Réaction d’Oxfam au rapport du groupe de travail III du GIEC sur l’atténuation des changements climatiques

Publié: 4th avril 2022


En réponse au rapport sur l’atténuation des changements climatiques publié aujourd’hui par le groupe de travail III du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), Nafkote Dabi, responsable de la politique climatique d’Oxfam, déclare : 

« Le rapport du GIEC est catégorique : la vérité sur le réchauffement climatique est triste et brutale. Si des initiatives de grande envergure ne sont pas prises d’urgence, les conséquences – déjà visibles – seront dramatiques pour les populations : augmentation de la faim, maladies, effondrements économiques, migrations de masse et vagues de chaleurs insupportables. Il ne s’agit plus de lever le pied de l’accélérateur, mais de donner un grand coup de frein. Le réchauffement de la planète est la première urgence de l’humanité.

Le non-respect de l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1.5 °C entraînera de terribles conséquences qu’aucune mesure d’atténuation ne saurait compenser. Il y va de notre survie. Cet objectif reste à notre portée mais nécessite des changements radicaux. Après une baisse en 2020, les émissions de carbone qui alimentent les changements climatiques sont reparties à la hausse pour revenir au niveau d’avant la pandémie. Nous devons réduire drastiquement l’utilisation des combustibles fossiles pour atteindre nos objectifs, ce qui implique une transition radicale vers les énergies renouvelables et durables. Les pressions récentes visant à augmenter la production de pétrole, de gaz et de chardon, à revenir sur les mesures climatiques, voire à retarder l’objectif de neutralité carbone en raison de la crise en Ukraine relèvent de l’inconscience et dénotent un manque total de vision à long terme. 

Les changements climatiques entraînent des événements météorologiques extrêmes dont le bilan ne cesse de s’alourdir. Mais les conséquences ne sont pas les mêmes pour tou·te·s. Les personnes pauvres sont le plus durement et le plus rapidement touchées. Au Kenya, en Éthiopie et en Somalie, des agriculteurs/trices ont perdu des récoltes et des troupeaux entiers en raison d’une sécheresse particulièrement longue et sévère. En Afrique de l’Est, des millions de personnes sont au bord de la crise alimentaire. Pendant ce temps, les ultra-riches, dont l’empreinte carbone est considérable, font tourner la climatisation dans leurs mégayachts.

L’autre grande conclusion de ce rapport est que chaque initiative visant à réduire les émissions de carbone compte et que chaque fraction de degré est importante. D’après les estimations actuelles, le monde se dirige vers un réchauffement à 2.7 °C. Cette augmentation signe un arrêt de mort pour les pays vulnérables aux changements climatiques, comme le Vanuatu et le Bangladesh. Les pays riches sont très majoritairement responsables de la crise climatique. Ils doivent à la fois réduire leurs émissions de carbone au niveau national et aider les pays en développement à prendre en charge les coûts de replantation et de reconstruction, tout en remplaçant les énergies polluantes par des combustibles plus propres à faible émission de carbone.

Ce rapport monumental est alarmant, mais il n'est pas surprenant. Cela fait des décennies que le GIEC et les scientifiques tentent d’avertir les États. Notre avenir dépend des décisions que nous prenons aujourd’hui. Nous n’avons plus de temps à perdre. Nous devons freiner maintenant les émissions de carbone si nous voulons éviter la récurrence et la multiplication des catastrophes climatiques, année après année. »
 

Notes aux rédactions

Des photographies et vidéos d’Afrique de l’Est peuvent être téléchargées. Près de 28 millions de personnes risquent la faim extrême en Afrique de l’Est.

Sans une action climatique ambitieuse, les économies du G7 pourraient se contracter de 8,5 % par an d’ici 2050, (soit une réduction totale de 4 800 milliards de dollars), affirme Oxfam. Pour les pays à faible revenu, les conséquences des changements climatiques pourraient être bien plus graves.

En réponse à la crise en Ukraine, le Canada déclare qu'il pourrait augmenter ses exportations annuelles de pétrole et de gaz jusqu'à 300 000 barils par jour, tandis que l'Italie envisage de rouvrir des centrales de charbon et que l'Allemagne se dispose à créer de nouvelles réserves de charbon pour l'électricité. L'administration américaine demande aux producteurs nationaux de pétrole et de gaz d'augmenter leur production, et la Norvège prévoit d'accorder de nouvelles autorisations pour l'exploration gazière et pétrolière dans l'Arctique. Au Royaume-Uni, l’objectif « zéro émissions carbone » du gouvernement fait l’objet de critiques. 

Les engagements climatiques pour 2030, notamment les nouvelles CDN (contributions déterminées au niveau national) et les contributions actualisées, prévoient une réduction des émissions de seulement 7,5 %, bien loin des 30 % nécessaires pour limiter la hausse des températures moyennes mondiales à 2 °C, et des 55 % requis pour un réchauffement à 1,5 °C. 

Les 1 % les plus riches sont responsables d'une augmentation de 15 % des émissions de carbone entre 1990 et 2015. Ils ont émis plus de carbone que l’ensemble de l'Union européenne et sont responsables de deux fois plus d’émissions que la moitié la plus pauvre de l’humanité (7 %). Les 10 % les plus riches sont responsables de plus de la moitié (52 %) des émissions de la période. Pour en savoir plus, téléchargez le rapport d’Oxfam intitulé « Combattre les inégalités des émissions de CO2 ».

D’après Boat International, l’industrie des super-yachts s'est largement remise de la pandémie de COVID-19, elle enregistre une augmentation régulière des commandes pour la troisième année consécutive. Le registre mondial des commandes pour 2022 compte 1 024 projets en cours de construction ou en commande, ce qui représente une hausse de 24,7 % par rapport aux 821 projets de l’année précédente.

En 2015, les pays du Nord étaient responsables de 92 % des émissions excédentaires de carbone et de 92 % des dérèglements climatiques, contrairement à la plupart des pays du Sud qui n’avaient pas dépassé leurs quotas. 

Les émissions de CO2 des 1 % les plus riches parties pour être 30 fois plus élevées en 2030 que le niveau requis pour limiter le réchauffement à 1,5 °C. Téléchargez l’étude « Les inégalités des émissions en 2030 » pour en savoir plus.
 

Contact

Annie Thériault au Pérou | annie.theriault@oxfam.org | +51 936 307 990
Matt Grainger au Royaume-Uni | matt.grainger@oxfam.org | +004-07730680837

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