Huguette Yago gère l’approvisionnement en eau et en équipements sanitaires ainsi que la sensibilisation à l’hygiène pour 3 500 personnes déplacées sur les sites de Pissila, au centre-nord du Burkina Faso.
En cette période de pandémie de COVID-19, elle fait face à un défi titanesque : le manque d’eau. Or, sans eau, pas d’hygiène, martèle-t-elle.
Au cours de la dernière année, des groupes armés ont dévasté des villages dans le nord et l’est du pays, faisant fuir près de 800 000 personnes.
« Sans eau, on ne peut rien faire et toutes les tentatives de forages jusqu’ici n’ont rien donné. Il n’y a pas de mystère, pour qu’il y ait de l’hygiène, il faut qu’il y ait de l’eau. »
Elles ont fui vers les centres urbains ou les sites de personnes déplacées où le surpeuplement et le manque d’accès à l’eau constituent des enjeux vitaux pour les familles comme pour les communautés hôtes.
L'urgence est d’autant plus grande que le Burkina Faso compte maintenant 261 cas confirmés de coronavirus et 14 morts.
Des consignes qui relèvent de la « théorie »
Face à cette situation, les animateurs de l’Association pour la gestion de l’environnement et le développement (AGED), partenaire local d’Oxfam au Burkina Faso, font tout pour aider les personnes déplacées et prévenir la propagation du virus.
Pour Huguette, qui supervise une équipe de six animateurs chargés de sensibiliser la population sur les mesures d’hygiène, respecter les consignes données par l’OMS et le ministère en charge de la santé comme le lavage fréquent des mains à l’eau et au savon, le port de masque et la distanciation sociale, relève de la théorie pour les personnes déplacées :
« Elles se disent être au courant de la maladie mais ne peuvent pas respecter ces mesures car le peu d’eau qu’elles arrivent à obtenir ne peut être gaspillé pour se laver les mains plusieurs fois. En plus, le savon de 400 g qu’elles reçoivent chaque mois n’est pas suffisant pour tout le mois. Comment faire alors pour se laver régulièrement les mains ? ».
Pour ce qui est de la distanciation sociale, la situation est encore plus grave, car les abris sont supposés recevoir un maximum de sept personnes, mais la réalité est toute autre : « Nous nous retrouvons avec 15 à 20 personnes par abri », dit Huguette.
« La santé n’a pas de prix »
Huguette a toujours voulu travailler dans l’humanitaire et elle se sent dans son élément mais les conditions sont difficiles, particulièrement avec cette pandémie qui s’ajoute à la crise sanitaire déjà existante.
« Nous devons les aider et les protéger, mais nous manquons de ressources pour mener à bien cette mission. « Il faudrait effectuer des forages à haut débit près des sites, ou bien raccorder ces sites aux réseaux d’eau existants, ou bien encore transporter l’eau par des véhicules citernes. » Tout cela nécessite beaucoup de moyens, mais la santé n’a pas de prix ».
Malgré le peu de moyens, Huguette et son équipe ne baissent pas les bras et s’organisent pour répondre aux besoins en eau, hygiène et assainissement des personnes déplacées.
« Chacun connaît son travail. Nous avons trois séances de sensibilisation par semaine et le comité d’hygiène composé de volontaires prend le relais quand nous ne sommes pas là. Nous les sensibilisons à l’utilisation de la cendre lorsque le savon manque ».
Oxfam et son partenaire AGED apportent une assistance humanitaire aux personnes déplacées internes et aux communautés hôtes dans la région en fournissant eau potable, infrastructures sanitaires et matériel d’hygiène. Nous avons plus que jamais un besoin urgent de ressources afin de mettre en place 107 points d’eau et des mesures d’hygiène pour 287 000 personnes au Burkina Faso.
Le coronavirus n’est pas encore présent sur les sites de personnes déplacées, mais avec l’affluence croissante de nouveaux arrivants, le risque est imminent. Pour Huguette il faut prévenir dès maintenant la propagation, notamment en renforçant les capacités des responsables de sites sur les consignes données par l’OMS afin qu’ils puissent à leur tour sensibiliser leurs pairs.
« Si ces mesures d’hygiènes sont appliquées, cela évitera que le virus se propage dans ces sites » affirme-t-elle.
Photos: Sylvain Cherkaoui/Oxfam
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