À l’échelle mondiale, la rémunération des PDG a augmenté de 50 % depuis 2019, soit 56 fois plus que les salaires des employé.es

Publié: 1st mai 2025

 

  • La rémunération moyenne des PDG s’est accrue de 50 % en termes réels depuis 2019, tandis que le salaire moyen des employé.es n’a augmenté que de 0,9 %.
  • En une heure, les milliardaires empochent l'équivalent de ce que les salarié.es gagnent en moyenne en une année entière.  
  • L’écart salarial moyen entre les femmes et les hommes au sein de 11 366 entreprises à travers le monde a légèrement diminué, passant de 27 % en 2022 à 22 % en 2023. Pourtant, en moyenne, les employées de ces entreprises continuent de « travailler gratuitement » le vendredi, tandis que leurs homologues masculins sont rémunérés pour la semaine entière.
  • Oxfam et la Confédération syndicale internationale (CSI) appellent à augmenter les impôts sur les super-riches pour investir dans les populations et la planète.


En amont de la Journée internationale des travailleurs (1er mai), une nouvelle analyse d’Oxfam révèle que la rémunération moyenne des PDG au niveau mondial a atteint 4,3 millions de dollars en 2024. Cela représente une hausse de 50 % en termes réels par rapport au salaire moyen de 2,9 millions de dollars comptabilisé en 2019 (corrigé de l’inflation). Cette hausse dépasse largement l’augmentation des salaires moyens réels des employé.es qui a été d’à peine 0,9 % durant la même période dans les pays où les données relatives aux rémunérations des PDG sont disponibles.

Ces chiffres représentent les moyennes médianes basées sur la rémunération totale des cadres. Ils incluent les primes et les options d'achat d'actions et portent sur près de 2 000 entreprises implantées dans 35 pays où la rémunération des PDG a dépassé un million de dollars en 2024. Les données analysées par Oxfam proviennent de la base de données S&P Capital IQ qui compile les informations financières publiées par les entreprises.

  • L'Irlande et l’Allemagne font partie des pays où les rémunérations des PDG sont parmi les plus élevées, avec une rémunération annuelle moyenne de respectivement 6,7 millions de dollars et 4,7 millions de dollars en 2024.
  • La rémunération moyenne des PDG en Afrique du Sud était de 1,6 million de dollars en 2024, tandis qu'elle atteignait 2 millions de dollars en Inde.


« Année après année, nous assistons au même spectacle grotesque : la rémunération des PDG explose tandis que le salaire des employé.es stagne quasiment. Il ne s’agit pas d’une faille du système, le système marche parfaitement comme prévu. Il concentre toujours plus les richesses entre les mains des plus fortuné.es tandis que des millions de travailleurs et travailleuses peinent à payer leur loyer, à se nourrir et à se soigner », dénonce Amitabh Behar, directeur général d’Oxfam International.

Cette hausse de la rémunération des PDG intervient au moment où de plus en plus de voix mettent en garde contre le fait que les salaires ne suivent pas l’augmentation du coût de la vie. D’après l’Organisation internationale du travail (OIT), les salaires réels ont augmenté de 2,7 % en 2024. Toutefois, le salaire de nombre de travailleurs et travailleuses stagne. Ainsi, en France, en Afrique du Sud et en Espagne, les salaires réels ont augmenté d’à peine 0,6 % l’année dernière. Si les inégalités salariales ont diminué au niveau mondial, elles restent très élevées, notamment dans les pays à faible revenu où la part des revenus des 10 % les plus riches est 3,4 fois plus importante que celle des 40 % les plus pauvres.

Les milliardaires, souvent actionnaires ou propriétaires de multinationales, ont engrangé en moyenne 206 milliards de dollars de nouvelles richesses l’année dernière. Cela représente 23 500 dollars par heure, soit plus que le revenu moyen au niveau mondial en 2023, qui s’élevait à 21 000 dollars.

Par ailleurs, en plus de la flambée des rémunérations des PDG, les salarié.es à travers le monde sont maintenant confronté·es à une nouvelle menace : les nouveaux tarifs douaniers états-uniens. Ces politiques présentent des risques considérables pour les classes populaires du monde entier, notamment des pertes d’emplois et une hausse des prix des produits de première nécessité, ce qui pourraient exacerber encore davantage les inégalités déjà extrêmes. 

« Avec la politique douanière irresponsable du président Trump, les choses vont de mal en pis pour nombre de travailleurs et travailleuses : on passe des politiques commerciales néolibérales destructrices aux tarifs douaniers utilisés comme une arme économique. Ces politiques nuiront non seulement aux classes populaires états-uniennes, mais surtout aux personnes qui tentent de sortir de la pauvreté dans certains des pays les plus pauvres du monde », déplore Amitabh Behar.  

De plus en plus, la loi contraint les entreprises à publier les données relatives aux inégalités salariales entre femmes et hommes. D’après l’analyse d’Oxfam, qui s’appuie sur la base de données S&P Capital IQ, parmi les 11 366 entreprises implantées dans 82 pays qui ont publié leurs données relatives à l'écart de salaire femmes-hommes, l'écart moyen s'est légèrement réduit, passant d'environ 27 % en 2022 à 22 % en 2023. Pourtant, en moyenne, les femmes de ces entreprises continuent de « travailler gratuitement » le vendredi, alors que leurs homologues masculins sont rémunérés pour la semaine entière.

Les entreprises japonaises et sud-coréennes ont enregistré des écarts de salaire femmes-hommes moyens parmi les plus importants en 2023 : près de 40 %. L’écart salarial moyen en Amérique latine a légèrement augmenté, passant de 34 % en 2022 à 36 % en 2023. Les entreprises canadiennes, danoises, irlandaises et britanniques ont affiché un écart moyen de 16 %.

L’analyse d’Oxfam souligne que, sur 45 501 entreprises situées dans 168 pays ayant déclaré une rémunération de plus de 10 millions de dollars pour leur PDG, et précisé leur genre, moins de 7 % sont dirigées par des femmes.

« Les inégalités salariales scandaleuses entre les PDG et leurs salarié.es montrent que la démocratie fait cruellement défaut là où elle est la plus nécessaire : sur le lieu de travail. Des salarié.es du monde entier sont privé·es de leurs besoins les plus élémentaires tandis que les entreprises engrangent des profits sans précédent et se dérobent à leurs responsabilités grâce à l’évasion fiscale et au lobbying, » dénonce Luc Triangle, secrétaire général de la CSI.

« Les travailleurs et travailleuses exigent un nouveau contrat social fondé sur leurs intérêts et non sur ceux des milliardaires qui entravent la démocratie. Ce n’est pas radical de demander une fiscalité équitable, des services publics performants, des salaires décents et une transition écologique juste. C'est le fondement même d’une société juste. Il est temps de mettre fin au coup d’État des milliardaires contre la démocratie et de donner la priorité aux populations et à la planète. »

Oxfam et la CSI appellent les gouvernements à relayer et à soutenir les appels en faveur de l’imposition des super-riches, aussi bien à l’échelle nationale qu’au niveau mondial. Cela passe, notamment, par l’instauration de taux marginaux d'au moins 75 % sur les plus hauts revenus afin de décourager les rémunérations astronomiques pour les dirigeant.es d’entreprise. Les gouvernements doivent aussi veiller à indexer les salaires minimums sur l’inflation, et à ce que chaque personne ait le droit de rejoindre un syndicat, de se mettre en grève et de participer à des négociations collectives.
 

Notes aux rédactions

La note méthodologique d’Oxfam est disponible sur demande.

D’après les données de l’Organisation internationale du travail (OIT), dans les pays à faible revenu, la part des revenus perçue par les 10 % les plus riches est 3,4 fois plus élevée que celle perçue par les 40 % les plus pauvres. Le rapport mondial sur les salaires 2024-25 ainsi que les données sont disponibles en ligne. 
 

Contact

Annie Thériault au Pérou | annie.theriault@oxfam.org | +51 936 307 990

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