Des communautés à bout de souffle du Sud-Soudan ouvrent leurs portes aux réfugiés soudanais

Publié: 18th mai 2023

Une aide internationale urgente est nécessaire pour venir en aide aux populations en difficulté 

Des milliers de communautés du Sud-Soudan ouvrent leurs portes et offrent leurs maigres ressources aux réfugiés qui fuient le conflit du Soudan voisin. Oxfam appelle les pays donateurs à intervenir pour éviter une catastrophe.

Au cours d'une visite de trois jours au Sud-Soudan, la directrice d'Oxfam en Afrique, Fati N'Zi Hassane, a rendu visite aux équipes et aux partenaires d'Oxfam à Akobo, dans l'État de Jonglei, l'une des régions les plus touchées.

À Akobo, N'Zi Hassane a rencontré des familles, dont des mères et des enfants, forcées de fuir leur foyer au Soudan et en Éthiopie en raison du conflit. Nombre d'entre elles vivent désormais avec des familles sud-soudanaises, elles-mêmes déplacées par peur des attaques, des enlèvements et de l'aggravation des effets du changement climatique.

"Parmi les habitants d'Akobo, il y a ceux et celles qui ont tout simplement épuisé toutes les possibilités de joindre les deux bouts. Il ne leur reste absolument rien. Malgré les nombreuses difficultés, nous avons rencontré des mères qui partagent le peu qu'elles ont avec d'autres personnes nouvellement déplacées et leurs enfants. Les gens ici font ce qu'ils peuvent, il est maintenant temps que la communauté internationale se mobilise et soutienne les populations du Soudan et du Sud-Soudan", a déclaré N'Zi Hassane.

Les combats au Soudan aggravent rapidement la situation humanitaire au Sud-Soudan, où deux Sud-Soudanais sur trois souffrent déjà d'une faim extrême. Plus de 60 000 personnes ont déjà franchi la frontière avec le Sud-Soudan et jusqu'à 6 000 personnes ou plus arrivent chaque jour, mettant à rude épreuve des ressources déjà très sollicitées.

« Alors que toute l’attention est sur la crise au Soudan, nous devons agir sur les conséquences tragiques qu’elle entraîne juste à côté. Au cours des cinq dernières années, le Sud-Soudan a toujours été la nation la plus affamée du monde. 43 000 personnes sont déjà menacées de famine. Le nombre de personnes souffrant de la faim devrait atteindre plus de 7,8 millions d'ici juillet », a déclaré N'Zi Hassane.

Le Soudan est une voie de transport et de commerce vitale pour le Sud-Soudan et une source importante d'importations de sorgho dans la région. Les combats et l'instabilité ont perturbé cette route, faisant grimper en flèche les prix des denrées alimentaires, qui étaient déjà à des niveaux historiquement élevés.

Nyaguka Jiek, 25 ans, fait partie de celles qui hébergent les nouveaux arrivants : "De nombreuses mères fuient la violence et n'ont nulle part où aller avec leurs enfants. Je pense que ma seule option est d'aider, même si je n'ai pas assez d'argent pour subvenir aux besoins de ma propre famille. Dans ma petite hutte, je vis avec quatre mères nouvellement arrivées et leurs 11 enfants. Je partage avec elles notre ration alimentaire", a-t-elle déclaré.

En collaboration avec des partenaires locaux, Oxfam répond aux besoins les plus critiques de la population d'Akobo, notamment en creusant ou réparant des puits pour obtenir de l'eau potable, et en fournissant de la nourriture et des installations sanitaires. N’Zi Hassane a déclaré qu'Oxfam intensifierait son travail, en collaboration avec les communautés locales et la société civile, afin de soutenir les responsabilités et les efforts humanitaires du gouvernement. 
Oxfam vise à atteindre 500 000 personnes grâce à son travail avec ses partenaires au Sud-Soudan au cours de cette année, en leur fournissant de la nourriture, de l'eau potable et des installations sanitaires.

N'Zi Hassane a plaidé en faveur d'une augmentation des ressources internationales pour la réponse humanitaire globale au Sud-Soudan. À ce jour, a-t-elle déclaré, moins d'un tiers (27 %) de l'appel des Nations unies pour le Sud-Soudan, d'un montant de 1,7 milliard de dollars, a été collecté, tandis que 96,1 millions de dollars supplémentaires sont nécessaires pour les réfugiés dans le cadre du plan régional d'intervention auprès des réfugiés du Sud-Soudan.
 

Notes aux rédactions

Actuellement, 9,4 millions de personnes, soit 76 % de la population du Sud-Soudan, ont besoin d'une aide humanitaire. On estime que 7,8 millions de personnes sont confrontées à l'insécurité alimentaire, dont beaucoup dans des conditions catastrophiques, notamment plus de 1,4 million d'enfants de moins de cinq ans qui souffrent de malnutrition aiguë.

Depuis la première édition du Rapport mondial sur les crises alimentaires en 2017, le Soudan du Sud s'est toujours classé parmi les huitièmes pires crises alimentaires en termes de nombre de personnes en situation de crise ou pire (phase 3 de l'IPC ou supérieure). 

En janvier 2018, on estimait que 5,3 millions de personnes (48 % de la population) au Soudan du Sud étaient confrontées à une insécurité alimentaire aiguë de crise et d'urgence (phases 3 et 4 de l'IPC), parmi lesquelles 1 million de personnes étaient confrontées à une insécurité alimentaire aiguë d'urgence (phase 4 de l'IPC) selon la Classification intégrée des phases de la sécurité alimentaire.

En novembre 2022, environ 6,6 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population du Soudan du Sud (54 %), ont connu une insécurité alimentaire aiguë, classée en crise (phase 3 de l'IPC) ou pire entre octobre et novembre. Source : Classification intégrée des phases de la sécurité alimentaire.

Entre avril et juillet 2023, la population IPC3+ devrait être de 7,76 millions de personnes selon le rapport sur la classification intégrée de la sécurité alimentaire publié en novembre 2022.

L'appel humanitaire pour le Sud-Soudan n'a recueilli pour l'instant que 424 millions de dollars (25 %) sur un total de 1,7 milliard de dollars (UNOCHA).
 

Contact

Dominic Kango Amos | Chargé média au Sud Soudan | dkango@oxfam.org.uk | +211 928695520 
Fatuma Noor | Chargée média, Oxfam en Afrique | Fatuma.Noor@Oxfam.org | +254 723 944 682 
Simon Trépanier | Chef média, Oxfam en Afrique | Simon.Trepanier@oxfam.org| +39 388 850 9970
Victor Oluoch | Chargé média, Oxfam en Afrique | victor.oluoch@oxfam.org | +254 721 57 18 73