Le coût de la négligence : 500 000 personnes au bord de la famine en Afrique de l’Est

Diyaara stands among the carcasses of her family's livestock.

Diyaara, originaire du comté de Wajir au Kenya, devant les carcasses de son troupeau. Sur les 50 bêtes qu’elle possédait, seules sept ont survécu. « Maintenant, nous sommes contraint·es de sauter des repas et de nous nourrir une fois par jour. Parfois, nous sommes obligé·es d’affamer les plus grands pour faire manger les enfants et préserver le peu de nourriture que nous avons », raconte-t-elle. Photo : Khadija Farah/Oxfam

En 2011, la Somalie a été confrontée à une famine dévastatrice qui a fait plus de 250 000 décès, dont la moitié étaient des enfants âgés de moins de cinq ans. La communauté internationale n’a pas agi à temps, malgré les nombreux signes avant-coureurs de la crise imminente.

Au lendemain de la tragédie, les acteurs régionaux et internationaux ont promis qu’aucune crise ne provoquerait de famine au XXIe siècle. La prochaine fois, le monde ne manquerait pas d’écouter les avertissements et de réagir à temps.

Pourtant, près d’une décennie plus tard, la réaction des dirigeant·es mondiaux/ales, de nouveau tardive et insuffisante, ne permet pas d’éviter une crise alimentaire catastrophique en Afrique de l’Est. Malgré les multiples signes d'alerte apparus au cours des deux dernières années, le monde attend une fois de plus que la crise éclate pour engager les ressources nécessaires à l’intensification des interventions d’urgence.

Une crise prévisible

La crise qui se déroule en Afrique de l’Est s’est déclenchée il y a plus de deux ans. Elle ne constitue ni une nouvelle donne, ni une surprise. Les sécheresses dues aux changements climatiques sont désormais un phénomène courant qui a déjà causé de nombreux dégâts au cours de la dernière décennie. Elles sont devenues de plus en plus longues et sévères et la sécheresse actuelle est la plus grave des 40 dernières années. Pourtant, l’Afrique de l’Est, qui ne génère que 0,1 % des émissions mondiales de CO2, est l’une des régions les moins polluantes du monde.

Aggravée par les perturbations liées à la pandémie de COVID-19 et par des conflits qui ont contraint les populations à fuir leurs foyers, la sécheresse a décimé les réserves économiques et épuisé la résilience des populations. Près de la moitié du bétail est mort en Afrique de l’Est. En outre, la guerre en Ukraine a fait flamber les prix alimentaires, déjà en hausse, jusqu’à des niveaux record, mettant des millions de personnes dans l’incapacité de se nourrir.

En Éthiopie, au Kenya et en Somalie, le nombre de personnes souffrant de faim extrême a plus que doublé en un an, passant de 10 millions de personnes à 23 millions. Près de 250 000 personnes sont déjà confrontées à la famine.

Les estimations régionales indiquent que :

1/48 sec.

La faim extrême ferait une victime toutes les 48 secondes.

5,7 M

5,7 millions d’enfants risquent de souffrir de malnutrition aigüe en 2022.

350 000

350 000 enfants somaliens mourront avant l’été si des mesures ne sont pas prises immédiatement.

La faim est un échec politique

Dix ans après que les gouvernements, les bailleurs et les organisations humanitaires ont promis qu’il n’y aurait plus de famine, on estime que 181 millions de personnes seront confrontées à une crise alimentaire, voire pire.

Cet échec n’est pas dû aux systèmes d’alerte. Il résulte d’un manque de volonté politique à gérer les conflits, à ouvrir l’accès à l’aide humanitaire, à réagir à temps aux urgences climatiques, à transférer le pouvoir aux organisations locales et à fournir les ressources que nous savons nécessaires.

« Des gens meurent de faim non pas parce que le monde manque de nourriture ou d’argent, mais à cause d’un manque déplorable de volonté politique ».

Gabriela Bucher
Directrice générale d’Oxfam International

Compte tenu de l’ampleur des besoins, nous ne pouvons nous permettre de rester les bras croisés en attendant que les urgences éclatent. Les États et les acteurs internationaux doivent travailler aux côtés des communautés touchées pour préparer la réponse aux risques plutôt que d’attendre que les crises ne prennent des proportions démesurées.

Il est inacceptable d’attendre que des millions d’enfants en situation de malnutrition quittent l’école et que des familles perdent leurs moyens de subsistance et leurs biens essentiels, alors que les signes avant-coureurs sont si visibles et que les gains humains et matériels des mesures préventives sont bien connus.

Il est encore temps d’éviter la catastrophe

Il y a dix ans, le monde s’est juré d’éradiquer la famine. Pour les millions de personnes qui risquent de nouveau de mourir de faim, il n’a pas tenu cette promesse. Nous devons agir sans tarder, avec les moyens adéquats, pour éviter de nouvelles tragédies.

Vous pouvez empêcher le pire en soutenant le travail d’Oxfam et en apportant une aide vitale aux personnes qui en ont le plus besoin.