Les pays riches sont toujours loin de tenir leurs promesses d'aide au développement

Publié: 14th avril 2010

Publiées aujourd'hui, les données 2009 relatives à l'aide au développement font ressortir un constat très clair : les promesses d'aide faites aux pays pauvres sont toujours loin d'être réalisées.

Si les chiffres rendus publics aujourd'hui par l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) démontrent que l'aide au développement totale a légèrement augmenté – passant de 122 milliards à 123 milliards de dollars – l'aide a en réalité diminué de 3,5 milliards de dollars si l'on compare ce montant avec les augmentations des prix de l'année dernière. Et ce, au moment même où la Banque mondiale estime que la crise financière a coûté la vie à 50.000 enfants supplémentaires dans les pays d'Afrique subsaharienne.
« Les belles promesses des pays donateurs répondent à peine aux besoins des pays pauvres, qui ressentent désormais de plein fouet l'impact de la crise économique » explique Max Lawson, porte-parole d'Oxfam. « Il est scandaleux que plus de la moitié des pays riches aient réduit leur aide cette année et aient diminué la part du RNB mis à disposition de l'aide au développement : ils n'accordent plus que 0,31 dollar par tranche de 100 dollars ! »
Il y a quarante ans*, les pays riches ont promis de consacrer 0,7% de leurs revenus annuels à l'aide au développement. Jusqu'à présent, seuls cinq pays d'Europe – la Suède, la Norvège, le Danemark, le Luxembourg et les Pays-Bas – ont réalisé cet objectif.

Une question de volonté politique

Les chiffres révèlent que certains donateurs ont augmenté leur aide. Cela prouve que même en temps de crise économique, il est possible de respecter les promesses internationales lorsque la volonté politique est au rendez-vous.
« Certains pays comme la Belgique et le Royaume-Uni ont fait des efforts pour augmenter leur aide mais d'autres pays nous déçoivent énormément », poursuit Lawson. « L'aide au développement italienne a chuté de 31 pour cent, l'irlandaise de 18,9 pour cent, l'allemande de 12%, la japonaise de 10,7% et la canadienne de 9,5%. »
« C'est l'heure de vérité : pour réaliser les Objectifs du Millénaire d'ici 2015, l'aide doit absolument augmenter. La crédibilité des dirigeants internationaux est en jeu. Lors du sommet des Nations unies qui se tiendra en septembre, les pays riches devront absolument s'engager à suivre un échéancier strict, couplé à des obligations légales nationales, afin d'atteindre les 0,7%. »

L'aide peut sauver des vies

Une aide efficace peut sauver des vies. Ainsi, grâce à l'aide au développement, les soins de santé au Népal ont connu une amélioration flamboyante. Une série de réformes ont permis notamment de supprimer les frais de santé. Depuis 2006, la mortalité infantile des enfants de moins de 5 ans a diminué de 22%, la mortalité à la naissance a chuté de 38% et la mortalité maternelle de 19%. Depuis 1996, le pays a même enregistré une diminution de la mortalité maternelle de 58%. Une énorme réussite!
Une nouvelle recherche publiée lundi dernier** nous apprend également que la mortalité maternelle annuelle a diminué dans le monde entier, passant de plus d'un demi-million en 1980 à moins de 350.000 en 2008.
« Cette forte amélioration est due principalement à une aide dépensée efficacement », analyse Lawson. « Il est donc inimaginable que les pays riches fassent machine arrière alors que de telles victoires ont été décrochées dans la lutte contre la pauvreté. »
Dans un rapport consacré aux réussites et aux échecs de l'aide au développement (« L'aide au 21e siècle », à paraître à la fin du mois), Oxfam appellera les pays donateurs à tenir leurs promesses, à améliorer la qualité de l'aide, et à respecter les engagements légaux et les échéanciers nationaux afin de consacrer au moins 0,7% de leur revenu national à l'aide au développement. Pour Oxfam, toute cette l'aide doit d'ailleurs être consacrée à atteindre les objectifs de réduction de la pauvreté dans le monde.

Lors du sommet des Nations unies qui se tiendra en septembre, les pays riches devront absolument s'engager à suivre un échéancier strict, couplé à des obligations légales nationales, afin d'atteindre les 0,7%.

Notes aux rédactions

* En 1970, l'Assemblée générale de l'ONU a décidé de consacrer 0,7% du Revenu National Brut à l'aide au développement . En 2002, les pays riches ont confirmé cette promesse par le Consensus de Monterrey sur le financement du développement. Ils ont réitéré cette promesse lors du sommet du G8 de Gleaneagles de 2005, où les membres européens du G8 se sont de nouveau engagés à atteindre l'objectif de 0,7% en 2015. .

** Chiffres issus d'une étude publiée dans The Lancet.

  • Les contributions du Canada et du Japon, États membres du G8, ont chuté respectivement de 10,2% et de 9,5%..
  • L'aide des Etats-Unis a légèrement augmenté de 0,19 à 0,20% du PNB..
  • Le Royaume-Uni reste sur sa lancée d'augmentation, avec une aide passant de 0,43% du RNB en 2008 à 0,52 % en 2009.
  • La France a fait passer son aide de 0,39 à 0,46 % du RNB

15 États membres de l'UE ont promis de consacrer 0,7% de leur RNB à l'aide au développement pour 2015. 12 Etats membres de l'UE ont promis de consacrer 0,33% de leur RNB à l'aide au développement pour 2015. L'objectif commun de l'UE pour l'année prochaine est 0,56% du RNB pour l'aide au développement pour 2010. Mais il y a peu de chances que cet objectif soit atteint. 

Certains donateurs ont augmenté leur pourcentage d'aide mais dépensent toutefois moins dans la pratique.

  • Aux Pays-Bas, l'aide a légèrement augmenté en pourcentage de l'économie, mais les dépenses ont chuté de près de 600 millions de dollars.
  • L'Espagne a fait passer son pourcentage de 0,45 à 0,46 du RNB mais a déboursé 200 millions de dollars en moins. Un résultat décevant pour un pays assurant la présidence de l'UE.
  • Bien que la Suède et le Luxembourg aient consacré plus d'1% de leur RNB à l'aide, le montant total effectif de 2009 était inférieur à celui de 2008.