Ça suffit : Oxfam entend éradiquer les violences faites aux femmes et aux filles

Publié: 24th novembre 2016

Les inégalités entre les femmes et les hommes sont à la fois la cause et la conséquence des violences faites aux femmes et aux filles. Forte de ce constat, Oxfam lance aujourd’hui une campagne internationale : « Ça suffit ! Ensemble, mettons fin aux violences faites aux femmes et aux filles ». Il s’agit d’en finir avec l’une des violations des droits humains les plus répandues dans le monde.

Une femme sur trois subira des violences au cours de sa vie. Les violences faites aux femmes et aux filles ne connaissent pas de frontières géographiques ni culturelles. C’est un fléau mondial. Mais le risque de violence est plus élevé pour les femmes marginalisées, notamment celles qui vivent dans la pauvreté.

Les femmes et les filles subissent des violences toute leur vie : plus de 700 millions de femmes actuellement en vie ont été mariées dans leur enfance. 200 millions de femmes et de filles ont subi une mutilation génitale, la majeure partie des filles étant excisées avant l’âge de cinq ans. Et 30 % des femmes font l’objet de violences conjugales. Plusieurs études montrent en outre que le taux de violence est plus élevé chez les femmes victimes de discriminations multiples, notamment les femmes autochtones, les lesbiennes et bisexuelles, ainsi que les femmes handicapées.

Ces violences sont la forme la plus extrême de discrimination sexuelle et trouvent leur origine dans les inégalités et dans la croyance qu’il est acceptable de traiter les femmes et les filles de cette façon.

« Tous les jours, à chaque minute, des millions de femmes et de filles dans le monde subissent des violences, souligne Winnie Byanyima, directrice générale d’Oxfam International. Du mariage d’enfants au meurtre en passant par la mutilation génitale, les violences faites aux femmes et aux filles restent vivaces dans le monde entier. Ces violences maintiennent les femmes et les filles dans la pauvreté, et les femmes et les filles les plus sujettes aux violences sont celles qui vivent dans la pauvreté. C’est un cercle vicieux. Mais on peut en sortir, car ce qui est appris peut être désappris. Ça suffit ! »

Pour mettre fin à ces pratiques désastreuses à l’encontre de la moitié de l’humanité, Oxfam lance des campagnes au Maroc, en Indonésie, en Inde, au Pakistan, au Guatemala, en Afrique du Sud et en Zambie, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, fixée au 25 novembre par les Nations unies. Au fil du temps, plus de 30 pays se joindront à cette campagne. Oxfam mobilisera les citoyennes et citoyens, mais aussi les responsables politiques contre les discriminations qui encouragent la maltraitance des femmes et des filles.

« Au Maroc, les violences faites aux femmes et aux filles prennent plusieurs formes : physique, psychologique, économique et légale, en particulier lors d’un divorce, confie Saïda* à Oxfam. Mon mari m’a contrainte à divorcer parce que je n’acceptais pas qu’il ait une seconde épouse. Avec ma petite fille, il m’a forcée à quitter la maison, qui était à lui officiellement. En dépit des lois, les mentalités n’évoluent que très lentement. Ni l’avocat ni le juge ne m’ont aidée. » Avec le soutien d’Oxfam, Saïda a participé à des ateliers de formation dans lesquels elle a appris à subvenir à ses propres besoins et à ceux de sa fille. Elle est à présent conseillère et aide d’autres femmes à faire valoir leurs droits.

« Les filles sont confrontées à des difficultés à tous les stades de leur vie. Elles n’ont pas droit à la même éducation que les garçons, explique Komal, une jeune élève de 12 ans, à Hamirpur, dans l’État indien de l’Uttar Pradesh. Selon les données 2015 du gouvernement indien, c’est la région du pays qui a enregistré le plus d’actes de violence à l’encontre des femmes et des filles, et plus de 40 % des femmes y sont analphabètes. Il y a encore quelques années, les filles ici étaient généralement retirées de l’école pour s’occuper de leurs frères et sœurs, aider leurs parents dans les activités agricoles ou assurer les tâches ménagères. Grâce à l’action d’Oxfam, les filles de la région sont désormais scolarisées et beaucoup pratiquent un sport de combat, tel que la lutte. « Avec le soutien de mon professeur, mes parents me laissent faire de la compétition. J’ai gagné la médaille d’argent à une compétition d’État. J’ai prouvé à ma communauté que les filles peuvent elles aussi réussir », se réjouit Komal.

En Indonésie, les mariages d’enfants et les violences domestiques sont des pratiques courantes et tolérées. Aujourd’hui, Cheper, qui a épousé sa femme alors qu’elle était encore une enfant, mène campagne contre le mariage d’enfants et les violences faites aux femmes au sein de sa communauté. « Pendant mon enfance, j’ai souvent vu mon père frapper ma mère, raconte-t-il à Oxfam. Cela me donnait envie de le conduire à la police, mais je ne l’ai jamais fait. Dans la région, c’était considéré comme normal. » Les femmes sont en général tenues à l’écart des assemblées villageoises, mais grâce au travail de Cheper, les choses changent. Sa femme envisage également de travailler à l’extérieur.

« Les organisations et mouvements de défense des droits des femmes dénoncent de longue date l’existence et l’acceptabilité des violences faites aux femmes et aux filles. Mais c’est une injustice si profondément enracinée dans les sociétés du monde entier que nous devons nous mobiliser en plus grand nombre. Oxfam a la ferme volonté d’éradiquer ce fléau, pour le bien de toutes et tous, puisque les droits des femmes sont aussi des droits humains », insiste Winnie Byanyima, qui est également membre du Groupe de haut niveau des Nations unies sur l’autonomisation économique des femmes.

« J’appelle tout le monde à se mobiliser et à s’élever contre ces violences. Les hommes aussi doivent se mobiliser et rappeler que les violences faites aux femmes et aux filles ne sont pas acceptables, au sein de nos institutions comme dans le reste du pays. » En Zambie, où 17 % des femmes sont victimes de violences sexuelles au cours de leur vie, Nalishebo Kashina, une étudiante de 20 ans, fait partie des nombreuses autres citoyennes et citoyens qui s’attachent à défendre les droits des femmes et des filles.

De même, au Guatemala, où les autochtones sont confrontées à la violence et au racisme, des femmes s’attaquent aux causes profondes des violences. María Morales Jorge, qui a contribué à créer l’Institut pour la défense des femmes autochtones, explique à Oxfam : « Nous avons toutes et tous un rôle à jouer pour changer la donne et rejeter la violence et l’oppression. Nous devrions toutes et tous avoir la possibilité de vivre heureux. »

La campagne d’Oxfam vise à dénoncer et rectifier l’idée fausse selon laquelle les hommes sont supérieurs aux femmes. Pour ce faire, Oxfam aidera les individus et les communautés à comprendre les facteurs de violence et à renforcer leur capacité à dire : Ça suffit ! Stop aux attitudes et comportements néfastes. Oxfam s’emploiera également à apporter un soutien aux organisations et mouvements de défense des droits des femmes et à développer et appliquer les lois et politiques visant à mettre fin aux violences faites aux femmes et aux filles.

« Avant, je croyais que le mariage était tout dans la vie : le présent et l’avenir. Maintenant, je pense que la vie, c’est bien plus qu’un mari. C’est aussi avoir un travail, voyager et étudier », affirme Saïda, survivante de violence et militante des droits des femmes au Maroc.

Notes aux rédactions

1. Pour le lancement de la campagne « Ça suffit ! Ensemble, mettons fin aux violences faites aux femmes et aux filles », Oxfam organisera une série d’événements au Maroc, en Indonésie, en Inde, au Pakistan, au Guatemala, en Afrique du Sud et en Zambie : festivals cinématographiques, concours de dessin dans les écoles pour la conception d’affiches appelant à se mobiliser contre les mariages d’enfants, décoration de rickshaws avec des messages promouvant l’égalité hommes-femmes, concerts féministes et théâtre de rue. Pour rejoindre la campagne « Ça suffit ! Ensemble, mettons fin aux violences faites aux femmes et aux filles ».

2. Statistiques mondiales sur les violences faites aux femmes et aux filles :

http://www.unwomen.org/fr/what-we-do/ending-violence-against-women/facts-and-figures 
https://www.lshtm.ac.uk/newsevents/news/2013/gender_violence_report.html

3. La Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le 25 novembre, marque le début de la campagne mondiale « 16 jours d’activisme » contre les violences basées sur le genre, qui se termine le 10 décembre, Journée internationale des droits humains.

4. Données 2015 du gouvernement indien sur les actes de violence envers les femmes et les filles enregistrés dans l’Uttar Pradesh

5. Taux d’analphabétisme en Inde

6. Statistiques sur les violences sexuelles en Zambie

*Saïda : son nom a été changé.

Contact

Oxfam a des porte-paroles pouvant s’exprimer en anglais et en espagnol. 

Dannielle Taaffe – dannielle.taaffe@oxfaminternational.org / +353 83 869 5416