Les pays à faible gouvernance cibles privilégiées des investisseurs fonciers

Publié: 7th février 2013

À l’occasion de la journée internationale d’action contre les accaparements de terres, Oxfam publie aujourd’hui une nouvelle analyse selon laquelle les investisseurs fonciers ciblent avant tout les pays les moins performants en matière de gouvernance. La campagne CULTIVONS d’Oxfam appelle la Banque mondiale à mener la lutte contre les accaparements de terres.

Il ressort de l’étude que plus des trois quarts des 56 pays dans lesquels des transactions foncières ont été conclues entre 2000 et 2011 se classent sous la moyenne pour les quatre principaux indicateurs de gouvernance. Les 23 pays les moins développés représentent plus de la moitié des transactions foncières enregistrées pendant cette période.

Des conséquences catastrophiques

« Un manque de gouvernance fait l’affaire des investisseurs qui cherchent à mettre la main sur des terres rapidement et à bon compte, explique Jeremy Hobbs, directeur général d’Oxfam. Les investisseurs semblent sélectionner les pays aux réglementations moins rigoureuses, car ce sont des cibles faciles. Les conséquences peuvent être catastrophiques pour les communautés si ces transactions mènent à leur expulsion et les privent de leurs moyens de subsistance, sans consentement ni compensation. »

L’étude a recoupé les données de la « Land Matrix », une base de données sur les transactions foncières enregistrées qui concernent au moins 200 hectares de terres agricoles, avec les indicateurs de la Banque mondiale qui mesurent la gouvernance dans les différents pays. Ces indicateurs évaluent toute une série de facteurs, dont la représentativité et responsabilité (soit la possibilité des citoyennes et citoyens de participer au choix de leur gouvernement), la primauté du droit, la qualité des réglementations et la lutte contre la corruption.

Il ressort de cette analyse que le résultat aux quatre principaux indicateurs de gouvernance est en moyenne 30 % inférieur dans les pays où ont eu lieu des transactions foncières.

Dans un certain nombre de cas, la superficie des terres pouvant éventuellement faire l’objet d’investissements ne semble pas être un facteur déterminant. Par exemple, au Guatemala, qui se classe en-dessous de la moyenne pour les quatre indicateurs de gouvernance, 87 000 hectares ont changé de mains au cours des dix dernières années malgré de graves problèmes de faim et de malnutrition en milieu rural. En revanche, le Botswana, qui dispose d’une superficie comparable de terres disponibles par habitant, mais dépasse largement la moyenne pour les indicateurs de gouvernance n’aurait permis aucune grande transaction foncière.

L’analyse d’Oxfam repose sur des études menées par la Banque mondiale elle-même.

Le Colisée et le Lincoln Memorial « vendus »

Au cours de la présente journée internationale d’action contre les accaparements de terres, des militant-e-s vont vendre symboliquement des sites emblématiques du monde, tels que le Lincoln Memorial à Washington et le Colisée à Rome.

Oxfam invite la Banque mondiale à instaurer un gel temporaire des investissements fonciers, le temps de s’assurer que ses pratiques n’encouragent pas les accaparements de terres. La Banque est la mieux placée pour agir, car elle fixe les normes d’investissement foncier, finance des transactions foncières et conseille en la matière les pays en développement.

« La Banque doit avoir pour priorité de contrôler la ruée du XXIe siècle sur les terres, qui se traduit par la vente à des investisseurs étrangers de l’équivalent de la superficie de Londres tous les six jours », insiste Jeremy Hobbs.

Les investisseurs semblent sélectionner les pays aux réglementations moins rigoureuses, car ce sont des cibles faciles.
Jeremy Hobbs
Directeur général d'Oxfam

Notes aux rédactions

La note d’information peut être téléchargée (en anglais) : Poor Governance, Good Business: How land investors target countries with weak governance (PDF)

À l’occasion de la journée internationale d’action contre les accaparements de terres, des panneaux « VENDU » seront posés sur des sites emblématiques du monde entier, dont le pont de la baie de Sydney, le Lincoln Memorial à Washington et le Colisée à Rome. Photos disponibles sur Flickr 

Des images fortes, des témoignages et des vidéos sur les accaparements de terres au Guatemala sont téléchargeables à l’adresse suivante : http://imagenesypalabras.intermonoxfam.org/?c=2357&k=bcab56317a 
ou https://my.zyncro.com/files/dbfsovE

Oxfam se mobilise contre les accaparements de terres dans le cadre de sa campagne CULTIVONS qui vise à assurer un avenir où tout le monde peut manger à sa faim. Rendez-vous sur http://www.oxfam.org/fr/cultivons.

Contact

Pour en savoir plus et pour organiser des interviews, contacter Anna Ratcliff : anna.ratcliff@oxfaminternational.org ou +44 1865 339 157 / +44 7796 993 288