Comment l’inégalité et la dégradation de l’environnement menacent d’exclure les pauvres des avantages de la croissance économique
Le G20, organe de référence en matière de décisions économiques mondiales, a usé de toute son influence politique pour que des engagements soient pris en faveur d’une croissance partagée et d’une réduction des écarts de développement, à travers son Consensus de Séoul pour le développement. Mais le rapport d’Oxfam « Les laissés-pour-compte du G20 » montre que le G20 est bien loin du compte tant en matière d’égalité que de croissance inclusive et durable, les inégalités ayant augmenté depuis 1990 dans 14 des pays membres du G20 tandis que la croissance économique n’a bien souvent pas profité aux populations pauvres.
Les inégalités s’accompagnent de troubles sociaux, d’une mauvaise gouvernance et d’institutions faibles, autant de facteurs qui sont des freins à la croissance économique. Lorsque les inégalités sont élevés et/ou en augmentation, il est clair que la croissance économique a nettement moins d’impact contre la pauvreté. L’analyse de données récentes dans ce rapport montre par exemple qu’au Brésil, en dépit d’une croissance modérée, les inégalités ont diminué de façon notable et près de 12 millions de personnes ont pu sortir de l’extrême pauvreté.
Inversement, malgré une croissance continue en Afrique du Sud, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté n’a quasiment pas diminué ; plus d’un million de personnes supplémentaires risquent de sombrer dans la pauvreté au cours des dix prochaines années si rien n’est fait pour s’attaquer au problème sans cesse croissant des inégalités. Ce rapport souligne l’importance des politiques décidées par les gouvernements : la logique veut que si les gouvernements choisissent d’investir dans des services publics essentiels tels que la santé et l’éducation, cela contribue à réduire les inégalités et améliore les capacités de la population à participer à l’économie, générant ainsi des niveaux de croissance plus élevés qui profitent tant aux personnes vivant dans la pauvreté qu’aux plus riches.
Ce rapport analyse également les aspects environnementaux et durables de la croissance des membres du G20 au cours des deux précédentes décennies. Conclusion : la plupart des économies des pays du G20 ayant cru bien plus vite que les ressources utilisées, des efforts bien plus importants sont nécessaires, particulièrement de la part des pays industrialisés en raison de leur rôle de principaux émetteurs de CO2 durant le siècle passé. La plupart des pays du G20 n’ont pas prouvé qu’ils étaient capables d’avoir une croissance durable et respectueuse de l’environnement. Or les populations pauvres sont, proportionnellement, celles qui souffrent le plus de la dégradation de l’environnement, parce qu’elles sont généralement plus dépendantes des ressources naturelles pour gagner leur vie et sont moins à même de se prémunir des risques sanitaires. Cela est également vrai pour le changement climatique : les populations pauvres vivent généralement dans des zones plus exposées aux risques d’inondation et de sécheresse ainsi qu’aux événements climatiques extrêmes liés au changement climatique.
« Les laissés-pour-compte du G20 » montre que, si le G20 entend mettre ses engagements en application, pour une croissance durable et partagée, il doit mettre en œuvre ce qu’il prêche, et relever les défis, liés mais distincts, de l’égalité et de la durabilité.
Principales recommandations
Afin de s’attaquer au problème des inégalités et de garantir que les bénéfices de la croissance soient partagés et durables, Oxfam estime que les gouvernements du G20 devraient conduire des politiques suivantes :
- transferts redistributifs ;
- investissement dans l’accès universel à la santé et à l’éducation ;
- taxation progressive ;
- suppression des barrières à l’égalité des droits et des chances pour les femmes ;
- réforme du régime de propriété foncière, garantie d’un accès équitable aux terres et aux autres ressources et investissement dans les petits producteurs alimentaires.
Afin de lutter contre le changement climatique et la degradation de l’environnement, Oxfam recommande également aux pays du G20, dans leur ensemble, de faire preuve d’un leadership bien plus affirmé lors des négociations menées pendant la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Ils devraient en particulier :
- veiller à ce que les pays développés s’engagent, dans un premier temps, à tenir entièrement leurs plus ambitieuses promesses de réduction des émissions à l’horizon 2020, et garantir que les financements à long terme soient mobilisés ;
- forger un consensus sur les parts justes des réductions des émissions mondiales requises pour empêcher un réchauffement de la planète de plus de 1,5º C ;
- négocier un accord sur des sources nouvelles et fiables de fonds pour la lutte contre les changements climatiques.