Zimbabwe: Oxfam demande au nouveau gouvernement de donner priorité à la crise humanitaire qui continue de s’aggraver

Publié: 10th février 2009

L’agence d’aide internationale Oxfam a accueilli positivement mais avec prudence les progrès effectués au Zimbabwe en vue de former un gouvernement d’unité nationale, mettant ainsi fin à une impasse politique de plusieurs mois. Oxfam lance un appel au nouveau gouvernement pour qu’il réponde sans plus tarder à la situation humanitaire qui se détériore rapidement dans un pays ravagé par le choléra et où plus de la moitié de la population a besoin d’aide alimentaire.« Nous espérons que le gouvernement d’unité nationale donnera priorité à la crise humanitaire et mobilisera toutes les ressources en son pouvoir afin que le pays se relève le plus rapidement possible, tout en travaillant pour y amener une stabilité générale, » confie Peter Mutoredzanwa, directeur régional d’Oxfam au Zimbabwe.Oxfam exhorte aussi le nouveau gouvernement à créer l’espace nécessaire permettant l’engagement actif de la société civile en tant que partenaire de la reconstruction du Zimbabwe. La société civile a un rôle crucial à jouer dans la résolution de la crise humanitaire actuelle et le développement du pays à long terme. Oxfam demande aussi au nouveau gouvernement de garantir, en plus des besoins essentiels, que soit respecté et protégé le droit des personnes à la liberté d’expression et de mouvement, ainsi qu’à la sécurité.« Nous en appelons au nouveau gouvernement pour qu’il supprime tous les obstacles et permette à notre personnel et à celui d’autres organisations de la société civile de pouvoir conduire leurs activités sur le terrain librement et efficacement, » ajoute Peter Mutoredzanwa.L’une des conséquences directes de la dégradation des conditions socio-économiques du pays est la pire épidémie de choléra que le Zimbabwe ait jamais connu et qu’il a actuellement tant de mal à contenir. Cette épidémie a été stimulée par l’effondrement des systèmes de santé publique et d’approvisionnement en eau du pays : elle a coûté à ce jour plus de 3 000 vies et infecté plus de 69 000 personnes. En outre, près de sept millions de personnes, soit plus de la moitié de la population, sont dépendantes de l’aide alimentaire à cause d’une grave pénurie de nourriture dans le pays. Particulièrement affaiblies, ces personnes sont plus vulnérables et donc incapables de combattre le choléra.A cause de l'hyperinflation et de la dollarisation de l'économie, des millions de personnes n'ont pas les moyens d'acheter les produits alimentaires de base, gonflant ainsi les rangs des personnes ayant besoin d'aide alimentaire, que ce soit en milieu rural ou urbain.Il y a de grandes chances que les récoltes de cette année soient encore pires que celles de l'année dernière et que la pénurie alimentaire continue encore en 2010. En plus de s'occuper des besoins immédiats, Oxfam estime que le nouveau gouvernement d'unité et les donateurs doivent explorer différentes possibilités en vue d'offrir une assistance sur le long terme. Entre autres, ils devraient offrir des intrants aux agriculteurs afin d'empêcher que se reproduisent à l'avenir des situations d'urgence et d'insécurité alimentaire et s'assurer que les communautés ont accès à de l'eau propre.Oxfam demande à ce qu'une attention particulière soit accordée aux conséquences de cette tragédie sur les femmes et les jeunes filles : en effet, celles-ci sont déjà les plus nombreuses victimes de l'épidémie de VIH et souffrent le plus de la détérioration des services essentiels et du manque d'intrants agricoles.Alors que de nombreux gouvernements ont indiqué qu'ils recommenceraient à apporter une aide substantielle au Zimbabwe uniquement lorsque des preuves tangibles de réforme économique seront visibles, Oxfam demande vivement que les donateurs trouvent des moyens innovants d'envoyer des denrées de première nécessité aux personnes qui en ont un urgent besoin et que les promesses d'assistance qui ont été faites se matérialisent en ressources financières sur le terrain.Oxfam se joint à l'appel pour la création de mécanismes transparents avec des critères de référence clairs, soutenus par des organismes régionaux tels que l'Union africaine (UA) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (CDAS), pour contrôler la mise en application de l'accord de partage du pouvoir et des politiques du nouveau gouvernement. L'un des critères de référence fondamentaux sera la création d'un espace ouvert où les organisations de la société civile peuvent engager librement un dialogue avec le gouvernement afin de contribuer aux efforts à long terme visant à résoudre les problèmes du Zimbabwe.

Nous en appelons au nouveau gouvernement pour qu’il permette à notre personnel de pouvoir conduire leurs activités sur le terrain librement et efficacement.
Peter Mutoredzanwa
directeur régional d’Oxfam au Zimbabwe

Notes aux rédactions

Oxfam travaille avec le programme alimentaire mondial de l'ONU afin de distribuer une aide alimentaire mensuelle aux familles vulnérables. Oxfam apporte une aide alimentaire à prés de 250.000 personnes dans trois districts de la province des Midlands, dans le centre du Zimbabwe, qui comptent parmi les régions du pays les plus menacées par la famine.


Afin d'enrayer la propagation du choléra, Oxfam distribue actuellement à 620.000 personnes des trousses hygiène qui comprennent des comprimés pour purifier l'eau et du savon. De plus, 425.000 personnes reçoivent une assistance par le biais de programmes urbains de santé publique qui impliquent par exemple le forage des terres pour approvisionner les populations en eau propre. Enfin, nos messages de prévention contre le choléra ont atteint 750.000 personnes, que ce soit par l'intermédiaire de posters ou de brochures, de troupes de théâtre, de visites chez les habitants ou de réunions de sensibilisation.