Oxfam lance un nouveau programme d’aide aux réfugiés sur le continent européen
L’aide apportée par la communauté internationale aux Syriennes et Syriens à l’intérieur ou à l’extérieur de leur pays s’avère tout à fait insuffisante. Oxfam fait ce constat sans appel dans un nouveau rapport publié aujourd’hui : « Solidarité avec le peuple syrien » analyse dans quelle mesure les pays riches et puissants contribuent équitablement aux efforts de financement de l’aide humanitaire, de réinstallation des réfugiés et de diplomatie pour mettre fin au bain de sang.
Ce rapport coïncide avec la décision d’Oxfam de démarrer un nouveau programme humanitaire en Serbie. Ce programme, d’un montant d’un million d’euros environ à terme, viendra en aide à une partie des milliers de personnes, dont bon nombre de Syriennes et Syriens, qui cherchent refuge en Europe et se trouvent démunies face à l’hiver qui approche dans les Balkans. Oxfam est active dans les neuf principaux pays d’origine des réfugiés à travers le monde, ainsi que dans les pays d’accueil voisins de la Syrie, comme le Liban et la Jordanie.
Solidarité avec le peuple syrien
Oxfam juge superficiels et hypocrites les efforts de la communauté internationale pour mettre fin aux violences et régler la crise, surtout maintenant que les combats s’intensifient. De plus, les flux d’aide sont loin de suffire pour permettre aux Syriennes et Syriens de vivre en sécurité et dans la dignité. Nombre de pays ne font que mine de s’engager à accorder refuge à celles et ceux qui sont parvenus à fuir les violences. La volonté politique d’honorer les engagements déjà pris fait manifestement défaut : seulement 17 000 personnes ont bénéficié de la réinstallation dans un pays tiers depuis le début de la crise.
Certes des pays font mieux que d’autres, mais il est difficile de trouver des États exemplaires hors des proches voisins de la Syrie et des exceptions louables que sont l’Allemagne et la Norvège. Le rapport d’Oxfam montre que si quelques pays donateurs font relativement bonne figure dans certains domaines, beaucoup manquent à tous leurs devoirs.
« Les réfugiés de Syrie et d’autres pays ont le droit de vivre à l’abri de la violence et dans la dignité, de recevoir une aide qui réponde à leurs besoins fondamentaux et de trouver asile, insiste Winnie Byanyima, directrice générale d’Oxfam International. À ces trois égards, ils sont laissés pour compte. Tant que rien ne sera fait dans ces domaines, on ne verra pas la fin des souffrances de la population syrienne. »
- La communauté internationale n’empêche pas l’escalade des violences et n’en fait pas assez pour garantir la protection de la population civile en Syrie. Seule une poignée de pays peut se targuer d’avoir fait sa part en matière de financement de l’aide humanitaire et de réinstallation des réfugiés. La Russie (aide 1 %, aucune réinstallation) et la France (aide 22 %, réinstallation 5 %) affichent des résultats médiocres sur ces deux points.
- Le Royaume-Uni, les États-Unis et le Koweït ont certes donné des sommes considérables (apportant respectivement 229 %, 72 % et 538 % d’une contribution équitable), mais ils ne se sont pas montrés généreux dans leurs offres d’accueillir les réfugiés les plus vulnérables (26 % et 8 % pour le Royaume-Uni et les États-Unis respectivement, le Koweït n’ayant réinstallé aucun réfugié) . L’Allemagne et la Norvège montrent l’exemple, faisant preuve de générosité sur le plan du financement de l’aide (75 % et 186 % de leur part respective) comme de la réinstallation (112 % et 293 % de leur part respective).
- En comparaison, on estime que la Jordanie, pays qui accueille 628 000 réfugiés syriens, a dépensé 870 millions de dollars par an pour faire face à cette crise, ce qui représente 5 622 % de ce que serait sa contribution équitable.
Alors que l’usage de bombes-barils, les massacres, les attaques aériennes et les tirs au mortier se poursuivent en Syrie, l’aide humanitaire s’amenuise et les conditions de vie dans les pays voisins deviennent de plus en plus difficiles. La crise liée aux déplacements massifs de la population syrienne s’étend et se durcit. Oxfam affirme que, si l’on n’y remédie pas, ces insuffisances ajouteront au bain de sang et à la peur et intensifieront la crise des réfugiés syriens, qui s’enlisera toute une génération durant.
« L’intervention humanitaire faiblit par manque de fonds – ou plus précisément, par manque de volonté politique de dégager des fonds, dénonce Andy Baker, qui dirige les opérations humanitaires d’Oxfam face à la crise en Syrie. Les pays riches n’ont pas écouté les mises en garde. Les réfugiés les plus vulnérables, qui représentent 10 % des Syriennes et Syriens enregistrés, ont un besoin cruel et pressant de possibilités de réinstallation. »
« En Syrie, les violences s’intensifient, alimentées par la division de la communauté internationale et les transferts d’armes et de munitions aux parties belligérantes. Face à cette situation des plus sombres, nombre de Syriennes et Syriens se jettent littéralement à l’eau en quête d’un avenir meilleur. »
Nouveau programme humanitaire d’Oxfam en Serbie
Oxfam distribuera du matériel à celles et ceux qui sont parvenus jusqu’en Serbie pour les aider à faire face à l’hiver qui approche. L’organisation concentrera ses efforts dans les villes de Šid, à la frontière avec la Croatie, de Dimitrovgrad, à la frontière avec la Bulgarie, et de Preševo/Miratovac, à la frontière avec la Macédoine. Elle y installera des toilettes, des douches et des points d’eau. Oxfam s’efforce de mobiliser un million de dollars pour financer ce programme.
« À leur arrivée ici, les gens sont épuisés. Ils ont faim et soif, et ont souvent besoin de soins médicaux, explique Riccardo Sansone, coordinateur de l’aide humanitaire d’Oxfam en Serbie. Ils sont traumatisés et ont souvent été maltraités par les passeurs et les réseaux de traite d’êtres humains. Les infrastructures d’eau et d’assainissement sont en outre insuffisantes le long des routes de migration, car la Serbie n’avait pas anticipé un tel afflux. »
Riccardo Sansone loue les efforts déployés par le gouvernement serbe pour se préparer à recevoir les réfugiés et estime qu’il convient de les renforcer et les soutenir. La Serbie a fait appel à l’aide internationale. Les réfugiés se voient déjà confrontés à la perspective d’un hiver glacial. « Des familles avec de jeunes enfants dorment dehors dans des parcs, des gares routières et ferroviaires et aux points de passage. Ils sont très exposés aux risques de vol, de violences sexuelles et d’autres mauvais traitements », observe-t-il.
Notes aux rédactions
- Vous pouvez consulter ce communiqué en version arabe
- L’analyse complète des promesses de financement et de réinstallation faites à ce jour est disponible. Les évaluations précédentes des contributions équitables des différents pays pour 2014 et début 2015 sont également disponibles.
- Le rapport d’Oxfam examine deux indicateurs clés afin de déterminer le niveau d’engagement qui serait requis pour que chaque pays riche contribue équitablement à alléger les souffrances des personnes touchées par la crise en Syrie :
- La contribution de chaque pays au financement des efforts humanitaires par rapport à son poids économique (selon le revenu national brut).
- Le nombre de réfugiés syriens dans les pays voisins auxquels chaque État a promis d’accorder refuge par des offres de réinstallation ou d’autres formes de protection humanitaire, là encore par rapport à la taille de l’économie du pays donateur. Cela ne comprend pas le nombre de personnes ayant demandé et reçu le droit d’asile, dans la mesure où les États ont, en vertu du droit international, des obligations précises vis-à-vis des personnes qui arrivent sur leur territoire en demandant l’asile.
- La réinstallation est une solution par laquelle un pays tiers (autre que le pays fui par le réfugié, le premier pays d’asile et le pays de résidence habituelle) offre à une personne le statut de réfugié sur son territoire. Par exemple, il peut s’agir d’un réfugié de Syrie vivant en Jordanie, auquel les États-Unis d’Amérique offrent un statut officiel, ainsi que les services connexes d’accueil et d’appui à l’intégration.
- La répartition désigne le transfert de demandeurs d’asile entre pays membres de l’Union européenne. C’est une procédure intracommunautaire dans le cadre de laquelle les États membres conviennent de traiter une partie des dossiers pour les pays qui reçoivent un grand nombre de demandeurs d’asile sur leur territoire.
Contact
Attila Kulcsar, chargé de relations presse Humanitaire et Droits en situation de crise
Tél. portable : +447471 142974 | attila.kulcsar@oxfaminternational.org
Joëlle Bassoul, chargée de relations presse Réponse à la crise en Syrie
Tél. portable : +961-71525218 | jbassoul@oxfam.org.uk
- Vous pouvez consulter ce communiqué en version arabe
- L’analyse complète des promesses de financement et de réinstallation faites à ce jour est disponible. Les évaluations précédentes des contributions équitables des différents pays pour 2014 et début 2015 sont également disponibles.
- Le rapport d’Oxfam examine deux indicateurs clés afin de déterminer le niveau d’engagement qui serait requis pour que chaque pays riche contribue équitablement à alléger les souffrances des personnes touchées par la crise en Syrie :
- La contribution de chaque pays au financement des efforts humanitaires par rapport à son poids économique (selon le revenu national brut).
- Le nombre de réfugiés syriens dans les pays voisins auxquels chaque État a promis d’accorder refuge par des offres de réinstallation ou d’autres formes de protection humanitaire, là encore par rapport à la taille de l’économie du pays donateur. Cela ne comprend pas le nombre de personnes ayant demandé et reçu le droit d’asile, dans la mesure où les États ont, en vertu du droit international, des obligations précises vis-à-vis des personnes qui arrivent sur leur territoire en demandant l’asile.
- La réinstallation est une solution par laquelle un pays tiers (autre que le pays fui par le réfugié, le premier pays d’asile et le pays de résidence habituelle) offre à une personne le statut de réfugié sur son territoire. Par exemple, il peut s’agir d’un réfugié de Syrie vivant en Jordanie, auquel les États-Unis d’Amérique offrent un statut officiel, ainsi que les services connexes d’accueil et d’appui à l’intégration.
- La répartition désigne le transfert de demandeurs d’asile entre pays membres de l’Union européenne. C’est une procédure intracommunautaire dans le cadre de laquelle les États membres conviennent de traiter une partie des dossiers pour les pays qui reçoivent un grand nombre de demandeurs d’asile sur leur territoire.
Attila Kulcsar, chargé de relations presse Humanitaire et Droits en situation de crise
Tél. portable : +447471 142974 | attila.kulcsar@oxfaminternational.org
Joëlle Bassoul, chargée de relations presse Réponse à la crise en Syrie
Tél. portable : +961-71525218 | jbassoul@oxfam.org.uk