Est de la RDC : des dizaines de milliers de personnes contraintes de fuir suite à une recrudescence des violences

Publié: 2nd mai 2019

Oxfam et 17 autres organisations humanitaires ont annoncé aujourd’hui qu’une action urgente est nécessaire pour venir en aide aux dizaines de milliers de personnes contraintes de fuir leurs villages à la suite d'attaques armées dans l'est de la République démocratique du Congo. Les personnes forcées au déplacement se retrouvent prises au piège entre la frontière ougandaise et une région de la RDC en proie aux groupes armés et non loin de zones affectées par l'épidémie d'Ebola qui a déjà coûté la vie à plus de 950 personnes.

Les organisations signalent que cette situation humanitaire alarmante a été déclenchée par des attaques qui ont débuté le 30 mars et se sont poursuivies un mois durant sur le territoire de Beni, dans le Nord-Kivu. Selon les autorités sanitaires locales, plus de 60 000 personnes ont été déplacées au cours du mois d’avril seulement.

Sept mille d’entre elles sont actuellement hébergées dans une école primaire se trouvant à seulement 1 km de la frontière avec l'Ouganda. Le risque de propagation de maladies est élevé car la seule eau disponible provient de la rivière et l’école n’est équipée que de quelques toilettes. Aucune nourriture n’étant distribuée, le seul moyen pour ces personnes d’obtenir des vivres est de retourner dans leurs villages où elles ne se sentent pas en sécurité.

Tamba Emmanuel Danmbi-saa, responsable du programme humanitaire d'Oxfam en RDC alerte : « La situation est extrêmement préoccupante. Ces personnes craignent de rentrer chez elles et sont contraintes de vivre dans des conditions insalubres, dans une région où le virus Ebola constitue une menace importante. De la nourriture doit leur être fournie en urgence ainsi qu’un accès à des installations sanitaires, à de l’eau potable et à des services de santé adéquats ». 

Les organisations humanitaires informent qu’actuellement, le niveau de violence dans la région rend extrêmement difficile l’acheminement de l’aide humanitaire aux Congolais tandis que les autorités ougandaises se préparent à accueillir un nouvel afflux de réfugiés. En Ouganda, ces personnes pourraient avoir un meilleur accès aux services de base tels que les soins de santé, et bénéficier de la protection dont elles ont besoin. Cependant, il est extrêmement inquiétant de recevoir des informations selon lesquelles des personnes seraient empêchées de franchir la frontière ougandaise à au moins seize points de passage officiels.

En conséquence, certaines personnes déplacées n'ont pas d'autre choix que de retourner dans les villages qu’elles ont fui et où elles risquent de subir de nouvelles attaques. D'autres évitent les points frontières officiels et choisissent de traverser illégalement par les forêts le long de la frontière ou par bateau sur le lac Albert. Cela augmente également le risque de propagation du virus Ebola, car les personnes ne sont pas soumises au dépistage, comme elles le seraient aux postes frontières officiels.

Francis Iwa, directeur exécutif de l’organisation Care for Forced Migrants (CAFOMI), prévient : « Ces traversées non officielles placent les personnes en quête de refuge face à un risque accru et totalement inutile de violences et d'exploitation sexuelles. Une fois en Ouganda, elles évitent également les procédures d'immigration officielles et l'enregistrement en tant que réfugiés - ce qui signifie qu’elles risquent de ne pas être soumises au dépistage d'Ebola et qu'elles ne pourront pas accéder aux services qui ont été spécialement créés pour leur venir en aide. "

Elijah Okeyo, directeur pays de l’organisation International Rescue Committee en Ouganda, déclare : « Les gouvernements des deux côtés de la frontière doivent travailler avec la communauté humanitaire pour protéger les personnes déplacées et fournir l'aide dont elles ont besoin de toute urgence." 

Les organisations humanitaires, le HCR et le gouvernement ougandais se préparent à accueillir les personnes déplacées. Les 18 organisations humanitaires demandent aux autorités congolaises de veiller à ce que les personnes déplacées puissent se rendre librement et en toute sécurité en Ouganda.

Heather Kerr, directrice pays de Save the Children en RDC, s’alarme : « Nous estimons que ces violences ont causé le déplacement d’au moins 30 000 enfants qui vivent désormais dans des conditions épouvantables. Nombreux sont ceux qui auraient été témoins d’atroces violences, ayant vu les membres de leur famille attaqués et leurs maisons détruites. À présent ils sont exposés à des maladies telles que le virus Ebola, qui frappe le plus durement les enfants. C'est une situation inacceptable à laquelle nous devons remédier sans plus tarder ». 

Les 18 organisations humanitaires appellent les autorités congolaises et ougandaises, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, les organisations internationales et les donateurs à coopérer d'urgence et à mettre en commun leurs ressources pour que les personnes déplacées reçoivent l'aide dont elles ont besoin le plus rapidement possible. Ils doivent également s'assurer qu'ils sont prêts à faire face à un nouvel afflux de réfugiés en provenance de RDC et à répondre aux besoins des réfugiés qui sont déjà en Ouganda.
 

Notes aux rédactions

1. Des porte-paroles sont disponibles pour des entrevues. 

2. L’Ouganda accueille déjà plus de 1,2 million de réfugiés - le nombre le plus élevé en Afrique et l’un des plus élevés au monde. Les services destinés aux réfugiés sont extrêmement sollicités et le plan de réponse de 2019 pour les réfugiés congolais en Ouganda n'a été financé que jusqu'à 2%, avec seulement 8,1 millions de dollars reçus sur les 389,5 millions de dollars nécessaires.

3. En RDC, plus de 13 millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire. Avec 5 millions de personnes ayant fui leurs foyers, le pays connait la plus grande crise de déplacement interne en Afrique. Pendant la grande majorité de l’année 2018, le plan de réponse humanitaire des Nations Unies pour la RDC était inférieur à 30% et avait seulement atteint 45% à la fin de l’année. La réponse de 2019 connait actuellement un sous-financement à hauteur de 88% (https://fts.unocha.org/appeals/673/summary).

4. Les organisations qui soutiennent ce communiqué de presse sont les suivantes: Alliance ACT, Action contre la faim, Soins et Assistance aux Migrants Forcés, Care International, Catholic Relief Services, Cordaid, Conseil Danois pour les Réfugiés, Finn Church Aid, Conseil finlandais pour les réfugiés, International Rescue Committee, Service jésuite des réfugiés, Mercy Corps, Conseil norvégien pour les réfugiés, Oxfam, Save the Children, Swiss Church Aid, Uganda Joint Christian Council et War Child Hollande.


5. Les 18 organisations formulent les demandes suivantes :

  • Les autorités congolaises et la mission de maintien de la paix des Nations Unies (MONUSCO) devraient assurer la protection des personnes déplacées et faciliter leur accès aux services essentiels dont elles ont besoin. 
  • Les autorités congolaises devraient veiller à ce que les personnes déplacées soient libres de se déplacer, y compris pour traverser la frontière en toute sécurité et pour demander assistance et protection en Ouganda.
  • Les autorités congolaises et ougandaises doivent conjointement lancer et faciliter des opérations humanitaires transfrontalières afin de garantir aux personnes déplacées dans les zones limitrophes de l'Ouganda un meilleur accès aux services humanitaires en RDC.
  • Les autorités ougandaises et congolaises, le HCR, les organisations internationales et les donateurs doivent intensifier leur collaboration et mobiliser des ressources pour que les préparatifs nécessaires soient faits pour accueillir tout nouvel afflux de réfugiés de la RDC et pour répondre aux besoins des réfugiés déjà en Ouganda.
     

Contact

Scheherazade Bouabid (in DRC)  |   sbouabid1@oxfam.org.uk  |   +243 (0) 815 163 782

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