Yémen : un mois d’août sanglant avec près d’un millier de victimes, dont 300 enf

Publié: 5th septembre 2018

Le mois d’août a été le plus sanglant de l’année pour la population civile du Yémen. Oxfam dénonce le mépris insensé des belligérants pour la vie des civils et l’échec de ceux qui les soutiennent politiquement à mettre une fin au carnage. 

Au moment où Oxfam fait ce triste constat, des pourparlers s’ouvrent à Genève pour la première fois en deux ans, afin de tenter d’instaurer la paix entre les forces soutenues par l’Arabie saoudite et les rebelles houthis.

Selon les données recueillies par l’organe des Nations unies chargé du suivi de l’impact sur les civils, le bilan des neuf premiers jours du mois d’août dépassait déjà les 450 victimes civiles, dont 131 enfants. Au 31 août, le nombre de tués et de blessés s’élevait à 981 civils, dont plus de 300 enfants. Il est probable que ces données, obtenues de sources publiques, ne rendent pas compte de la totalité des victimes civiles. 

Pour Muhsin Siddiquey, directeur d’Oxfam au Yémen : « Le Yémen est désormais un champ de bataille où personne n’est à l’abri : on y risque sa vie en fêtant un mariage, en enterrant un proche ou en se rendant au marché. Les souffrances du peuple yéménite sont un affront à notre commune humanité et un échec des puissances qui ne parviennent pas à défendre les valeurs dont elles se réclament. 

« Ce qu’on voit, c’est un chapitre honteux de double langage diplomatique, de transactions sournoises et de pure et simple hypocrisie. Combien d’enfants seront tués avant que ceux qui soutiennent cette guerre ne doivent admettre leur complicité ? Des crimes de guerre sont régulièrement commis. Les auteurs et leurs soutiens doivent être amenés à en répondre. Le carnage doit cesser. » 

Mettre fin au massacre de civils doit être une priorité pour toutes les parties et les communautés au Yémen. Les pourparlers qui se tiennent aujourd’hui à Genève offrent une occasion de fixer des limites et de mettre fin aux attaques contre la population civile. 

Au début du mois d’août, malgré des assurances données quant à l’arrêt des combats autour de la ville portuaire de Hodeïda, des attaques au mortier ont tué 41 civils, dont six enfants et quatre femmes, et en ont blessé 111 autres. Un hôpital de la ville a également subi une attaque au mortier qui a fait de nombreuses victimes civiles. 

Le 9 août, le bombardement d’un marché a frappé un bus transportant des écoliers, faisant 46 morts et 100 blessés. Ce sont pour la plupart des garçons de moins de 13 ans qui y ont trouvé la mort. Puis, toujours en août, au moins 22 enfants et quatre femmes ont perdu la vie dans un raid aérien alors qu’ils fuyaient une attaque survenue la veille. 

Lecture macabre, les rapports de suivi de l’impact sur les civils établis par l’ONU recensent de nombreuses autres attaques : 16 pêcheurs tués et quatre disparus à la suite d’une frappe aérienne, une femme tuée par un tir isolé, deux enfants victimes de bombes à fragmentation, mais aussi des écoles, des habitations, des exploitations agricoles et de nombreux autres exemples de familles innocentes qui ont été frappées. 

Il semble n’y avoir aucun répit : les combats se poursuivent au sud de Hodeïda, se concentrant désormais dans la ville d’Ad-Durayhimi. Les combats se déroulent dans des quartiers résidentiels de la ville, les frappes aériennes ajoutent aux violences, le nombre des victimes civiles ne cesse d’augmenter et des personnes se retrouvent bloquées, dans l’impossibilité de fuir ni d’obtenir une assistance médicale. 

L’aide des organisations humanitaires est entravée par les combats et les routes bloquées. Les dégâts infligés aux infrastructures d’eau et d’assainissement à Hodeïda et dans d’autres régions du pays privent des milliers de personnes de tout accès à l’eau, ce qui accroît le risque d’une troisième vague de choléra. Si les combats touchent principalement Hodeïda, ils sont également signalés dans d’autres parties du pays, dont les villes de Lahj, Al-Baïda, Saada, Hajjah et Taëz. 

Toutes les parties belligérantes ont violé et continuent de violer les règles internationales du droit de la guerre. Au total, l’ONU a recensé 17 062 victimes civiles entre le 26 mars 2015 et le 9 août 2018. La majorité de ces victimes, à savoir 10 471, étaient le fait de frappes aériennes de la coalition sous conduite saoudienne. 

Dans le même temps, les houthis et d’autres groupes armés maintiennent leur étau sur Taëz et d’autres zones où les combats de rue et l’utilisation de mines font des morts et des blessés parmi les civils et dont l’inaccessibilité privent la population d’assistance humanitaire. 

« Le Yémen est au bord de l’effondrement, poursuit Muhsin Siddiquey. Les combats doivent cesser et le pays reprendre la voie de la paix. On peut se réjouir des pourparlers qui s’ouvrent à Genève cette semaine. Mais le bain de sang doit cesser de toute urgence. » 

Notes aux rédactions

Les chiffres rassemblés par l’organe des Nations unies chargé du suivi de l’impact sur les civils proviennent de sources publiques et n’ont pas été vérifiés. Ils sont recueillis quotidiennement et communiqués aux agences des Nations unies et aux ONG. 

Une récente évaluation du Programme des Nations unies pour le développement a montré que les conditions de vie de la population se sont détériorées à travers le pays au cours des trois dernières années de conflit : les Yéménites s’enfoncent dans la pauvreté, beaucoup ont perdu leur source de revenus et dépendent désormais d’emplois temporaires ou de l’aide humanitaire. Ils n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins alimentaires et ont du mal à accéder à l’eau, à la santé et à l’éducation. 

Le rapport publié la semaine dernière par le groupe d’experts de l’ONU révèle un ensemble de violations du droit international et de potentiels crimes de guerre commis à l’encontre des civils par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ainsi que par les houthis, au cours des trois dernières années, en ce compris un blocus aérien et naval, des attaques sur des quartiers résidentiels, des écoles et des établissements médicaux et encore des arrestations arbitraires.

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Sarah Grainger | Tel: +44 1865 472 089 | Cell: +44 781 018 1514 | sgrainger1@oxfam.org.uk 

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