République centrafricaine : la moitié de la population ne mange pas à sa faim

Publié: 30th mars 2017
  • Un an après la transition politique qui a amené Touadéra au pouvoir, 60 % du territoire est toujours entre les mains des groupes armés. 
  • 48 % de la population souffre de la faim et ne mange qu’une fois par jour. 

Un an après que la République centrafricaine a élu son nouveau président dans l’espoir d’un retour à la paix et à la stabilité et d’une réconciliation, Oxfam attire l’attention sur le fait que la violence et l’insécurité ont gagné du terrain depuis octobre dernier. 

Le 30 mars 2016, Faustin-Archange Touadéra était investi à la présidence après trois ans de transition politique. Il promettait de mettre fin à la violence et de garantir la protection de la population, épuisée par des années de conflit. Mais les affrontements entre de nouvelles coalitions de groupes armés ont déplacé 100 000 personnes au cours des six derniers mois(1) et Oxfam met en garde contre le risque d’un retour à la case départ. 

Malgré les progrès réalisés en matière de sécurité, 60 % du territoire reste entre les mains de groupes armés et, Ferran Puig, directeur d’Oxfam en République centrafricaine, s’inquiète du risque de déraillement : « Un an après l’élection, les promesses faites à des millions de Centrafricaines et Centrafricains n’ont pas été tenues et ceux-ci souffrent encore de la faim et de la violence. Les efforts du président ne pourront pas mettre fin aux souffrances de la population s’ils ne se matérialisent pas avec le temps et s’il n’y a pas de véritable soutien de la communauté internationale. »

Le pays reste extrêmement tributaire de l’aide humanitaire : 48 % de la population souffre de la faim et doit se contenter d’un seul repas par jour(2). Seulement 35 % ont accès à l’eau potable et 27 % à des services d’assainissement, selon les Nations unies. 
Malgré les besoins immenses, l’intervention humanitaire n’est à ce jour financée qu’à 5 % pour cette année. En 2016, seulement 36 % des fonds nécessaires ont été mobilisés, ce qui a généré un sous-financement chronique des opérations humanitaires.

Une situation alimentaire critique 

Près de 60 % des Centrafricaines et Centrafricains vivent de l’agriculture, mais seulement 37 % d’entre eux ont pu cultiver la terre en 2016, en raison du manque d’accès à la terre et de l’insécurité persistante, notamment dans les zones rurales. Selon les évaluations menées par Oxfam, 80 % des habitants dans ses zones d’intervention de Batangafo et Paoua, dans le nord du pays, affirment que leurs biens de production ont été volés ou pillés. 

De même, la production agricole dans cette région a diminué de 80 % au cours des trois dernières années à cause de l’insécurité(3) et du manque d’intrants agricoles. Cela a réduit les possibilités d’emploi, en particulier pour les familles les plus pauvres, dont la survie dépend de l’agriculture.

« La situation demeure critique : avant la crise, ces régions étaient les greniers du pays et entretenaient des liens commerciaux avec le Tchad et le Cameroun. Les activités agricoles sont à présent quasi paralysées et les promesses faites par le président de relancer l’économie et la production agricole ne pourront pas être tenues tant que l’insécurité persistera », explique Ferran Puig. 

Notes aux rédactions

(1) Source : OCHA http://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/OCHA_RCA_Communique%CC%81_de_presse_Yaounde%CC%81_16_MARS_2017.pdf

(2) Source : PAM, Enquête sur la sécurité alimentaire (ENSA) République centrafricaine http://documents.wfp.org/stellent/groups/public/documents/ena/wfp290682.pdf, décembre 2016, p. 24 

(3) Comparaison entre la saison agricole de 2012-2013 et de 2016-2017 

(4) Akinkunmi Akingbade, Ces 5 pays africains ont le plus grand nombre d’enfants réfugiés dans le monde, http://venturesafrica.com/these-5-african-countries-have-the-highest-number-of-fild-refugees -in-the-world/ 15 septembre 2016 

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