La ruée sur les terres accable les plus démunis, s’alarment des écrivains et artistes du monde entier

Publié: 4th octobre 2012

Kristin Davis, Gael Garcia Bernal et Angélique Kidjo appellent la Banque mondiale à suspendre les transactions foncières

Des artistes de renommée internationale, dont les écrivains Paul Theroux, Kamila Shamsie, Henning Mankell et Aminatta Forna, les chanteurs Angélique Kidjo et Baaba Maal, la star de la sitcom « Au cœur de l’action » Peter Capaldi, l’acteur mexicain Gael Garcia Bernal et l’actrice de « Sex and the City » Kristin Davis, ont rejoint la campagne de lutte contre l’accaparement des terres dans les pays en développement, lancée par Oxfam. Ils appellent la Banque mondiale à donner l’exemple en instaurant un gel temporaire de ses transactions foncières le temps de mettre en place des contrôles plus stricts afin d’éviter que les populations pauvres ne se retrouvent pénalisées.

Depuis maintenant une dizaine d’années, les investisseurs étrangers s’arrachent les terres des pays en développement dans des proportions inédites. Une surface équivalant à celle de Londres change de propriétaire tous les six jours. Des réglementations faibles n’ont cependant pas permis de protéger les droits et les besoins des personnes vivant sur ces terres. Celles-ci se retrouvent souvent expulsées, parfois avec violence, sans consultation préalable ni dédommagement. L’accaparement des terres plonge ainsi des personnes vulnérables dans le dénuement le plus complet, les privant des terres qui leur permettaient de se nourrir et de gagner leur vie.

Pour Angélique Kidjo, ambassadrice d’Oxfam, « il est capital de régler le problème. Les investissements fonciers devraient bénéficier aux communautés locales, au lieu de les chasser de chez elles et de les priver de leur unique moyen de subsistance. »

Des terres qui pourraient nourrir 1 milliard de personnes

Des terres d’une superficie égale à huit fois la taille du Royaume-Uni ont été vendues dans le monde au cours des dix dernières années. Ces terres pourraient nourrir un milliard de personnes, soit le nombre de personnes qui se couchent le ventre vide chaque soir.

Dans une lettre ouverte à la Banque mondiale, des écrivains et artistes du monde entier déclarent : « Après la ruée vers l’or, puis la ruée vers le pétrole, voici la ruée du XXIe siècle vers l’or brun, les terres. Un scandale larvé auquel nous devons mettre fin. En Afrique, une superficie équivalant à celle du Kenya a été acquise à des fins agricoles par des investisseurs étrangers en dix ans. Au Liberia, 30 % du territoire national a fait l’objet de transactions foncières en seulement cinq ans. L’actuelle flambée des prix alimentaires pourrait déclencher une nouvelle vague d’accaparements de terres par des investisseurs en quête de profits. Il faut prendre des mesures de protection au plus vite. »

La montée des prix alimentaires, l’augmentation de la demande de foncier pour l’agriculture vivrière et les efforts menés pour atteindre des objectifs de production et de consommation d’agrocarburants qui s’avèrent préjudiciables, détournant l’agriculture de sa vocation alimentaire pour remplir les réservoirs, sont quelques-uns des facteurs favorisant la ruée sur les terres.

La Banque mondiale doit geler les investissements fonciers

Oxfam appelle la Banque mondiale à agir pour prévenir l’accaparement des terres et à instaurer un gel temporaire de ses grands investissements fonciers. La Banque mondiale a pour mission de lutter contre la pauvreté dans le monde et, par son rôle d’investisseur foncier et de conseiller auprès des pays en développement, est la mieux placée pour mener la lutte contre l’accaparement des terres. Brièvement suspendre ses investissements donnera à la banque le temps de mettre de l’ordre dans ses propres affaires, d’établir des normes pour les investisseurs et d’instaurer des mesures plus rigoureuses qui permettront de mettre fin à l’accaparement des terres.

Les personnes souhaitant marquer leur soutien peuvent signer la pétition d’Oxfam à l’adresse suivante : www.oxfam.org/terres

Les investissements fonciers devraient bénéficier aux communautés locales, au lieu de les chasser de chez elles et de les priver de leur unique moyen de subsistance.
Angélique Kidjo
Ambassadrice d'Oxfam

Notes aux rédactions

Lettre ouverte au président de la banque mondiale :

Monsieur,

Depuis maintenant une dizaine d’années, les investisseurs étrangers s’arrachent les terres des pays en développement dans des proportions inédites. Une superficie équivalant à celle de Londres change de propriétaire tous les six jours. Les réglementations scandaleusement faibles ne permettant pas d’assurer que ces transactions se déroulent dans de bonnes conditions, des communautés pauvres se trouvent confrontées au risque de perdre leurs terres.

La terre est un moyen essentiel pour ces communautés de produire de quoi se nourrir, gagner leur vie et ainsi sortir de la pauvreté. Malheureusement, du Guatemala au Ghana, suite aux accaparements de terres, des personnes sont dépouillées, souvent avec violence, de leur habitation et de leurs terres, indispensables à leur survie. En l’absence de dédommagement, beaucoup se heurtent à des difficultés insurmontables pour reconstruire leur vie.

Après la ruée vers l’or, puis la ruée vers le pétrole, voici la ruée du XXIe siècle vers l’or brun, les terres. Un scandale larvé auquel nous devons mettre fin. En Afrique, une superficie équivalant à celle du Kenya a été acquise à des fins agricoles par des investisseurs étrangers en dix ans. Au Liberia, 30 % du territoire national a fait l’objet de transactions foncières en seulement cinq ans. L’actuelle flambée des prix alimentaires pourrait déclencher une nouvelle vague d’accaparements de terres par des investisseurs en quête de profits. Il faut prendre des mesures de protection au plus vite.

La Banque mondiale joue à la fois le rôle de conseiller et d’investisseur dans les transactions foncières. Elle a également pour mission de lutter contre la pauvreté dans le monde. Compte tenu de son influence, nous, ambassadeurs et sympathisants d’Oxfam, appelons la Banque mondiale à aider à prévenir les accaparements de terres en instaurant un gel temporaire de ses propres investissements fonciers, le temps d’améliorer les normes dans le domaine. Une telle mesure aurait en outre valeur d’exemple.

La Banque mondiale peut changer les choses. Nous aussi, nous le pouvons en exigeant qu’elle agisse sans plus attendre.

Liste complète des signataires de la lettre ouverte à la Banque mondiale : 

  • Aminatta Forna, écrivaine, Royaume-Uni/Sierra Leone
  • Angélique Kidjo, chanteuse, Bénin
  • Anjum Anand, cheffe cuisinière, auteure et présentatrice d’émissions culinaires, Royaume-Uni
  • Baaba Maal, chanteur, Sénégal
  • Gael Garcia Bernal, acteur, Mexique
  • Hari Kunzru, écrivain et journaliste, Royaume-Uni
  • Henning Mankell, écrivain, Suède
  • Kamila Shamsie, écrivaine, Pakistan
  • Kristin Davis, actrice, États-Unis
  • Livia Firth, fondatrice d’Eco Age, Italie
  • Paul Theroux, écrivain, États-Unis
  • Peter Capaldi, acteur, Royaume-Uni
  • Rahul Bose, acteur, Inde
  • Robin Ince, comique et acteur, Royaume-Uni
  • Rokia Traoré, chanteuse, Mali
  • Tim Butcher, écrivain et journaliste, Royaume-Uni
  • William Boyd, écrivain, Royaume-Uni/Ghana

Contact

Lucy Brinicombe, +44 (0)1865 472192 / +44 (0)7786 110054 / lbrinicombe@oxfam.org.uk / Twitter: @lucybrinicombe