Les enfants pauvres ont sept fois moins de chances que les enfants riches de terminer leurs études : nouveau rapport d’Oxfam

Publié: 16th septembre 2019

Dans son nouveau rapport publié en date d’aujourd’hui, Oxfam révèle que, dans les pays en développement, les enfants des familles pauvres ont sept fois moins de chances de terminer leurs études secondaires que les enfants des familles riches.

En effet, l’étude d’Oxfam met en lumière l’existence d’un écart frappant entre les possibilités d’éducation des enfants en fonction des revenus et de la richesse de leur famille. Même dans les pays riches, seuls trois quarts des enfants des familles pauvres terminent leurs études secondaires, contre 90 % des enfants des familles les plus riches.

Le rapport, intitulé « Le pouvoir de l’éducation dans la lutte contre les inégalités », montre que moins l’on investit dans l’enseignement public gratuit, plus les enfants déscolarisés sont nombreux. Ainsi, avec 24 millions d’enfants non scolarisés, le Pakistan est l’un des pays où les dépenses d’éducation sont les plus faibles au monde et où les inégalités en matière d’éducation sont les plus prononcées.

Comme l’affirme Kira Boe, responsable des questions d’éducation chez Oxfam :

« Partout dans le monde, les gouvernements mettent en péril l’avenir des enfants car ils n’investissent pas suffisamment dans un enseignement public gratuit et de qualité. Chaque enfant, et pas seulement celles et ceux dont les parents ont les moyens de payer, devrait avoir une vraie chance de se réaliser pleinement ».

Les filles et les garçons qui sont né-e-s dans la pauvreté arrivent déjà aux portes de l’école avec un handicap, étant donné que ces enfants souffrent souvent de problèmes de santé et de malnutrition chronique, ce qui freine leur développement et nuit à leur capacité de concentration. Les dépenses publiques en matière d’éducation tendent à bénéficier aux communautés les plus riches. Par conséquent, les écoles des zones pauvres sont souvent surpeuplées, ne disposent pas d’enseignants qualifiés et manquent de supports et d’équipements pourtant élémentaires comme des manuels scolaires et des toilettes. Par exemple, au Malawi, au Burkina Faso, à Madagascar, au Lesotho et au Sénégal, les 10 % les plus riches de la population reçoivent plus de la moitié des ressources allouées à l’éducation par le gouvernement. D’après l’UNESCO, 330 millions d’enfants allant à l’école n’y acquièrent pas les compétences de base. 

Beaucoup de filles parmi les plus pauvres n’ont même pas la possibilité de franchir le seuil de l’école. À l’instar des revenus, de l’origine ethnique et de la provenance géographique, le facteur du genre est déterminant dans l’obtention d’une éducation de qualité (voire d’une éducation tout court). Ainsi, dans une région rurale pauvre du Pakistan, les filles ont trois fois moins de chances que les garçons pauvres d’aller à l’école. Déscolarisées avant leurs frères, des millions d’autres filles parmi les plus pauvres du monde ne peuvent pas réaliser tout leur potentiel faute d’instruction.

Le rapport d’Oxfam souligne également que la privatisation de l’éducation ne fait qu’alimenter les inégalités. Les écoles à bas prix réduisent les coûts en payant des salaires extrêmement bas à des enseignant-e-s sous-qualifié-e-s, ce qui se répercute sur la qualité de l’enseignement dispensé. Par ailleurs, il a été prouvé que les frais de scolarité de toutes sortes excluent les enfants les plus pauvres. 

Il a également été démontré qu’un enseignement public de qualité est un moyen efficace de réduire les inégalités et de construire des sociétés plus justes, capables de tirer le meilleur parti des aptitudes et du potentiel de tous les enfants. À l’inverse, la fracture éducative provoquée par le manque d’investissement dans l’éducation publique est source d’inégalités. Par exemple, au Salvador, 47 % des adultes ayant fait des études secondaires ont un emploi déclaré, contre seulement 5 % de celles et ceux qui n’ont pas terminé leurs études primaires. 

De nombreux gouvernements, comme ceux de l’Équateur, de l’Éthiopie et du Vietnam, en sont conscients et ont considérablement accru le budget alloué à l’éducation publique. Proportionnellement à ses ressources, l’Éthiopie est le cinquième pays du monde qui dépense le plus dans l’éducation. Entre 2005 et 2015, cet investissement lui a permis de scolariser 15 millions d’enfants supplémentaires (qui sont ainsi passés de 10 à 25 millions). L’Équateur a triplé ses dépenses d’éducation entre 2003 et 2010 grâce à des politiques efficaces de mobilisation des ressources fiscales et à la priorité accordée à l’éducation dans son budget. 

« Il est urgent que les gouvernements investissent dans un enseignement public, gratuit et de qualité, afin d’offrir à toutes les filles et tous les garçons les mêmes opportunités. Pour obtenir les recettes nécessaires, ils pourraient recourir à une imposition plus équitable des entreprises et des particuliers les plus fortunés. La solution à la crise de l’éducation passe par un investissement accru en faveur de l’enseignement public, et non pas par un transfert de fonds publics, y compris de l’aide, en faveur des écoles privées », a ajouté Kira Boe. 

Le rapport d’Oxfam appelle les gouvernements et les bailleurs de fonds à garantir une éducation publique équitable et de qualité à travers les mesures suivantes :

  • Offrir un enseignement public, gratuit et de qualité à tous les enfants. Pour ce faire, il faut notamment supprimer tous les frais de scolarité, doter les écoles d’enseignant-e-s qualifié-e-s et rémunéré-e-s comme il se doit et fournir une aide supplémentaire aux enfants les plus pauvres.
  • Veiller à ce que l’éducation contribue à assurer une plus grande égalité des chances pour les filles. Cela consiste notamment à s’attaquer aux obstacles qui entravent la scolarisation des filles, en installant par exemple des toilettes séparées dans les écoles, et à veiller à ce que les enseignant-e-s et les manuels scolaires favorisent l’adoption de rôles positifs pour tous les genres, en s’écartant des stéréotypes.
  • Favoriser l’investissement dans l’enseignement public. Au moins 6 % du PIB devrait être alloué à l’enseignement public dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, à travers la mise en place de régimes fiscaux plus équitables. Par ailleurs, les bailleurs de fonds, y compris la Banque mondiale, ne devraient pas acheminer l’aide publique vers des écoles privées.

Notes aux rédactions

Des porte-parole sont à disposition au Danemark et au Ghana.

Télécharger le rapport « Le pouvoir de l’éducation dans la lutte contre les inégalités ».

L’étude d’Oxfam s’est appuyée sur des informations issues de la base de données de l’UNESCO sur les inégalités en matière d’éducation.

Pour en savoir plus, consulter l’objectif de développement durable 4 sur l’éducation.

Contact

Annie Thériault à Lima (Pérou) | annie.theriault@oxfam.org | + 51 936 307 990 | @annietheri

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