels à l’aide de la population gazaouie au moment où elle en a le plus besoin, estime Tony Laurance, directeur général de Medical Aid for Palestinians (MAP) au Royaume-Uni. La reconstruction ne peut pas se faire sans financement, mais à lui seul l’argent ne suffira pas. Tant que le blocus restera en place, nous ne ferons jamais que reconstruire une vie de misère et de désespoir. »

Depuis le cessez-le-feu temporaire, les violences à l’encontre des civils ont continué : plus de 400 attaques israéliennes contre Gaza ont été dénombrées, ainsi que quatre tirs de roquettes de Gaza sur Israël. Le rapport appelle toutes les parties à reprendre sans délai les négociations pour un cessez-le-feu durable. Il exhorte Israël à mettre fin à son blocus et à sa politique de séparation de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, mais aussi les responsables politiques palestiniens à se réconcilier et à donner la priorité à la reconstruction. Il engage en outre l’Égypte à ouvrir sa frontière à l’aide humanitaire.

Dernièrement, des donateurs sont parvenus à obtenir une légère augmentation de l’approvisionnement en matériaux de construction, néanmoins insuffisante pour répondre aux besoins ; l’impact restera extrêmement limité tant que le blocus ne sera pas levé. Le rapport adresse des recommandations précises à la communauté internationale afin de briser la spirale de conflits et de destructions, notamment :

  • Accélérer la reconstruction en honorant les promesses faites et en exigeant l’entrée de matériaux essentiels conformément au droit international.
  • Amener toutes les parties à répondre de leurs violations du droit international, notamment en faisant valoir les obligations au titre du Traité sur le commerce des armes lorsque l’on sait que les armes sont utilisées contre la population civile et en demandant réparation pour la destruction de projets humanitaires.
  • Mettre fin au blocus et restaurer l’économie gazaouie en ruine. Le blocus a réduit Gaza à dépendre de l’aide humanitaire, 80 % de la population recevant une aide internationale et 63 % des jeunes étant sans emploi. Les exportations de Gaza représentent moins de 2 % de leur volume d’avant le blocus, avec une circulation pratiquement inexistante des personnes et des marchandises entre la bande de Gaza et la Cisjordanie.
  • Soutenir la mise en place d’un gouvernement palestinien d’unité. La direction palestinienne de la reconstruction a parfois manqué d’allant et de coordination, mais elle est particulièrement compliquée par les mesures israéliennes de restriction des déplacements des fonctionnaires. La séparation entre Gaza et la Cisjordanie a accentué le clivage déjà problématique entre le Fatah et le Hamas, avec de graves répercussions sur l’acheminement de l’aide et l’offre de services dans la bande de Gaza.
C’est à peine si la reconstruction a commencé et il n’y a eu aucun accord de cessez-le-feu permanent ni projet de mettre fin au blocus.
Winnie Byanyima
Directrice générale d’Oxfam

Notes aux rédactions

Lire le rapport « Sortir de l’impasse à Gaza : tracer une nouvelle voie »

Photographies de Gaza.

Signataires du rapport :

  • ActionAidAlianza por la Solidaridad
  • American Friends Service Committee (AFSC)
  • Asamblea de Cooperación por la Paz (ACPP)
  • CARE International
  • CCFD-Terre Solidaire
  • CCP Japon
  • Christian AidChurch of Sweden
  • Cooperazione per lo Sviluppo dei Paesi Emergenti (COSPE)
  • Council for Arab-British Understanding
  • DanChurchAid (DCA)
  • Diakonia
  • Fondation Terre des Hommes
  • GVC
  • Handicap International
  • Heinrich Böll Foundation
  • HelpAge International
  • Horyzon - Swiss Youth Development Organization
  • Japan International Volunteer Center (JVC)
  • KinderUSA
  • Médecins du Monde France
  • Médecins du Monde Suisse
  • Medical Aid for Palestinians (Map – UK)
  • Medico international
  • Medico international Suisse
  • Medicos del Mundo (MDM-Espagne)
  • Mennonite Central Committee
  • Norwegian Church Aid (NCA)
  • Norwegian People’s Aid (NPA)
  • Norwegian Refugee Council (NRC)
  • Overseas
  • Oxfam
  • Première Urgence – Aide Médicale Internationale
  • Quaker Council for European Affairs
  • Rebuilding Alliance
  • Save the Children
  • Secours Catholique – Caritas France
  • Secours Islamique France
  • Swedish Development Partner (SOIR)
  • Terre des Hommes Italie
  • The Carter Center
  • The Kvinna till Kvinna Foundation
  • The Lutheran World Federation
  • The Swedish Organisation for Individual Relief (IM)
  • United Civilians for Peace, Pays-Bas

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