RD Congo : l'ONU doit agir en faveur de milliers de personnes laissées sans assistance

Publié: 9th mars 2011

A l'occasion de la visite de la cheffe du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), Valérie Amos, en République démocratique du Congo (RDC), Oxfam exhorte les Nations unies à ne pas manquer à leurs responsabilités envers des communautés privées d’une aide dont elles ont le plus grand besoin. 

Les Nations unies doivent prévoir un budget qui prenne en compte les besoins réels sur le terrain et mieux protéger les communautés contre les attaques, souligne l’organisation internationale. 

Des dizaines de milliers de personnes se retrouvent isolées, sans aide, à l’est du pays, soit en raison de l’insécurité, soit à cause du manque de financements internationaux. 

"Il est de plus en plus difficile et dangereux de fournir une aide de première nécessité à ces personnes qui ont quitté leur maison ou ont été victimes de violences, déclare Marcel Stoessel, responsable d’Oxfam en RDC. Sans les financements nécessaires et un minimum de sécurité, il est très difficile pour nous d’atteindre celles et ceux qui en ont le plus besoin.

Au nord-est de la RDC, où le plus violent et le plus ancien groupe rebelle d’Afrique, l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), continue de terroriser les communautés, l’insécurité entrave l’acheminement de l’aide humanitaire dont les populations ont pourtant tant besoin. D’autres zones de l’est du pays ressentent aujourd’hui les effets du déficit de financements de l’année dernière. Une diminution des demandes de financements de l’ONU cette année pourrait donc signifier qu’un nombre encore plus important de personnes ne recevra aucune aide en 2011, s’inquiètent s'inquiètent certaines ONG. 

Les deux premiers mois de 2011 ont connu un pic de violence et de déplacements de population en RDC. La LRA continue de s’attaquer aux communautés pauvres et isolées et ce quasi quotidiennement : 50 attaques ont ainsi été perpétrées au cours des 60 derniers jours. En janvier, le groupe rebelle a lancé plus d’attaques, enlevé plus d’enfants et tué plus de civils innocents, qu’au cours des trois mois précédents. 

A Dakwa, dans le Bas-Uélé, pendant toute une année les organisations humanitaires n'ont pas pu apporter d'aide à plus de 13 000 personnes qui avaient fui les attaques de la LRA, en raison du climat d'insécurité qui règne actuellement. Elles ont officiellement demandé le déploiement de Casques bleus afin de sécuriser l’accès à ces zones, il y a plus de six mois. Mais, à ce jour, ces populations vivent toujours sans aucune protection, ni aide. Les coupes budgétaires prévues ainsi que la réduction du nombre d’hélicoptères affrétés au transport au sein de la mission des Nations unies ne feront qu’aggraver ces problèmes. 

Plus loin au sud, dans la province du Sud-Kivu, plus de 200 personnes ont eu besoin de soins après les violences sexuelles qu’elles ont subies, en l’espace de quelques semaines, en janvier et février. Mais l’insécurité dans la province a perturbé les opérations humanitaires : les attaques contre le personnel humanitaire y ont en effet connu une augmentation de plus de 100 % depuis 2009.

A l’est du pays, l’instabilité continue de causer beaucoup de souffrances : plus d’1,7 million de personnes ne peuvent toujours pas retourner chez elles, généralement à cause des dangers encourus. Le budget du Plan d’action humanitaire de 2011, qui correspond aux demandes de financements de l’ONU auprès des bailleurs de fonds, a été réduit de 13% par rapport à 2010 et de 24% par rapport à 2009 alors que les déplacements, les violences à l’égard des civils et les besoins humanitaires restent en grande partie les mêmes. 

"Les opérations humanitaires et de maintien de la paix ne sont tout simplement pas suffisantes pour couvrir les immenses besoins sur le terrain, poursuit M. Stoessel. Nous manquons à nos obligations envers les femmes, les enfants et les hommes de l'est de la RDC. Il est inacceptable de ne pas distribuer de l’aide à ces personnes à cause du manque de sécurité et de financements." 

Mis à jour le 10/03/2011

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Il est de plus en plus difficile et dangereux de fournir une aide de première nécessité aux personnes qui ont quitté leur maison ou ont été victimes de violences.
Marcel Stoessel
Responsable d'Oxfam en RDC

Notes aux rédactions

1. Le Plan d’action humanitaire est le plan des Nations unies et de la communauté humanitaire pour une année. Il présente les besoins en financements estimés pour l’année à venir.

2. Alors que le Plan d’action humanitaire de 2010 a été sous-financé (seuls 59% des besoins étaient couverts mi-novembre), le Plan 2011 en RDC ne prévoit qu’un budget de 719 millions de dollars, contre 828 millions de dollars l’année précédente et 946 millions de dollars en 2009. 

3. Le Haut Commissariat des Nations unies aux réfugiés (UNHCR) rapporte que depuis janvier, la LRA intensifie ses attaques dans la province orientale. Le groupe rebelle aurait ainsi tué plus de 35 personnes, en aurait enlevé 104 et aurait entraîné le déplacement de 17 000 autres. Depuis le début de l’année, 52 raids auraient eu lieu.

4. Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) a rapporté plus de 202 attaques contre le personnel humanitaire en 2010, ce qui représente une augmentation de 10% dans l’ensemble du pays par rapport à l’année précédente et de 100% dans le Sud-Kivu. 

5. Oxfam aide actuellement plus de 800 000 personnes en RDC en fournissant de l’eau potable, des installations sanitaires et de l’aide alimentaire et en contribuant à améliorer l’accès à l’éducation et la protection.

Contact

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