Un aléa moral ?

Les méga-partenariats public-privé dans l'agriculture africaine

Suite à des décennies de sous-investissement dans l'agriculture, les États africains cherchent à juste titre des moyens pertinents de mobiliser des financements pour le secteur. Les partenariats public-privé (PPP) de très grande ampleur se sont donc multipliés sur tout le continent africain, avec des méga-PPP agricoles soutenus par des bailleurs de fonds et les États concernés, et impliquant généralement de grands investisseurs internationaux.

Face à cette tendance de plus en plus forte, Oxfam a souhaité évaluer l'efficacité et le potentiel de tels PPP comme moyens pour lutter contre la pauvreté et améliorer les moyens de subsistance des populations rurales, en posant trois questions simples : qui sont les principaux bénéficiaires de ces initiatives ; qui en supporte les risques ; et enfin qui détient le pouvoir décisionnel ?

Oxfam révèle que les plus pauvres sont trop souvent les grands perdants ou les laissés-pour-compte au regard de ces trois indicateurs essentiels, et que les besoins des femmes sont tout simplement ignorés. Ces méga-PPP agricoles n'apportent aucune garantie d'efficacité et se révèlent extrêmement hasardeux. Ils ont tendance à faire bénéficier les plus puissants et les privilégiés des retombées positives des investissements, et à en faire supporter les risques aux plus vulnérables.

Comme les avantages pour les citoyens les plus pauvres ne sont pas établis et que les risques pour les plus vulnérables sont élevés, Oxfam en conclut qu'il existe des approches éprouvées plus concluantes impliquant l'aide de bailleurs de fonds et des investissements publics davantage susceptibles de bénéficier à ceux qui en ont réellement besoin.