Une coalition d’organisations humanitaires dresse un constat d’échec du Conseil de sécurité des Nations unies en Syrie

Publié: 12th mars 2015

Face à « l’année la plus sombre » du conflit syrien pour la population civile, 21 organisations humanitaires et de défense des droits humains dénoncent la non-application des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU par les parties belligérantes et les puissances internationales.

Tandis que, quatre ans après le début de la crise, le conflit s’intensifie encore, une coalition d’organisations publie aujourd’hui une critique virulente des États membres du Conseil de sécurité des Nations unies, détaillant comment ceux-ci ont échoué à atténuer les souffrances de la population civile en Syrie.

Selon le rapport « Échec coupable en Syrie », malgré trois résolutions du Conseil de sécurité adoptées en 2014 et exigeant la mise en place de mesures pour assurer la protection des civils et leur porter assistance, l’accès humanitaire s’est détérioré dans une grande partie de la Syrie et le nombre de tués, de déplacés et de personnes dans le besoin atteint à présent des sommets.

Dans ce rapport cinglant, les ONG présentent un tableau d’évaluation qui compare les exigences énoncées dans les résolutions du Conseil de sécurité adoptées l’an dernier et la réalité sur le terrain. Les statistiques, affligeantes, révèlent que les résolutions ont été ignorées ou minimisées par les parties au conflit, les membres du Conseil de sécurité et les autres États membres de l’ONU, ce qui a conduit à l’année la plus sombre de la crise syrienne pour la population civile :

  • La population n’est pas protégée : le conflit aurait fait 76 000 morts en 2014, pour un total d’au moins 220 000 morts sur quatre ans.
  • L’accès humanitaire ne s’est pas amélioré : 4,8 millions de personnes résident dans des zones qualifiées de « difficiles d’accès » par l’ONU, soit 2,3 millions de plus qu’en 2013.
  • Les besoins humanitaires ont augmenté : 5,6 millions d’enfants ont besoin d’aide humanitaire, ce qui représente une augmentation de 31 % depuis 2013.
  • Le financement des opérations humanitaires a diminué par rapport aux besoins : en 2013, 71 % des fonds nécessaires pour porter assistance aux civils sur le territoire syrien et aux réfugiés dans les pays voisins avaient été réunis. En 2014, seuls 57 % des financements nécessaires ont été reçus.

« La triste réalité, c’est que le Conseil de sécurité n’est pas parvenu à faire appliquer ses résolutions, assène Jan Egeland, secrétaire général du Norwegian Refugee Council. L’année passée a été la plus sombre de cette horrible guerre. Les parties au conflit ont agi en toute impunité et ont ignoré les exigences du Conseil de sécurité. Les populations civiles ne sont toujours pas protégées et leur accès à l’aide humanitaire ne s’est pas amélioré. »

Les besoins humanitaires

En 2014, moins de personnes ont pu bénéficier des convois interorganisations partant de Damas : 1,1 million contre 2,9 millions en 2013. Il faut dire que moins de la moitié des demandes pour de tels convois ont été acceptées par le gouvernement syrien. De l’aide a également pu être acheminée depuis les pays voisins, mais sur les 34 postes-frontières de la Syrie, seuls cinq sont actuellement ouverts aux convois humanitaires, neuf font l’objet de restrictions et tous les autres restent fermés.

« Partout en Syrie, les enfants ne reçoivent pas d’éducation, car nous ne pouvons pas parvenir jusqu’à eux, de nombreuses écoles ont été détruites et les parents ont peur d’envoyer leurs enfants à l’école par crainte qu’elle ne soit attaquée, s’inquiète Roger Hearn, directeur régional de Save the Children. Pendant que des travailleurs humanitaires risquent héroïquement leur vie pour apporter des secours et des services essentiels, des millions de Syriennes et Syriens demeurent inaccessibles, non seulement du fait des combats et de la dégradation de la situation, mais aussi par manque de moyens financiers et à cause d’obstacles bureaucratiques. »

La coalition d’organisations humanitaires appelle les États membres de l’ONU, notamment les membres permanents du Conseil de sécurité, à ne pas se contenter de discours et à assurer la pleine application des résolutions.

« Les discours du Conseil de sécurité sonnent creux désormais, souligne Andy Baker, qui dirige les opérations humanitaires d’Oxfam en réponse à la crise syrienne. L’an dernier, les parties au conflit et les États influents n’ont guère pris de mesures concrètes pour résoudre cette crise humanitaire qui prend des proportions vertigineuses en Syrie. Si les résolutions sont ignorées ou minimisées, à quoi pourraient-elles bien servir pour une mère dont l’habitation a été bombardée et dont les enfants ont faim ? Il est temps que les puissances internationales cessent d’attiser le conflit, renforcent l’aide humanitaire pour répondre aux besoins immédiats de la population civile et poussent les parties belligérantes sur la voie d’une solution politique. La Russie, les États-Unis et d’autres pays ont une influence politique et diplomatique suffisante pour rendre possible les changements exigés dans les résolutions. Il n’y a plus de temps à perdre. »

Si les résolutions sont ignorées ou minimisées, à quoi pourraient-elles bien servir pour une mère dont l’habitation a été bombardée et dont les enfants ont faim ?
Andy Baker
Directeur de la réponse d’Oxfam à la crise en Syrie

Notes aux rédactions

Le rapport complet à: http://oxf.am/ZNqt 

Des photos et des études à: Words & Pictures

Des organisations signataires participent également à la campagne #WithSyria de Crisis Action. Un communiqué de presse de la coalition et d’autres supports de communication sont disponibles à l’adresse suivante : http://www.withsyria.com/

Liste des signataires :

  • Acted
  • American Friends Service Committee (AFSC)
  • Alkarama Foundation
  • ChildrenPlus
  • Global Centre for the Responsibility to Protect
  • Handicap International
  • Hand in Hand For Syria
  • Human Rights and Democracy Media Center (SHAMS)  
  • International Rescue Committee
  • Medecins Du Monde
  • Norwegian Church Aid
  • Norwegian Refugee Council
  • NuDay Syria
  • Oxfam
  • Pax Christi International
  • Save the Children
  • Syrian American Medical Society
  • Syria Relief Network
  • Tulip for Syria Relief
  • Un Ponte Per
  • World Vision International

Contact

Joëlle Bassoul

Chargée de relations médias pour la réponse à la crise en Syrie, Oxfam 

jbassoul@oxfam.org.uk

+961 71525218