Des droits bafoués : cinq besoins fondamentaux que les réfugiés ne peuvent pas satisfaire

Avant de traverser la Méditerranée, des milliers de réfugiés et de migrants comme Jamal, un Somalien de 23 ans, risquent d’être kidnappés, réduits en esclavage, torturés ou abusés sexuellement en Lybie. Photo : Pablo Tosco/Oxfam

Avant de traverser la Méditerranée, des milliers de réfugiés et de migrants comme Jamal, un Somalien de 23 ans, risquent d’être kidnappés, réduits en esclavage, torturés ou abusés sexuellement en Lybie. Photo : Pablo Tosco/Oxfam

La réalité d’être réfugié est inconcevable pour la plupart d’entre nous. À travers le monde, les guerres, les violences, la pauvreté, la famine et les catastrophes provoquées par les phénomènes météorologiques extrêmes poussent sur les routes des personnes comme vous et moi qui doivent affronter un voyage périlleux avant de trouver refuge.

Des familles sont déchirées et beaucoup finissent par vivre dans des conditions sordides, manquant de nourriture, d’eau potable et d’installations sanitaires convenables. Des hommes, des femmes et des enfants gardent le statut de réfugié des dizaines d’années durant, sans perspective d’un emploi formel ni d’une éducation décente.

Qui qu’ils soient et d’où qu’ils viennent, tous les réfugiés et toutes les personnes déplacées au sein de leur propre pays ont le droit à une aide et à une protection contre les abus et doivent être libres de demander asile.

Pourtant, leurs droits ne sont que rarement respectés et leurs besoins les plus fondamentaux satisfaits.

Être protégés de la violence

Fatana a été enlevée quand Boko Haram a fait irruption dans son village en pleine nuit et tué son mari.

Dans la région du bassin du lac Tchad, en Afrique de l’Ouest, un violent conflit né au Nigeria inflige depuis sept ans d’indicibles souffrances à des millions de personnes. Les violations des droits humains – meurtres, tortures, enlèvements et enrôlements forcés – y atteignent des proportions alarmantes. Dans toute la région, les populations se déplacent en quête de sécurité et de protection, tentant d’échapper aux menaces qui pèsent sur leur vie.

Exposées au mariage forcé, aux violences sexuelles et à l’exploitation, les femmes et les filles sont plus particulièrement vulnérables. Depuis le début du conflit, plus de 2 000 personnes ont été enlevées. Dans le nord-est du Nigeria, près d’une femme sur trois déclare avoir subi des violences sexuelles.

Fatana* (photo ci-dessus) a été enlevée quand Boko Haram a fait irruption dans son village en pleine nuit et tué son mari. Réduite à l’état d’esclave sexuelle et domestique, elle est parvenue à s’échapper et est arrivée à Muna Garage, un camp situé à la périphérie de Maidiguri, qui héberge 20 000 personnes déplacées. (Photo : Pablo Tosco/Oxfam)

Avoir suffisamment d’eau et de nourriture

Des réfugiés nigérians dans le camp de Sayam Forage, géré par l’ONU, dans la région de Diffa, au Niger. Des réfugiés nigérians dans le camp de Sayam Forage, géré par l’ONU, dans la région de Diffa, au Niger. Ce camp se trouve au milieu du désert, loin de la ville. L’eau manque, il n’y a pas de travail et il est difficile d’accéder à un marché. Photo : Corrie Sissons/Oxfam

Les violences et les déplacements réduisent à néant les moyens de subsistance. Le conflit dans le bassin du lac Tchad a ravagé des infrastructures essentielles, telles que les établissements hospitaliers et scolaires, les routes, les marchés et les terres agricoles. L’insécurité empêche de cultiver la terre, d’aller à la pêche et de commercer avec les pays voisins. Nombre d’agricultrices et d’agriculteurs n’ont plus cultivé leurs terres depuis trois ans.

Le conflit a conduit à de graves pénuries d’eau et à une crise alimentaire désastreuse. Plus de 10 millions de personnes ont à présent besoin d’aide humanitaire, ne survivant que grâce à ce qu’elles peuvent glaner. Le manque d’eau potable accroît le risque de choléra et la propagation d’autres maladies transmises par l’eau telles que la diarrhée.

Avoir un logement sûr

Malik, 7 ans, se tient nu-pieds dans la boue, dans un campement sauvage de réfugiés syriens, dans la plaine de la Bekaa, au Liban..Malik*, 7 ans, vient de Raqqa en Syrie. Il se tient nu-pieds dans la boue, à côté d’un immense tas de bois servant à la cuisine et au chauffage, dans un campement sauvage de réfugiés syriens, à proximité de la ville de Baalbek, dans la plaine de la Bekaa. Janvier 2016. Photo : Sam Tarling/Oxfam

Alors que la guerre civile en Syrie est dans sa septième année, il y a, selon le HCR, 1,02 million de réfugiés syriens qui vivent au Liban. Le gouvernement libanais est très réticent vis-à-vis des camps officiels, craignant que les réfugiés ne les trouvent trop confortables et y restent indéfiniment. Au lieu de disposer d’un abri décent et sûr, nombre de réfugiés n’ont d’autre choix que de vivre dans des camps de tentes informels, sous la menace constante de se faire expulser par les propriétaires auxquels ils louent le terrain.

Ces campements de fortune, sans eau courante ni électricité, sont construits de bric et de broc. Il arrive que seules quelques bâches en plastique protègent les réfugiés des éléments.

Préserver l’unité de la famille

mina, une réfugiée sud-soudanaise, et son fils aîné Charlie, qui avait disparu pendant neuf mois. Amina, une réfugiée sud-soudanaise, et son fils aîné Charlie*, qui avait disparu pendant neuf mois. Photo : Kieran Doherty/Oxfam

Les déplacements forcés déchirent nombre de familles, arrachant les enfants à leurs parents et grands-parents, séparant frères et sœurs, et détruisant les réseaux familiaux.

Amina vit dans le camp de réfugiés d’Imvepi, en Ouganda. Lorsque des combats ont éclaté dans son village, au Soudan du Sud, son mari a été arrêté et six membres de sa famille ont été assassinés. Elle a alors fui le pays, se réfugiant d’abord au Congo. Pendant son périple, Amina a été séparée de deux de ses enfants. L’un avait 12 ans et l’autre 8 ans.

En arrivant en Ouganda, elle les a désespérément cherchés dans tous les centres de réception et les campements. Après neuf mois, son fils aîné est apparu à Imvepi, la veille de notre rencontre. Peu après, son second enfant a également été retrouvé sain et sauf dans une ville voisine.

Trouver un travail décent

Ayman et sa femme Susan ont quitté la Syrie avec leurs trois enfants après que des affrontements violents ont éclaté dans leur ville natale de Zabadani, il y a six ans.

Sans titre de séjour ni permis de travail, les Syriens qui cherchent refuge dans les pays voisins vivent continuellement dans la crainte de se faire arrêter, voire même déporter. Toute leur vie s’en ressent. De même, l’accès limité à l’éducation compromet l’avenir de leurs enfants.

Ayman (photo ci-dessus) et sa femme Susan ont quitté la Syrie avec leurs trois enfants après que des affrontements violents ont éclaté dans leur ville natale de Zabadani, il y a six ans. Au Liban, la famille vit dans la détresse et peine à joindre les deux bouts. Ayman cherche sans cesse un emploi. Il fait de petits boulots ici et là, mais n’est pas bien payé.

L’aîné, Ahmad, 16 ans, est atteint d’une grave myopathie et a besoin de soins médicaux particuliers. Il ne va plus à l’école depuis son arrivée au Liban. Sa sœur Aya, 14 ans, a également dû abandonner l’école, son père ne pouvant plus payer ses frais de scolarité. La famille a été sélectionnée dans le cadre du programme de visas humanitaires soutenu par Oxfam et sera réinstallée en Italie. Ils espèrent que cela leur permettra de vivre dans la dignité. (Photo : Pablo Tosco/Oxfam)

* Prénom modifié pour préserver l’anonymat

Vous pouvez agir

Les violences armées, les catastrophes naturelles ou la quête d’une vie meilleure ont poussé des millions de personnes à partir de chez elles. Après avoir traversé des épreuves inimaginables et risqué leur vie pour trouver refuge, elles ont cruellement besoin d’aide.

En faisant un don, vous soutiendrez l’action d’Oxfam auprès des communautés vulnérables et vous nous aiderez à protéger la vie des personnes contraintes de fuir pour survivre.